Algérie - Le chef d’état-major de l’armée prend position dans une guerre de factions au FLN (opinion) - Maghreb Emergent

Algérie – Le chef d’état-major de l’armée prend position dans une guerre de factions au FLN (opinion)

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En soutenant Amar Saadani, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah commet une nouvelle dérive. Il entretient la confusion entre sa position de disciple du patron actuel du FLN et son rôle de patron opérationnel de l’armée.

 

Ahmed Gaïd Salah navigue dans un insupportable mélange des genres. Moudjahid, vice-ministre de la Défense, chef d’état-major de l’armée, doyen des officiers en activité, il saute d’un statut à un autre, ajoutant de la confusion à une situation déjà complexe, alors que les institutions du pays partent en lambeaux, et que l’exercice du pouvoir devient particulièrement opaque.

Une lettre qu’il a adressée au secrétaire générale du FLN, Amar Saadani, rendue publique lundi, traduit cette légèreté avec laquelle un homme occupant un rôle central au sein du pouvoir traite des questions politiques majeures. Ahmed Gaïd Salah y affirme que le FLN, dont la « large base populaire brasse toutes les couches de la société et toutes les catégories d’âge », constitue, « et c’est incontestable, la première force politique du pays ».

La présence du moudjahid Ahmed Gaïd Salah au FLN est gênante, mais elle est acceptable. En 1989, les principaux dirigeants de l’armée avaient été reçus par le président Chadli Bendjedid, auquel ils avaient annoncé leur retrait du FLN. C’était un geste symbolique, mais d’une haute teneur pédagogique : un général n’appartient pas à un parti, mais à la nation tout entière.

 

Confusion

 

Le vice-ministre de la Défense peut également venir du FLN. Il peut mettre en pratique la politique de défense d’un parti, ce qui est conforme à la lettre et à l’esprit de la Constitution. Cela lui donne même le droit de trouver que le secrétaire général du FLN est « une honorable personne ». Mais le poste de chef d’état-major de l’armée est totalement différent. Il implique des obligations différentes et une attitude en adéquation. Son titulaire ne s’occupe pas de politique. Il a en charge le volet opérationnel de l’armée. C’est un rôle technique, dont le titulaire ne doit surtout pas devenir partisan.

En affichant son soutien à Amar Saadani, Ahmed Gaïd Salah annonce le soutien de l’armée à une faction du FLN contre une autre. C’est une démarche dangereuse, qui révèle une régression inquiétante dans la perception des affaires de l’Etat. A ce niveau de la responsabilité, on ne peut pas commettre des impairs de cette nature.

En 2015, un pays qui aspire à sortir de la crise par le haut, en se dotant d’institutions fiables, ne peut supporter cette confusion entre chef d’état-major, vice-ministre de la Défense et partisan de Amar Saadani.

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