Comme il était attendu, la commission d’enquête diligentée par le Premier ministre à l’usine Hyundai de Tiaret a rendu des conclusions favorables au projet d’ « usine tournevis » de Tahkout.
La commission d’enquête dépêchée récemment par le Premier ministre Abdelmalek Sellal à l’usine de fabrication de véhicules de marque Hyundai de Mahieddine Tahkout a rendu ses conclusions. Elles « confirment » que Tahkout Manufacturing Compagny (TMC) « respectait le cahier des charges relatif à l’investissement dans ce domaine », a indiqué hier le Premier ministre dans son allocution lors d’une réunion avec les représentants de la société civile à la fin de sa visite à El Oued.
Mahieddine Tahkout était sur la sellette dès la publication sur Facebook de photos montrant des voitures importées totalement assemblées, excepté les roues qui ont été démontées. De forts soupçons pesaient sur son investissement dans l’usine de montage de Tiaret montée en quelques mois et qui ne serait qu’une manière d’importer des véhicules hors régime de quota instauré par le ministère du Commerce et bénéficier des exonérations fiscales et parafiscales, au titre d’importation de collections SKD.
Tahkout qui a ouvert les hangars de l’usine à la presse n’a pas calmé l’opinion publique, mais renforcé les soupçons sur un investissement « bidon », à travers des images de travailleurs s’affairant au montage de pièces avec des moyens dérisoires.
Il faut dire que si la commission d’enquête a « réhabilité » Mahieddine Tahkout, c’est que le cahier des charges du ministère de l’Industrie et des mines ne le contraignait nullement à un taux d’intégration précis au démarrage de l’usine. Le cas Tahkout n’est en fait que la traduction sur le terrain d’un cahier des charges bâclé qui trahit l’absence d’une volonté politique pour l’installation d’une réelle industrie automobile en Algérie.
Le taux d’intégration en question
Le cahier des charges de 17 articles portant condition et modalités d’exercice de l’activité de production et de montage de véhicules est flou sur plein de questions. Sur le taux d’intégration durant les deux premières années il reste totalement ambigu. Il est juste mentionné que l’investisseur doit fournir (dans le dossier à déposer au niveau du ministère de l’Industrie et des mines) un « engagement pour lancer l’opération d’intégration après une durée qui ne peut excéder deux (2) années pour les véhicules et une année pour les motocycles, à compter de la phase d’entrée en exploitation ».
« Le taux d’intégration locale doit représenter au moins 40% à la cinquième année du démarrage de l’activité de production avec l’atteinte du taux minimum de 15% à la troisième année », précise l’article 10 dudit cahier des charges. Le cahier des charges prévoit en outre un bonus de 10% sur le taux d’intégration pour l’«adaptation, sur les véhicules produits, des moteurs, ponts et boîtes de vitesses de production nationale».
Notons qu’il est entendu par intégration locale, au sens du cahier des charges, « l’atteinte d’un taux minimum des activités réalisées en Algérie concourant à la production du produit final, soit en usine ou par la sous-traitance locale ». Même « les achats locaux sont comptabilisés en tant qu’intégration locale et concernent les matières, les pièces de premières monte, les composants fabriqués localement y compris ceux issus de la sous-traitance locale, la logistique et les prestations locales achetées », précise le document.
Le taux d’intégration est calculé comme suit : « coûts locaux (coûts de revient des pièces fabriquées par l’usine pour elle-même, salaires et formation) plus la valeur des achats locaux (pièces fabriquées localement, matière première quand elle n’est pas incluse dans les coûts locaux, logistique et prestation achetées) divisés par le total des coûts locaux, la valeur des achats locaux et la valeur des achats à l’importation »