De quoi Abdelmadjid Tebboune est-il le nom ? D’un changement sans conséquence pour marquer l’après-législatives en Algérie ou d’une option en faveur d’une gestion administrative plus forte du commerce extérieur ?
Les pronostics des « zaouias médiatiques », selon la formule du chroniqueur Abed Charef, ne se confirment pas. Chakib Khelil ne sera pas Premier ministre. On ne sait pas encore s’il sera ministre. L’avènement de Abdelmadjid Tebboune n’est en tout cas pas un signal de mouvement mais bien d’immobilisme.
Survenant au lendemain de l’élection de Said Bouhadja (79 ans) à la tête de l’assemblée populaire nationale (APN) l’arrivée de Tebboune (72 ans) à la tête du gouvernement ne fait qu’accentuer le déphasage entre un pays jeune et une direction de gérontes.
A la question de quoi Tebboune est-il le nom, on peut donc déjà répondre qu’elle n’est pas celle du rajeunissement avec un homme qui a commencé sa carrière en tant qu’administrateur stagiaire en 1969. Ministre de l’habitat, assurant un « suivi » très régulier du chantier « sensible » de la grande mosquée d’Alger, Abdelmadjid Tebboune assurait également la fonction de ministre du commerce par intérim à la suite du décès de Bakhti Belaïb.
Monsieur quotas
C’est dans cette fonction – et à l’heure où le leitmotiv est de réduire les importations pour cause du chute drastique des recettes pétrolières – se singularisera fin mars par des mesures de contingentement qui sèment la panique chez les opérateurs.
Des formulaires avaient été mis en ligne sur le site du ministère du commerce et mis à la disposition des importateurs dans les administrations locales pour les inviter à se porter candidat à l’importation de tel ou tel produit.
La mesure avait été rapidement décriée chez les opérateurs et suscité des commentaires sarcastiques chez les économistes. Mais quatre jours plus tard, le dimanche 26 mars, sans aucune explication sérieuse, les banques étaient de nouveau autorisées, à enregistrer des opérations d’importation, ce qui constituait un véritable camouflet pour Tebboune. Mais qui, de toute évidence, ne nuit pas à sa « carrière ».
L’affaire était en tout cas révélatrice de la cacophonie, sur fond de panique, au sein du gouvernement sur la manière de gérer la chute drastique des recettes pétrolières. La question se pose désormais de savoir si sa désignation est une simple mesure politique- sans conséquence – destinées à marquer l’après des législatives.
S’agit-il au contraire d’une option en matière de gestion de la politique économique avec un arbitrage en faveur d’un partisan de la gestion administrative à l’ancienne du commerce extérieur ? Il faudra sans doute attendre la composition du gouvernement pour tirer des conclusions.