Les requêtes sont justifiées notamment par le caractère « illégal » de pénalités de retard payées par Saipem, des majorations de coûts et des retards de paiement des factures. Une affaire qui ne peut, cependant, faire oublier le scandale des pots-de-vin versés par la société italienne à des responsables algériens. La CIC devrait statuer sur ces requêtes en octobre prochain.
Selon le quotidien algérien El Watan, Saipem Contracting Algeria SPA et l’entreprise mère Saipem SPA ont déposé contre Sonatrach trois demandes d’arbitrage auprès de la Chambre de commerce internationale (CCI), dont le siège se trouve à Paris.
La première requête, explique le journal algérien francophone, remonte au 15 mai dernier et a pour objet de réclamer à Sonatrach 7.339.038 euros et 605.447.169 dinars plus les intérêts cumulés. Saipem la justifie par le fait que, de son point de vue, la pénalité de retard qui lui a été infligée à cause de la prolongation du délai de finalisation du projet de construction du gazoduc reliant Hassi R’mel à Arzew (LZ2) est une pénalité « illégale ».
Les Italiens de Saipem réclament également à la compagnie pétro-gazière algérienne la somme de 580 millions d’euros. Cette deuxième requête concerne, écrit El Watan, le contrat signé le 22 mars 2009 entre Sonatrach, First Calgary Petroleum LP et Saipem pour la construction d’une unité de traitement du gaz dans le champ MLE. Dans le cadre de cette même requête, 318,5 millions d’euros sont exigés au troisième partenaire du projet First Calgary Petroleum.
La troisième requête, enfin, porte sur une somme de 171,1 millions d’euros et est justifiée par la majoration des coûts et le retard de paiement des factures dans le cadre de la réalisation d’une usine pour l’extraction des liquides des gaz associés à Hassi Messaoud et de séparation d’huile (projet LPG) en vertu d’un contrat signé le 12 novembre 2008 entre Sonatrach et Saipem.
Renflouer les caisses vides de Saipem
Selon El Watan, qui précise que les audiences pour trancher sur ces requêtes se tiendront en octobre 2016, « la société italienne de services pétroliers est dans une très mauvaise passe » et cet argent serait pour elle « une bouffée d’oxygène ». Elle a enregistré, écrit-il, « des pertes évaluées à 920 millions d’euros durant le premier semestre de l’année en cours » et doit licencier un total de 8.800 employés d’ici à 2017.
Le journal algérien poursuit : « Même ses dirigeants se cachent derrière (…) la baisse du prix du pétrole, les soucis de Saipem ont véritablement commencé au lendemain du scandale des pots-de-vin versés aux responsables algériens ». C’est pourquoi, ajoute-t-il, « le service juridique de la compagnie a eu carte blanche pour récupérer des fonds partout dans le monde où cela lui serait possible ». Et de relever : « Il semble que Sonatrach, ayant prêté le flanc par une application pas très blindée de la clause des pénalités de retard et n’ayant pas négocié rigoureusement les possibles majorations des coûts des projets, sera la première victime. »
Sonatrach, observe encore El Watan, donne l’image d’une « vache à traire », qui « après avoir concédé, dans des conditions douteuses, plus de 11 milliards d’euros de marchés en trois ans (entre 2007 et 2011) pour un total de huit projets à la société italienne, n’a pas fini de payer les conséquences d’une gestion improvisée et désastreuse de ce dossier. »