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Algérie-Grande Bretagne : Quelles perspectives pour le Forum d’affaires (contribution)

Par Maghreb Émergent
mai 20, 2016
Algérie-Grande Bretagne : Quelles perspectives pour le  Forum d’affaires (contribution)

Le 2ème forum algéro-britannique sur le commerce et l’investissement est prévu le 22 mai à Alger. Car il s‘agit d’éviter de l’activisme sans résultats palpables, posant la problématique suivante: ce forum d’affaires  Algérie-Grande Bretagne permettra t-il une coopération avantageuse axée le transfert technologique et managérial condition de la mise en place d’une économie diversifiée en Algérie, devant éviter la culture bureaucratique algérienne du passé, la mise en œuvre d’affaires ne dépendant pas des Ministres mais de réseaux décentralisés ?

L’on doit pour une appréciation objective replacer chaque pays au niveau de son poids réel au sein de l’économie mondiale. La population algérienne est d’environ 40 millions d’habitants avec un PIB tournant autour de 200 milliards de dollars ( en baisse en 2016 selon le FMI) dont directement et indirectement 80% irrigué par les hydrocarbures. La Grande-Bretagne avec 64 millions, a un produit intérieur brut PIB (2014) de 2231,5 milliards euros en 2014, un PIB par habitant de 34.579 euros (agriculture : 0,7 %- industrie : 21,6%- services : 76,9 %), un taux de croissance de 2,6%, un taux de chômage de 5,8% mais avec un taux  pour les jeunes de 20%, la Grande Bretagne est la 5ème économie mondiale avec une exportation  de 407,4 et une importation de 493,8 milliards euros. Pour 2015, le déficit public est estimé à  3,9 % et le ratio de dette nette baisserait dès 2015-16, à 82,5 % du PIB (87,1 % pour la dette brute au sens de Maastricht). Ses principaux clients sont : Suisse (12,8%) Etats-Unis (10,6%), Allemagne (8,2%), Pays-Bas (6,9%), France (5,8%), Irlande (5,2%) et ses principaux fournisseurs : Allemagne (13,2%), Chine (8,3%), Pays-Bas (8,1%), Etats-Unis (7,0%), France (5,7%), Belgique (4,7%). Selon des documents du gouvernement britannique, le pays est confronté à un défi énergétique sans précédent : fermeture d’ici 2020 d’un quart de ses capacités de production d’électricité; mix énergétique dominé par les énergies fossiles; engagement ambitieux en matière de réductions de CO2 (-34%/2020 et 80% d’ici 2050). Il s’engage à remplacer d’ici 2025 l’ensemble de sa production au charbon (29% du mix électrique en 2014), en construisant de nouvelles centrales au gaz, dont l’approvisionnement dépendra du développement du gaz de schiste et de la production en mer du Nord ainsi qu’avec  l’arrivée progressive à compter de 2025 d’un parc de centrales nucléaires, la première, à Hinkley Point, devant regrouper deux EPR de 3ème génération construits par EDF Energy. Notons enfin que retrait de l’Union européenne « Brexit » pourrait coûter 100 milliards de livres à l’économie quelque 950.000 emplois, ce qui signifie que le taux de chômage en 2020 serait de 2% à 3% plus élevé que si le pays restait dans l’UE, selon  Carolyn Fairbairn, directrice générale de la CBI.

Concernant l’année 2015, selon les statistiques publiées par le CNIS l’Espagne était le principal client de l’Algérie, avec 6,56 milliards de dollars (mds usd), suivie de l’Italie (6,16 mds usd), la France (4,92 mds usd), la Grande-Bretagne (2,88 mds usd), les Pays-Bas (2,28 mds usd) et la Turquie (2,07 mds usd). Les principaux fournisseurs de l’Algérie, la Chine occupe la première place pour la troisième année d’affilée, avec (8,22 mds usd), suivie de la France (5,42 mds usd), de l’Italie (4,82 mds usd), de l’Espagne (3,93 mds usd), de l’Allemagne (3,38 mds usd) et des Etats-Unis (2,71 mds usd). Selon les statistiques officielles, Ces chiffres dévoilent également que 63,49% des importations de l’Algérie proviennent des pays de l’OCDE qui sont également la destination des 82,64% des exportations algériennes. Les membres de l’Union européenne sont les principaux partenaires commerciaux de l’Algérie qui y importe à hauteur de 49,21% de ses produits et y exporte 68,28% des biens qu’elle produit dominées par les hydrocarbures. Les échanges avec les pays du Maghreb (UMA) restent très marginaux ayant connu un recul de 40% en 2015, passant à 2,28 mds usd contre 3,8 mds usd en 2014 et les échanges avec les pays arabes ont baissé de 2,68% à 2,54 mds usd contre 2,61 mds usd. Quant aux échanges avec l’Afrique elles sont marginales.

Les échanges commerciaux étaient relativement modestes, ayant atteint, en 2010, 2 milliards de dollars, dont 1,260 milliard d’exportations algériennes et 771 millions de dollars d’importations, mais elles ont fortement progressé entre 2012/2014. En 2015, selon le CNIS à l’importation pour les échanges algéro-britanniques, nous avons 903 millions de dollars représentant 1,75% et à l’exportation 2.883 millions de dollars soit 3,8 milliards de dollars contre 2,5 milliards de dollars en 2012. Aussi,   reconnaissons que la coopération algéro-britannique a connu un réel essor depuis la nomination de lord Risby, envoyé spécial du Premier ministre britannique pour le partenariat économique avec l’Algérie, qui a exploré bon nombre d’opportunités d’affaires en Algérie. Le Royaume-Uni est présent dans le secteur traditionnel des hydrocarbures, notamment à travers BP, Shell et BG, mais également dans d’autres domaines tels que l’éducation (Linguaphone), les infrastructures (Biwater), les industries pharmaceutiques (GSK), les produits à la consommation (Unilever), les services financiers (HSBC), ainsi que le transport (BA). Sans oublier les récents contrats signés avec Hospital Group pour la construction d’un CHU à Tlemcen de 500 lits. Petrofac a obtenu un contrat de 970 millions de dollars étant une association entre Sonatrach (40%), l’espagnol Repsol (29,25%), l’allemand RWE (19,5%) et l’italien Edison (11,25%), pour la construction d’une usine de traitement de gaz au Sud.

En résumé, qu’exportera l’Algérie en dehors des hydrocarbures et a-t-elle les compétences managériales et technologiques pour impulser en Grande Bretagne des segments hors rente dans le cadre des valeurs internationales. Les Anglais étant pragmatiques, qu’attend l’Algérie concrètement de la Grande Bretagne, supposant la débureaucratisation et une visibilité et cohérence dans la politique socio-économique, devant éviter la culture bureaucratique algérienne du passé, la mise en œuvre  d’affaires ne dépendant pas  des Ministres mais de réseaux décentralisés ? Espérons que ces différentes rencontres  dynamiseront un partenariat gagnant-gagnant permettant surtout le transfert technologique et managérial, la bonne gouvernance et l’économie de la connaissance étant le fondement de tout processus de développement faible afin de densifier le tissu productif algérien. Tout en n’oubliant jamais que toute entreprise privée locale ou internationale est guidée par la seule logique du profit, d’où l’importance de l’Etat régulateur stratégique, qui doit lever les contraintes à la mise en œuvre d’affaires saines créatrice de valeur ajoutée. Les réformes structurelles ne peuvent être le fait d’étrangers mais de la seule volonté politique interne si l’on veut réaliser cette transition d’une économie de rente en déperdition, à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.

*Professeur des Universités, expert international
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