Alors qu’elle souffre d’un déficit de 45 milliards de dinars dû essentiellement à des créances impayées, l’Etat prive l’Algérienne des Eaux (ADE) des subventions qui lui sont théoriquement imparties.
L’Etat algérien fait preuve d’une flagrante discrimination en matière de subvention de l’eau. Discrimination entre la capitale et le reste des régions du pays. En effet, les subventions destinées à l’ADE qui gère l’eau dans 35 wilayas et couvre 85% de la population sont versées, dans le meilleur des cas, à hauteur de 15% tandis que celles destinées à la SEAAL, filiale de l’ADE gérée par l’entreprise française Suez Environnement et qui gère l’eau à Alger et Tipaza uniquement sont versées à 100% depuis sa création en 2006. « Le coût de revient de 1 m3 d’eau se situe entre 58 et 60 dinars. Il est facturé à 18 dinars. La partie non facturée qui est de 40 ou de 42 dinars le 1 m3 est subventionnée par l’Etat. Mais jamais ses subventions n’ont été effectivement versées par l’Etat à l’ADE en totalité. A peine 15% de ces subventions sont versés, ce qui crée un déficit de 80% dans le budget de l’ADE, » nous a confié une source très sûre en précisant que « la SEAAL, qui gère la ressource en eau à Alger et Tipaza reçoit la totalité des subventions qui lui sont imparties».
« 45 milliards de dinars de créances »
Cette situation financière se répercute lourdement sur le rendement de l’ADE d’autant plus qu’elle se conjugue avec nombre d’autres difficultés, ajoute notre source. Pour assurer un service public de qualité, il faut des moyens. L’ADE a des charges fixes : les salaires, la facture énergétique et les produits de traitement de la qualité de l’eau. La masse salariale annuelle de l’ADE représente 24 milliards de dinars. Pour la facture d’énergie, elle est de 7 milliards de dinars par an. Les produits de traitement de l’eau coûtent 2 milliards de dinars annuellement. Mais pas seulement. L’ADE a aussi des charges variables, notamment pour la maintenance curative et préventive, l’intervention pour la réparation des fuites. « Pour faire face à toutes ces charges, il faut des ressources financières qui ne peuvent provenir que de la facturation de l’eau. Or, l’eau est facturé deux fois moins cher que son coût de revient et la différence, censée être couverte par les subventions étatiques, ne l’a jamais été, ce qui entraine un déficit annuel moyens de 9 milliards de dinars », explique-t-on. Toutefois, en plus de ce déficit, l’ADE enregistre 45 milliards de dinars de créances auprès de ses clients dont 29 milliards de dinars sont détenus sur les ménages et 15 milliards de dinars sur les administrations, les wilayas, les communes, etc. « L’ADE est structurellement déficitaire. Elle n’a pas les moyens d’intervention. Par conséquent, il faut mutualiser le peu qu’elle en a, ce qui entraine des retards et impacte la qualité du rendement », affirme-t-on.