Les réserves de change de l’Algérie dépassent toujours la barre des 100 milliards de dollars, a indiqué mercredi à Alger le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal. De quoi conforter les prévisions d’Abdelmalek Sellal. Mais, ainsi que le rappelle Reuters, les prévisionnistes des marchés pétroliers sont déroutés par la résilience et la dynamique de l’industrie du pétrole de schiste américain.
Depuis fin février 2017 et jusqu’à présent, les réserves de change sont toujours supérieures à 100 milliards de dollars, a-t-il affirmé lors de sa présentation du rapport sur les évolutions économiques et monétaires du pays de 2015 et 2016, en séance plénière du Conseil de la Nation présidée par M. Abdelkader Bensalah, président de cette institution parlementaire.
Ces réserves étaient de 144,13 milliards de dollars (mds usd) à fin 2015 et de 178,94 mds usd à fin 2014, a-t-il noté. Pour rappel, lors de sa présentation du même rapport de conjoncture à l’APN en janvier dernier, M. Loukal avait indiqué que les réserves de change avaient atteint 114,1 mds usd à fin décembre 2016 contre 121,9 milliards usd à fin septembre 2016.
Les projections « alarmistes » de la Banque mondiale
En mars dernier et à l’occasion de la réunion de la tripartite à Annaba, Abdelmalek Sellal avait indiqué que les réserves de change passeront en juillet prochain à 96 milliards avant de remonter vers la fin de l’année pour dépasser à nouveau les 100 milliards de dollars. Une petite inflexion de la part de Sellal qui déclarait en septembre 2016 que les réserves de change seront maintenues au-dessus de 100 milliards de dollars jusqu’en 2019.
« Certains croient que l’économie algérienne connaîtra des difficultés durant les prochaines années, mais nous avons étudié la situation et jusqu’à 2019, les réserves de change algériennes ne baisseront pas sous le seuil des 100 milliards de dollars » avait-t-il déclaré.
Fin juillet 2016, la Banque mondiale a fait sensation – suscité des polémiques – en relevant que la balance des paiements de l’Algérie serait déficitaire de 27 à 28 milliards de dollars jusqu’en 2019. Elle estimait que les réserves de change descendraient de manière sensible et ne dépasseraient pas les 60 milliards de dollars à fin 2018.
La Banque d’Algérie avait réagi à cette projection « alarmiste » de la Banque Mondiale (BM) en assurant qu’à fin 2018, les réserves de change resteront très « nettement supérieur » au chiffre avancé par l’institution mondiale.
« Le niveau des réserves à fin 2018 sera nettement supérieur à celui annoncé par la BM, notamment en raison des effets de la consolidation budgétaire et de l’impact de celle-ci sur les comptes extérieurs et corrélativement des réserves de change », a indiqué la Banque d’Algérie dans un communiqué.
Quid du baril?
La Banque d’Algérie qualifie l’estimation de 60 milliards de dollars avancée par le rapport de la Banque mondiale sur la région du Moyen Orient- Afrique du nord de « quelque peu alarmiste et ne reposant pas sur des hypothèses probantes ».
« A fin juin 2016, le niveau des réserves de change est estimé à près de 122 milliards de dollars » notait la Banque d’Algérie. Dire qu’ils seront à 60 milliards de dollars en 2018 signifie « qu’elles vont baisser de 62 milliards de dollars en deux ans, soit 31 milliards de dollars de déficit annuel moyen du solde global de la balance des paiements. Ce qui paraît totalement improbable ».
La barre des 100 milliards de dollars est maintenue encore mais tiendra-t-elle? Il faudra continuer à contingenter sévèrement les importations, au risque de bloquer l’activité économique. Il faudrait surtout un baril en hausse sensible, ce qui ne semble pas être certain en raison de la dynamique du pétrole de schiste américain qui limite rapidement l’impact des réductions de production OPEP et Non OPEP. Le poids de pétrole de schiste américain est tel, a relevé l’agence Reuters, que les prévisionnistes sont dépassés.
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