Il existe des solutions dissuasives au blocage des réseaux 3G et 4G, rappelle Omar Ali-Yahia, expert en TIC et general manager de Fill-It selon qui, il ne faut pas dramatiser la situation car les fuites généralisées des sujets qui a eu lieu en 2016 ne s’est pas reproduite.
Pour le troisième jour des épreuves du baccalauréat, les réseaux sociaux algériens sont bloqués. Une mesure prise par le ministère de l’Education nationale dans l’espoir d’éviter une fuite généralisée des sujets des examens.
La ministre, Nouria Benghebrit, avait déclaré qu’il n’y aura pas de coupure de l’Internet et que toutes les mesures avaient été prises pour éviter le scandale de l’an dernier mais dès le premier jour des épreuves, un quart d’heure après la distribution des sujets, celui-ci était déjà sur Facebook ! Comment cela a-t-il pu arriver ?
Une solution « utopique » avait été annoncée par la ministre de l’Education nationale Nouria Benghebrit, l’installation des brouilleurs de portables et de caméras de surveillance à l’intérieur des salles d’examens. Cette solution n’a pas réglé le problème. Qui a autorisé l’introduction de téléphones portables dans les salles d’examen ? Peut-on parler de complicité des enseignants-surveillants ? Les établissements ont reçu « des instructions pour demander gentiment et poliment aux élèves, avant le début de l’examen, de mettre les portables sur le bureau », a témoigné un enseignant surveillant dans la wilaya de Sétif.
Un expert : « Les solutions pratiques et non coûteuses ne manquent pas »
Devant l’échec de ces mesures préventives et la victoire des fraudeurs dans cette première bataille, la première mesure prise a été une interruption immédiate de l’accès aux réseaux sociaux via les réseaux 3G et 4G. Pourtant des solutions pratiques pour faire face ou, pour le moins, diminuer l’ampleur de la fraude aux examens du Bac, ne manquent pas, assurent des spécialistes.
Pour Omar Ali-Yahia, expert en TIC et general manager de Fill-It, le ministère de l’Education aurait pu, « dans un premier temps, passer à des solutions dissuasives puis faire un travail de fond sur ce sujet ». Quelles sont ces solutions : « La première est mettre des scanners portatifs pour détecter toute présence de téléphones mobiles et de les confisquer à l’entrée de l’établissement. Une chose que beaucoup d’organismes appliquent, sachant que les forces de l’ordre sont présentes dans tous les établissements, qu’elles sont équipées de scanners mobiles et que les écoles ont leurs propres gardiens. Cette solution ne coûtera rien du tout point de vu budgétaire. »
La seconde mesure proposée par Omar Ali-Yahia est d’identifier qui fait sortir les sujets. Les fraudeurs, explique-t-il, utilisent un appareil photo et il suffit d’identifier chaque sujet en arrière plan avec le numéro du candidat. Ainsi, « si le candidat photographie le sujet, il y aura dessus son numéro qui permettra une identification immédiate ».
« La situation n’est pas assez dramatique qu’en 2016 »
Pour ce qui est des mesures à long terme cet expert pense qu’il faudrait sensibiliser les élèves dès leur jeune âge, afin qu’ils puissent être convaincus que la triche ne leurs apportera rien, bien au contraire : « C’est un travail éducatif de fond afin que les candidats au bac se surveillent eux-mêmes. »
Omar Ali-Yahia invite, toutefois, à ne pas dramatiser la situation, rappelant que les sujets du baccalauréat 2017 ont été bien sécurisés et qu’aucun n’a été fuité avant le déroulement des examens, et ce, grâce à de nouvelles mesures comme « la réduction du nombre de centres où sont gardés les sujets des épreuves et à la réhabilitation du siège régional de l’Office national des examens et concours à Alger ».
« La coupure d’internet pénalise toutes les entreprises »
Interrogé à propos de l’impact de la coupure de la connexion 3G et 4G sur le fonctionnement des entreprises durant la période des épreuves du Bac, Omar Ali-Yahya a précisé qu’aujourd’hui, « toutes les entreprises travaillent avec internet » et que « l’internet en mobilité est beaucoup plus utilisé que l’internet fixe car les entreprises se sont modernisées et ont autant de gestion à l’extérieur qu’à l’intérieur ». Et d’expliquer : « Un commercial qui n’a pas internet sur sa tablette ne peut pas faire sa distribution quotidienne car sur sa tablette il a un logiciel connecté à l’entreprise pour pouvoir toujours connaître son stock disponible et réserver les quotas de commandes de ses clients. Si ce commercial démarche 20 clients par jour et que chacun lui achète pour 500.000 dinars, son entreprise perd un chiffre d’affaire de 20 millions de dinars par jour et lui perd ses commissions ! »