Pour Samir Bellal, « les marchandises bloquées au niveaux des ports sont un détail par rapport à l’aberration que représente le régime des licence d’importation.
Le régime des licences d’importation dont les effets néfastes sont pourtant visibles à tous les niveaux, continuent à alimenter la crise et à réduire les chances de redresser durablement l’économie algérienne. Les conteneurs bloqués au niveau des ports, pour préjudiciables qu’ils soient pour l’économie et le commerce du pays, restent néanmoins marginaux par rapport aux effets des licences d’importations qui, eux, s’étalent dans le temps. C’est ce que pense Samir Bellal, professeur d’économie à l’Université de Tizi-Ouzou. « Les licences d’importations, c’est une réponse administrative à un problème économique. Une aberration. La mesure a déjà et aura surtout pour effet de générer des rentes. Dans son principe même, la mesure est discutable car le politique s’arroge en l’occurrence le droit de décider ce qui est utile de ce qui ne l’est pas pour le citoyen », analyse-t-il en assurant que « le temps où le détenteur du pouvoir politique décide de ce que les gens doivent consommer est révolu ». En effet, estime-t-il, « l’objectif de réduction des importations pourrait être atteint par d’autres moyens ». « On peut réduire les importations par la fiscalité, mais aussi par une dévaluation de la monnaie nationale. Mais pour cela, il faut avoir un projet économique, ce qui n’est pas le cas. L’instauration des licences traduit l’absence de projet économique », affirme Samir Bellal. De fait, il s’agit certes de régler le problème des marchandises bloquées au niveau de certains ports, mais aussi d’élaborer une nouvelle politique pour limiter les importations en abolissant le régime des licences.
Effets délétères
L’instauration des licences d’importation et leur application à une liste infinie de produits est en train de créer un climat de grande anarchie et de sérieuse inquiétude dans le commerce extérieur. Des milliers de conteneurs sont bloqués dans plusieurs ports, ce qui engendre une flambée des prix et pénuries de plusieurs produits et cause, en plus, des pertes astronomiques au Trésor public. De plus, la baisse des importations induites par les restrictions imposées par le Gouvernement, est en train de se répercuter sur l’activité des ports qui se trouvent en situation de baisse continue. Pour mettre de l’ordre dans le secteur et désengorger notamment les ports encombrés par les conteneurs bloqués, l’Association des Banques et des Etablissements Financiers (ABEF), qui a ordonné, dans une note datant de lundi aux Directeurs Généraux des banques, la libération des marchandises en souffrance dans les zones sous douanes, notamment, les produits alimentaires et industriels, a rendu publique une deuxième note le même jour pour annoncer que «le ministre du Commerce tiendra une rencontre, jeudi 17 août, avec les directeurs généraux des banques et des établissements financiers au siège de la Safex à Alger». L’ABEF a précisé dans sa note que «cette réunion sera consacrée à l’examen et à l’évaluation de la situation après la mise en œuvre de l’instruction du 6 août 2017 relative à la libération concernant toute cargaison dont les documents d’importation prouvent la commande de la marchandise avant l’instauration des régimes de licences d’importations ».