Pour le syndicat national des architectes agréées algériens (Synaa), les bureaux d’architectes sont menacés de disparition en grand nombre à cause de la crise mais également du fait d’un code des marchés publics « cadenassé » et d’une politique « suicidaire » des pouvoirs publics. Il y a péril en la demeure.
Quelques jours après l’annonce faite, sur Radio M, par Brahim Hasnaoui, P-DG du groupe éponyme sur le risque de disparition de la moitié des entreprises du BTP vers la fin de l’année, c’est au tour du Syndicat national des architectes agréés algériens (Synaa) de tirer la sonnette d’alarme.
Dans un communiqué, le Conseil national du syndicat parle de la situation difficile dans laquelle se trouve actuellement la plupart des structures d’études et qui font face au «spectre d’une cessation d’activité qui semble quasi-certaine à très brève échéance».
Une situation due au « recul drastique des investissements opéré par l’Etat depuis 2014 (et qui) a engendré « le gel » de la quasi-totalité du programme de réalisation des équipements publics ».
D’après le Synaa, seulement « 20% des architectes inscrits au tableau national de l’Ordre continuent à peine d’exercer ». Un chiffre appelé à baisser, selon le syndicat.
Le Conseil national « déplore le fait que les architectes aient encore à subir, avec une si grande brusquerie les cahots de la machine économique. N’arrivant pas à assurer une continuité à l’effort de développement dont le pays a grandement besoin, ceux qui veillent aux destinées de notre économie poussent des pans entiers de secteurs d’activités à une disette programmée ».
Un monde cadenassé par le code des marchés publics
Les rédacteurs du communiqué signalent, en outre, que « la plupart des architectes qui arrivent sur le marché du travail ne disposent pratiquement d’aucun levier pour pénétrer un monde en grande partie cadenassé par un code des marchés publics restrictif dont les dispositions sont pour la plupart inappropriées à la concurrence de la commande architecturale, et où même les entreprises publiques économiques qui n’en sont pas règlementairement astreintes, s’en réfèrent par crainte de poursuites coercitives abusives ».
Le Synaa a tenu à préciser, par ailleurs, que la situation difficile dans laquelle se trouve leur profession n’est pas uniquement liée au recul de la commande publique, pointant un manque de considération antérieur à la situation de crise que connaît le pays actuellement.
Aveuglement
« Les dépenses publiques en équipements, jusque-là portées par les revenus de la fiscalité pétrolière, n’ont pas eu de retombées positives sur la santé des structures d’études nationales. Les taux de rémunération insignifiants ont maintenu ces structures (qui relèvent dans leur quasi majorité du secteur privé) à des tailles plus que modestes. En vrai, l’argent n’a pas servi à l’émanation d’un marché de l’architecture, ni à bâtir des structures d’études pérennes », souligne le communiqué.
Il explique cet état de fait par « l’aveuglement d’une politique suicidaire des pouvoirs publics et leur volonté délibérée de réduire les prestations de maîtrise des études du bâtiment à des taux modiques (…) Il est universellement admis que si ces taux venaient à baisser en-dessous des vingt pour cent des budgets de projets, ceux-ci deviendraient automatiquement des gouffres financiers ».
Pour le syndicat, les choses sont claires ; « si les architectes ne trouvent plus de travail aujourd’hui c’est que l’Etat n’a jamais voulu rémunérer la maitrise d’œuvre à sa juste valeur ».