Les souscripteurs AADL payeront 23% plus cher leur appartement, selon le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune. Il s’avère que l’augmentation telle que décidée va profiter uniquement aux banques.
L’annonce par la presse d’une augmentation de 23% des prix des logements AADL pour les souscripteurs de 2013 a allumé le feu sur Facebook. Les souscripteurs ont réagi en masse sur ce réseau social criant au scandale et rappelant que le ministère avait promis maintes fois que le programme AADL ne sera pas touché par la crise financière que connait l’Algérie.
Un autre souscripteur rappelle que « le contrat initial lors de la souscription électronique avait précisé le prix de cession, et le changer aujourd’hui est une arnaque ». Une autre catégorie de Facebooker propose même la mise en place d’une indemnité pour les souscripteurs de 2013 en cas de désistement de cette formule publique suite à ladite augmentation du prix.
Cette nouvelle disposition n’a pas plu aux souscripteurs de 2013 qui trouvent le procédé abusif. Mais l’Etat gagne-t-il vraiment en adoptant cette nouvelle mesure ?
Une disposition inutile pour le Trésor public
Il est proposé donc une hausse du prix de vente des logements AADL 2, de l’ordre de 23%, soit l’équivalent de 48,3 millions de centimes en plus pour un appartement F3 et de 62,1 millions de centimes pour les appartements de type F4. Cette augmentation qui sera payée à travers une hausse des mensualités payées sur la durée de la location qui est actuellement de 25 ans, fera perdre à l’Etat au moins 85% du montant de l’augmentation décidée.
En effet, dans le cadre du programme AADL 2, l’Agence d’Amélioration et du Développement du Logement pour couvrir le coût de réalisation du logement, souscrit en plus de l’apport personnel du bénéficiaire, à un prêt bancaire dont les intérêts (5,5%) sont bonifiés par le Trésor public, soit un prêt de 1,575 millions de dinars pour un F3 et 2,025 millions de dinars pour un F4. L’intérêt généré par ce crédit bancaire sur les 25 ans de location et qui est pris en charge par le Trésor, est de l’ordre de 1,33 millions dinars pour un F3 et 1,71 Millions de dinars pour un F4.
En augmentant le montant du prix de cette manière et par conséquent, du crédit bancaire contracté par l’AADL de 23%, les intérêts engendrés par cette hausse augmenteront de 409.000 DA (40,9 millions de centimes) pour un F3 et 525.000 DA (52,5 millions de centimes) pour un F4, payés par l’Etat pour le compte des banques.
Ce qui veut dire que sur les 483.000 DA (48,3 millions de centimes d’augmentation payés par le souscripteur pour un F3, pas moins de 409.000 DA (40,9 millions centimes) iront aux banque sous forme de bonification et seulement 15% de ce montant ira au Trésor public, soit 74.000 DA par appartement. Le cas des F4 est aussi parlant parce que sur les 621000 DA (62,1 millions) d’augmentation prévue, seulement 95.000 dinars iront aux caisses de l’Etat, soit 15% seulement de l’augmentation décidée.
Il est évident que l’augmentation des prix des logements AADL 2 telle que décidée, n’est bénéfique ni à l’Etat ni au souscripteur, elle profite uniquement aux banques. Les souscripteurs payeront 23% plus cher leur appartement et l’Etat ne va pas tirer profit de cette augmentation.
(*) Lotfi RAMDANI, Fondateur du site immobilier Lkeria.com
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