Pour Dr Hadjseyd auteur du livre « L’industrie algérienne : Crise et tentative d’ajustement », restreindre les importations par la contrainte administrative en imposant des contingents et des licences ne peut qu’être « sources de corruption dans l’état actuel de désorganisation et de sous-qualification de notre administration économique » et serait « vraisemblablement contreproductif ».
Vouloir maîtriser les importations dans une conjoncture d’effondrement des fondamentaux de l’économie sans recourir aux barrières douanières et aux taxes intérieures pour protéger les entreprises et les consommateurs est voué à l’échec. C’est ce que pense l’économiste Mahrez Hadjseyd, dans une contribution parue ce dimanche dans le quotidien Le Soir d’Algérie. Pour lui, restreindre les importations par la contrainte administrative en imposant des contingents et des licences ne peut qu’être « sources de corruption dans l’état actuel de désorganisation et de sous-qualification de notre administration économique » et serait « vraisemblablement contreproductif ». L’auteur de la contribution estime que l’Algérie dispose « encore de 2 à 3 années » pour mettre en place un plan ambitieux pour rejoindre au moins le dernier wagon des pays émergents. « Il est temps, écrit-il, de mettre en place un plan «Emergence Algérie» qui ne soit pas un catalogue de projets mais qui traduira l’ambition d’une nation à s’inscrire dans la mondialisation et prendre toute sa place pour devenir un acteur actif à la hauteur de son riche potentiel économique et humain pour profiter pleinement de la prospérité générée par les flux du commerce et de la finance internationale ». Ce n’est que dans cette perspective, souligne-t-il encore, que l’adhésion à l’OMC et aux zones de libre-échange prendra du sens. « Autrement toute participation à ces cénacles ne sera que contrainte et désinvestissement ».
Une chute des prix du baril « parfaitement prévisible »
L’économiste est aussi revenu sur le contexte de baisse des cours du pétrole. Ainsi estime-t-il que la chute des prix n’est pas arrivée par surprise. « La chute des prix des hydrocarbures de 2014 (depuis juin 2014, le baril a perdu plus de la moitié de sa valeur, Ndlr) était parfaitement prévisible et attendue par la majorité des experts et intuitivement par une partie de la classe politique. Bien sûr qu’elle l’était puisque en 30 ans ce scénario s’est déjà renouvelé dans le passé par deux fois », analyse Dr Hadjseyd auteur du livre « L’industrie algérienne : Crise et tentative d’ajustement (L’Harmattan Paris 1996) ». D’après lui, la chute des prix des hydrocarbures met à chaque fois en lumière les vulnérabilités structurelles anciennes de l’Algérie qui est «une économie contrainte» dépendante entièrement du marché mondial aussi bien pour ses importations que pour ses exportations. L’Algérie est probablement le pays le moins bien préparé aux chocs pétroliers malgré leur survenance assez fréquente ces dernières années, car la stratégie des pouvoir publics, estime l’économiste, a consisté généralement à gouverner par la distribution «égalitaire» de la rente pétrolière pour justifier une certaine «paix sociale» et non de faire face au défi de la contrainte extérieure.