Seulement un tiers des quelque 500 exportateurs que compte le pays est assuré chez la Compagnie algérienne d’assurance et de garantie des exportations (CAGEX), a indiqué jeudi à Alger son P-dg Djilali Tariket.
« Le tiers des exportateurs algériens est assuré auprès de la Cagex, représentant des capitaux exportés de 12 à 15 milliards de DA », a-t-il déclaré à la Radio nationale.
L’assurance-crédit à l’exportation est une assurance de prévention facultative qui protège l’exportateur contre les risques commerciaux, politiques, de non transfert et des catastrophes qui peuvent être rencontrés dans le pays de l’acheteur.
Elle permet notamment d’éviter à l’exportateur des impayés de sa marchandise et lui assure ainsi des remboursements le cas échéant.
Selon M. Tariket, la Cagex a déjà remboursé aux exportateurs des impayés pour 150 à 200 millions de DA.
La prime d’assurance à payer par l’exportateur varie entre 0,35% et 0,45% de la valeur exportée, une prime » compétitive par rapport aux pays du sud », dira le responsable.
« C’est vrai que ce n’est pas une assurance obligatoire, mais pourquoi un manager d’une entreprise ne souscrit pas à une garantie qui évite à sa compagnie des risques de non paiement? », s’est-il interrogé.
D’ailleurs, cette garantie qu’offre la Cagex devrait pousser les pouvoirs publics à assouplir la législation régissant le rapatriement des devises en Algérie, selon lui.
« Pourquoi sanctionner l’exportateur qui ne rapatrie pas son ragent dans le délai légal, en le mettant en prison, lorsqu’il est assuré par la Cagex? dans ce cas, le rapatriement est assuré, et la Cagex, qui est profondément impliquée dans l’acte d’exportation, prend sa responsabilité pour recouvrer la créance à l’étranger par tous les moyens de droit, et elle sait très bien le faire aujourd’hui », a-t-il argué.
Il a rappelé que l’ordonnance 1996-22, relative à la répression de l’infraction à la réglementation des changes, donnait à la Banque d’Algérie et à la Direction générale des Douanes le pouvoir de constater les infractions pour non rapatriement des capitaux en cas d’exportation.
Quant au délai-plafond de rapatriement des recettes des exportations, qui sera éventuellement prolongé de six mois actuellement à une année, M. Tariket ne juge pas vraiment utile un tel allongement.
« Le problème n’est pas le délai car, à la demande de l’exportateur, la Cagex peut demander à la BA une prolongation de ce délai lorsqu’un marché important nécessite un rapatriement plus long », a-t-il précisé.
« La question n’est pas de revoir les délais de rapatriement mais d’assouplir la législation », soutient-il.
« Encourager les exportateurs à ouvrir des représentations à l’étranger«
D’autre part, M. Tariket qui reproche à l’Exécutif de ne pas associer sa compagnie d’assurance, forte d’une expérience de 20 ans, dans la réflexion autour de la promotion des exportations hors hydrocarbures en Algérie, estime que la faiblesse de ces dernières est également d’ordre organisationnel.
« Exporter c’est s’adresser à des marchés étrangers qui ont des exigences et des goûts parfois totalement différents du marché interne, il faut une organisation interne adaptée à l’exportation et une fine connaissance des marchés étrangers et c’est un travail de longue haleine », analyse-t-il.
Il faudrait pour ce faire, propose cet assureur public, encourager l’ouverture des représentations des entreprises algériennes à l’étranger pour les rapprocher des acheteurs et lui permettre de faire la promotion de leurs produits et de les faire écouler selon les lois du pays destinataire.
« Il suffit juste de faire quelques rues d’Alger pour voir le nombre des bureaux de liaison des sociétés étrangères qui veulent vendre leurs biens et services en Algérie, alors, qu’à l’étranger, vous ne trouverez presque pas d’enceintes de sociétés algériennes », a-t-il fait remarquer.
L’autorisation des exportateurs algériens à effectuer des transferts de devises à l’étranger en vue de leur permettre d’ouvrir leurs propres comptoirs d’exportation, est en cours de discussion entre un groupe de réflexion installé auprès du Premier ministre et la Banque d’Algérie.
Plus de 1.240 opérateurs, entre personnes physiques et morales, sont inscrits au Registre de Commerce en tant qu’exportateurs.
Les données sur le terrain montrent cependant que moins de 500 opérateurs exportent réellement en Algérie dont moins de 200 de façon régulière.
En 2015, les exportations hors hydrocarbures ont représenté 5,46% des exportations globales de l’Algérie, avec 2 milliards de dollars contre 2,6 milliards de dollars en 2014.