Algérie : La finance islamique gagne du terrain (document OGB) - Maghreb Emergent

Algérie : La finance islamique gagne du terrain (document OGB)

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La décision de proposer des produits de finance islamique dans des banques publiques vise expressément à atteindre le grand nombre d’Algériens qui ne sont pas encore bancarisés.

 

La finance islamique gagne du terrain en Algérie : les six banques publiques du pays se sont engagées à lancer des services de finance islamique d’ici la fin de l’année et le gouvernement a annoncé le lancement d’un comité de conformité charia.

S’exprimant au parlement fin septembre, le nouveau Premier Ministre Ahmed Ouyahia a déclaré que trois banques publiques – la Banque de l’Agriculture et du Développement Rural, la Banque de Développement Local et la Caisse Nationale d’Epargne et de Prévoyance – lanceraient des services de finance islamique d’ici la fin de l’année et que quatre autres banques proposeraient également ces services à partir de 2018.
Parmi les nouveaux services proposés par les banques, on peut citer la murabaha (vente à prix coûtant majoré, alternative au crédit à la consommation), l’ijara (crédit-bail), et la musharaka (partenariats).
Afin de superviser la mise en place de ces nouvelles activités bancaires, le gouvernement compte également créer d’ici la fin de l’année un comité de conformité charia. Il s’agit là d’une avancée décisive pour le secteur de la finance islamique, qui ne disposait pas jusqu’à présent d’un cadre réglementaire spécifique.
La décision de proposer des produits de finance islamique dans des banques publiques vise expressément à atteindre le grand nombre d’Algériens qui ne sont pas encore bancarisés ; seuls 50% des adultes étaient titulaires d’un compte en banque en 2014, selon des chiffres publiés par la Banque Mondiale, certains choisissant de ne pas déposer leur argent dans des banques pour des raisons religieuses.
Si la stratégie du gouvernement porte ses fruits, cela pourrait avoir un impact considérable sur la clientèle de ces banques, qui dominent déjà très fortement le marché. Fin 2015, les six banques publiques se partageaient 88,3% de l’ensemble des dépôts, soit 8,1 milliards de dinars (60,1 millions d’euros).

Bientôt la première émission de sukuks

 Outre le développement des services bancaires islamiques, M. Ouyahia a également annoncé au Parlement que son gouvernement comptait introduire en bourse des produits d’épargne non-conventionnels par le biais de l’émission de son premier sukuk (obligation islamique).
Cette introduction, dont l’objectif est d’améliorer la liquidité des marchés en injectant plus de fonds et en attirant davantage d’investisseurs, figure au programme du gouvernement depuis déjà quelque temps. En février, les médias internationaux ont évoqué le lancement potentiel d’un emprunt obligataire national sans intérêts, que le gouvernement alors en place qualifiait de « participatif » dans l’espoir de susciter plus d’intérêt auprès de la population.
Hadji Baba Ammi, alors Ministre des Finances, a également proposé une mesure incitative pour les souscripteurs sous forme d’actions dans les projets que l’emprunt servira à financer. L’emprunt, dont le lancement était prévu pour avril, n’a toutefois jamais été introduit.

De nouveaux produits pour injecter des liquidités

Proposer aux investisseurs des produits différents sur les marchés constitue un élément essentiel de la stratégie du gouvernement qui vise à attirer davantage d’investissement dans l’économie algérienne, cette dernière ayant subi les conséquences d’une forte chute des recettes énergétiques depuis 2014 en raison de prix internationaux du pétrole en berne.
Le plan d’action cherche à « assurer le développement du marché des capitaux et de la Bourse afin d’offrir des alternatives aux financements des investissements et aux augmentations des capitaux ».
Atteignant une capitalisation totale de 43,6 milliards de dinars (323,8 millions d’euros) à la fin octobre, la Bourse algérienne est actuellement plus petite que celle de ses voisins marocain et tunisien, qui présentent respectivement une capitalisation de 625,7 milliards de dirhams (4,6 milliards d’euros) et de 21,3 milliards de dinars tunisiens (7,3 milliards d’euros).
Malgré des volumes de transaction et un nombre d’investisseurs relativement bas, les marchés connaissent un développement rapide et la capitalisation boursière s’est accrue de 195% depuis 2014, ce qui coïncide avec les efforts déployés par le gouvernement afin de compenser les recettes énergétiques en baisse. L’an dernier, en avril, l’Etat a lancé son premier emprunt obligataire depuis 2010, donnant au marché une nouvelle impulsion qui pourrait perdurer tout au long de l’année prochaine si le projet de lancement de sukuks se concrétise.
Il se pourrait également que le secteur bancaire accueille une participation privée accrue en 2018, le gouvernement ayant fait part de la possibilité d’une privatisation d’au moins une banque publique, si ce n’est plus, notamment à travers une cotation à la bourse d’Alger, assouplissant la restriction actuelle imposant une participation minoritaire de l’investisseur étranger.
Développer un secteur des services financiers qui se rapproche des standards internationaux est un des objectifs clés du gouvernement. En octobre, M. Abderrahmane Raouia, ministre des finances, a mené une délégation à Londres pour examiner les collaborations potentielles avec l’industrie des services financiers de la capitale britannique. Parmi les sujets abordés lors des échanges, la finance islamique a occupé une bonne place, mais aussi les obligations souveraines, les Partenariats Publics Privés (PPP) et la fintech (technologie financière).

Des bases solides pour la finance islamique

Bien qu’elles ne représentent qu’une petite partie du secteur bancaire algérien, les banques privées proposent déjà des produits bancaires compatibles avec la charia.
La banque Al Baraka est implantée en Algérie depuis 1991 tandis que le groupe français BNP Paribas offre des services compatibles avec la charia depuis 2014. Al Salam, Trust Bank et Gulf Bank Algeria offrent également des services compatibles avec la charia.
En juillet, une autre banque française – la Société Générale – a annoncé qu’elle envisageait de lancer des produits compatibles avec la charia au cours du deuxième semestre de l’année, proposant des systèmes de dépôt participatifs sans taux d’intérêt.

 

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