Le président du Comité national des marins pêcheurs Hocine Bellout a fustigé la pratique consistant à aspirer l’eau de mer pour le refroidissement des moteurs. « L’eau chaude ainsi rejetée est responsable de la calcination du plancton, le premier maillon de la chaîne alimentaire marine », a-t-il expliqué rappelant que le cadre réglementaire en vigueur oblige les industriels à mettre en place des stations d’épuration avant tout rejet en mer.
Plus de onze espèces de poissons risquent de disparaître ces prochaines années des côtes algériennes. Cette alerte a été donnée aujourd’hui à Alger par Hocine Bellout, président du Comité national des marins pêcheurs : en cause, la pollution marine provoquée par les industriels algériens.
En marge d’une conférence de presse organisée au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), M. Bellout a estimé que Sonatrach à elle seule est responsable de 70% de la pollution marine sur les côtes algériennes. En plus de l’industrie pétrochimique, il a également incriminé les industries des matériaux de construction (les cimentiers notamment) et les industries sidérurgiques (El Hadjar) responsables, selon lui, de déversements de produits hautement polluants directement en mer.
M. Bellout a fustigé la pratique consistant à aspirer l’eau de mer pour le refroidissement des moteurs. « L’eau chaude ainsi rejetée est responsable de la calcination du plancton, le premier maillon de la chaîne alimentaire marine », a-t-il expliqué rappelant que le cadre réglementaire en vigueur oblige ces industriels à mettre en place des stations d’épuration avant tout rejet en mer. Toutes ces pratiques risquent, a-t-il ajouté, de venir à bout de 11 espèces de poissons dont la sardine, l’anchois et le merlan, parmi les plus consommés en Algérie.
« Le plan Aqua-pêche 2020 est irréalisable »
Alors que le ministère de tutelle a initié un programme, baptisé « Aqua-pêche 2020 » qui prévoit de doubler la production de poissons dans les 5 prochaines années, le représentant des marins-pêcheurs estime que « c’est irréalisable dans les conditions actuelles ». Il remet également en cause les chiffres officiels qui estiment la que l’Algérie a pêché en 2013 près de 120.000 tonnes de poissons. Selon lui, la production de poissons est tombée de 330.000 tonnes il y a quelques années à 70.000 tonnes l’année dernière, alors que l’importation a avoisiné les 400.000 tonnes. « Ce n’est pas normal pour un pays qui dispose de 1.484 km de côte et de 31 ports de pêches et compte 56.000 marins-pêcheurs », s’est-il exclamé, indiquant que la production des pays voisins s’élève à 1,5 millions de tonnes pour le Maroc et 650.000 tonnes pour la Tunisie.
« Une mafia de la pêche »
Le représentant des marins pêcheurs dénonce « l’incursion, dans le secteur de la pêche, d’une « mafia » qui, a-t-il accusé, fait régner sa loi au sein du marché à travers des pratiques illégales ». Selon lui, cette « mafia » est en train de dilapider notre ressource halieutique au mépris des lois de la République et de celles du repos biologique.
M. Bellout a recommandé en urgence de mettre en place une police de la pêche qui doit veiller au respect des lois « au risque d’assister au massacre de nos ressources ».