L’opérateur historique, Algérie Télécom, doit subir le contre coup de la coupure du réseau internet décidée par les pouvoirs publics: des pertes financières de pas moins de 100 millions de dinars pour une journée sans connexion, si l’on se réfère au bilan de la coupure du câble sous-marin de fibre optique Annaba-Marseille survenue en octobre 2015.
La décision du gouvernement d’imposer un black-out numérique, faute de pouvoir empêcher la «fuite» de sujets du bac en amont, a ébranlé tout le pays. Et en particulier le monde de l’entreprise. S’il est, pour le moment, difficile d’évaluer d’une façon précise les pertes engendrées par la «déconnexion» du pays du réseau Internet, puisqu’elles varient d’un secteur à un autre et du niveau d’usage de la connectivité dans les métiers de l’entreprise, il n’en demeure pas moins que l’impact est bien réel.
A commencer par le secteur des télécoms. Les trois opérateurs de téléphonie mobile (Djezzy, Mobilis, Ooredoo) qui commercialisent depuis fin 2013 des forfaits Internet mobiles, ont dû enregistrer des pertes sèches en termes de ventes de datas. Le fournisseur national d’Internet, Algérie Télécom, doit subir, lui, les plus gros dégâts, à savoir, des pertes financières de pas moins de 100 millions de dinars pour une journée sans connexion, si l’on se réfère au bilan de la coupure du câble sous-marin de fibre optique Annaba-Marseille en octobre 2015, établi par la ministre de Poste et des TIC, Mme Imane-Houda Feraoun. Cette dernière avait, alors, précisé que «les pertes financières en matière de connexion ont été estimées à 100 millions de DA par jour, soit 600 millions de DA pour les six jours de coupure!», sans parler du préjudice subi par les autres opérateurs économiques, à répertorier dans la case ‘’dommages collatéraux’’.
Les startups technologiques et les services
Ce préjudice peut être très important dans le cas, notamment, des startups technologiques et des entreprises spécialisées dans les services aux entreprises. Les secteurs les plus touchés sont les assurances et les banques ainsi que l’administration. En plus d’être une journée «chômée payée d’office» pour ces secteurs, il est aussi «source de perte de clients et de prospects», explique Ali Kahlane, Président l’Association algérienne des fournisseurs de services internet (AAFSI ).
Pour lui, les perturbations sur le réseau décidées en haut lieu, sans être une coupure assumée, ont bousculé les habitudes de travail des entreprises qui n’y étaient pas préparées. Selon M. Kahlane, le coût de cette coupure n’est pas à appréhender seulement sous l’angle des pertes financières subies par lesentreprises, mais aussi du point de vue de l’organisation du travail qui a bien évolué depuis l’avènement de l’internet.
«La quasi-majorité des entreprises travaillent avec la messagerie électronique. Elles ont appris à travailler avec Internet. Et ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut réapprendre à travailler à l’ancienne», a-t-il expliqué. Et même s’il s’agissait seulement de bloquer les réseaux sociaux, cela aurait un coût. Pour M. Kahlane, le service marketing de certaines entreprises est très actif sur Facebook notamment. Le bloquer signifierait aussi des pertes en termes d’impact et de visibilité.