Alors que les médias algériens font grand cas d’une note interne des douanes de leur pays laissant entendre qu’une suspension de l’Accord d’association est imminente, l’ambassadeur algérien à Bruxelles, Ammar Belani, dément et souligne l’erreur d’interprétation. Or, le contexte ne contredit pas une rumeur diffusée peu avant une réunion du comité d’association UE/Algérie, qui s’est ouverte jeudi 25 février à Bruxelles et durera probablement jusqu’au lendemain.
À l’ordre du jour de la session ordinaire de cette structure conjointe dans le cadre de l’accord d’association de 2012 figure en effet un sujet principal et hautement sensible: la remise à plat du volet commercial de l’accord mis en oeuvre depuis 2005. L’engagement y était d’établir le libre-échange au terme d’une période transitoire de douze ans (jusqu’en 2017) en conformité avec les règles d’une OMC que l’Algérie peine à intégrer ; Alger compte en cela sur l’appui européen. Des clauses de rendez-vous y sont fixées, notamment sur les échanges agricoles.
L’Algérie a cependant mis en question le calendrier convenu et obtenu de l’UE, fin août 2012, (EUROPE 10685) le report de trois ans – de 2017 à 2020 – de l’échéance finale du processus de démantèlement tarifaire pour les produits industriels et agricoles européens. Les Algériens font valoir que « la mise en oeuvre de l’accord d’association n’a pas eu d’impact sur le niveau et la diversification de (ses) exportations hors hydrocarbures » et se révèle déséquilibrée.
La réalité est que les échanges de ce pays, malgré la volonté affichée par son gouvernement, restent dominés par les hydrocarbures dont l’exportation a représenté, selon ses propres statistiques, l’essentiel des ventes à l’étranger de tous produits (94,92% du total, soit 1,833 milliard de dollars (US $) en janvier 2016, contre 2,403 milliards un an plus tôt, une baisse des recettes de 23,72%). Les quatre premiers clients de l’Algérie ont été l’Italie avec 406 millions US$ (21,03% des exportations globales algériennes en janvier), la France avec 386 millions US$ (20%), l’Espagne avec 210 millions US$ (10,88%) et les Pays-Bas (9,27%). La chute persistante des cours pétroliers (et de ceux du gaz, car indexés sur ce cours) paraît effectivement pousser le gouvernement algérien à un resserrement de son budget et à décourager les importations coûteuses en devises, ce qui affecterait essentiellement les Européens qui sont – mis à part la Chine (19,86%) – ses premiers fournisseurs. Selon des statistiques officielles, les importations algériennes viennent de France (12,3%), d’Italie (10,33%), d’Espagne (6,94%) et d’Allemagne (5,62%).
C’est dans un tel contexte qu’est évoqué le risque de suspension de l’Accord d’association. Officiellement, la volonté est de relativiser.
L’ambassadeur algérien à Bruxelles, Ammar Belani, a précisé à EUROPE que la lecture faite du document émanant des douanes est « totalement erronée ». « Ce sont d’anciennes attestations d’importation en franchise de ciment, rond à béton et de véhicules automobiles, qui sont devenues caduques compte tenu de l’introduction du nouveau régime juridique relatif aux licences d’importation », a-t-il indiqué. Ce serait, dit-il, « une simple correction pour être en phase avec le nouveau dispositif réglementaire » et « il n’est nullement question de l’annulation de l’accord d’association ou de la suspension des accords douaniers » comme cela a été rapporté « abusivement » par la presse.
L’Algérie serait, au contraire, plutôt bien engagée dans le cadre de coopération qu’offre la politique de voisinage révisée (EUROPE 11443) depuis que cette dernière n’oblige plus à établir un plan d’action, jugé contraignant par Alger, en plus de la levée de la conditionnalité politique. Le dialogue sur l’énergie, axe principal de cette coopération, serait en bonne voie et une rencontre sur le commerce du gaz est déjà programmée dans le courant du mois de mars prochain.