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Algérie: La stratégie de diversification des sources de recettes publiques vue par Oxford Business Group

Par Saïd Djaafer
juin 13, 2017
Algérie:  La stratégie de diversification des sources de recettes publiques vue par Oxford Business Group

De nouveaux détails concernant la stratégie économique algérienne à long terme qui vise à réduire la dépendance du pays aux hydrocarbures ont été annoncés, offrant aux investisseurs davantage d’indications quant au cap pris par le pays dans un contexte de prix bas du pétrole, note l’Oxford Business Group.

 

Davantage de précisions sur le « nouveau modèle de croissance » du ministère des finances ont été apportées en avril, exposant une partie des objectifs économiques du gouvernement jusqu’en 2030.

 Le document économique, dont la parution était initialement prévue pour mi-2016, a été élaboré afin de faire face à la récente chute des cours du pétrole qui a entraîné une baisse de 55% des recettes énergétiques entre 2014 et l’année dernière, celles-ci plafonnant à 27,5 milliards d’euros.

 A moyen terme, le programme vise à limiter les dépenses publiques à 7 000 milliards de dinars (58,8 milliards d’euros) par an jusqu’en 2019 et à réduire le déficit budgétaire de son taux de 20% du PIB en 2015 à 1,9% d’ici 2019. Pour réaliser cet objectif, le pays devra enregistrer un excédent commercial de 2,2 milliards de dollars cette année-là.

Ces perspectives tablent toutefois une hausse du baril de pétrole de son cours actuel moyen de 50 dollars à 55 dollars en 2018 et à 60 dollars en 2019.  Si les analystes considèrent ce scénario réaliste – il convient d’ajouter qu’en avril le panier de référence de l’OPEP a clôturé à 51,34 dollars, soit une hausse de 2% par rapport au mois précédent –le pays reste vulnérable à la volatilité des prix du pétrole : les hydrocarbures représentent 95% de ses exportations et 75% des recettes publiques, selon la Banque Mondiale.

 Par conséquent, le nouveau modèle de croissance entend diversifier les sources de revenu de l’Etat en augmentant les recettes fiscales hors hydrocarbures de 11% par an jusqu’en 2019. Les recettes supplémentaires ainsi générées devraient permettre, selon les estimations du gouvernement, de couvrir 84% des dépenses de fonctionnement, contre 47% en 2014, mais la manière dont cet objectif sera atteint n’a pas été exposée en détail.

 

La stabilité politique, autre facteur clé de la réussite du programme économique algérien, a été renforcée suite aux élections législatives du 5 mai 2017, lorsque le parti du président au pouvoir Abdelaziz Bouteflika, le Front de Libération Nationale, a formé un gouvernement de coalition avec le Rassemblement National Démocratique, perdant toutefois 51 sièges au parlement.

 La victoire a rassuré les investisseurs qui craignaient une réorientation de la stratégie économique de l’Etat dans le cas d’un changement de pouvoir. Un remaniement ministériel ayant eu lieu le 25 mai devrait également renforcer la dynamique du pays pour atteindre ses objectifs sur le moyen terme, avec le départ de 13 ministres et l’arrivée de six nouveaux.

 Secteurs de croissance

 Dans le cadre des efforts de diversification poursuivis par la stratégie, les autorités algériennes ont  dégagé un certain nombre de secteurs stratégiques pour l’investissement.

 La contribution du secteur manufacturier au PIB devrait par exemple passer de 5,3% en 2015 à 10% en 2030. Les activités commerciales devraient afficher une augmentation de 7,4% au cours de cette période, suivies de près par l’agriculture, dont on attend une hausse de 6,5%. Le secteur du BTP, un des piliers de l’économie algérienne, devrait enregistrer une progression plus mesurée, avec une croissance attendu de 1,7% par an.

 L’industrie minière naissante du pays devrait également contribuer à la croissance au cours des années à venir. Mi-juillet, l’Etat a signé un contrat de 4,5 milliards de dollars avec le groupe indonésien Indorama afin de développer l’exploitation du phosphate.

 L’accord prévoit le développement conjoint d’une mine de phosphates dans la région orientale de Tébessa ainsi que la construction d’une usine à Souk Ahras, près de la frontière tunisienne, destinée à la production d’acide phosphorique et de phosphate de diammonium.

 L’Etat devra signer davantage de contrats de ce type s’il veut atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, à savoir faire croître l’économie hors hydrocarbures de 6,5% entre 2020 et 2030, ce qui multiplierait par plus de deux le PIB par habitant et propulserait l’Algérie au rang des pays à haut revenu, selon le nouveau modèle de croissance.

Une période difficile

 La réalisation de ces objectifs ne saura se faire sans une forte croissance du secteur hors hydrocarbures.  L’année dernière, l’économie algérienne affichait selon les chiffres de la Banque Mondiale un taux de croissance de 3,8%, grâce à une légère remontée des cours du pétrole et à une hausse de 3,4% de la production d’hydrocarbures.

 Cependant, ni la Banque Mondiale ni le FMI ne voient cette dynamique se poursuivre sur le moyen terme : la première prévoit une croissance de la production de pétrole et de gaz à hauteur de seulement 2,5% et tous deux prédisent une hausse du PIB de 2,9% cette année et 2,6% l’an prochain.

 Des progrès ont toutefois été effectués en matière de réduction du déficit, ce dernier passant de 16% en 2015 à 12,5% l’an dernier, sous l’effet d’une baisse des dépenses en capital et d’un léger rebond des cours du pétrole. Parmi les nouvelles mesures d’amélioration des recettes présentes dans le budget 2016, on peut notamment citer la hausse des prix du carburant, de la TVA sur l’électricité et des taxes d’immatriculation des véhicules.

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