Le chef de service de néphrologie à l’hôpital de Beni Messous a souligné que pas moins de 300 patients atteints de la maladie rénale chronique sont pris en charge pour dialyse à l’hôpital de Beni Messous. Le professeur Messaoud Saïdani regrette le manque de moyens pour traiter cette affection « fréquente » qui nécessite la greffe d’organes.
La greffe d’organes n’est effectuée que de manière ponctuelle à cause de nombreux éléments comme l’absence de blocs dédiés à cette maladie ou encore l’absence de spécialité de chirurgie qui lui est destinée. C’est le constat du professeur Messaoud Saïdani qui s’est exprimé samedi en marge du 6eme congrès maghrébin de néphrologie tenu à Alger.
Ce professeur qui est aussi président de la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation (SANDT), a annoncé que 300 greffes de rein ont été réalisées en 2015 et que le nombre total de patients greffés en Algérie depuis une trentaine d’années est de 14.000 soit une prévalence de 3.8%, « ce qui est en deçà des besoins ».
Les participants à cette rencontre ont souligné que le remplacement d’organe reste le traitement idéal de l’insuffisance rénale. Ce traitement connaît un développement progressif mais limité au donneur vivant apparenté. Le prélèvement du rein sur cadavre s’imposera de lui-même dans les années à venir, comme un besoin de santé publique et permettra la mise à niveau des hôpitaux choisis pour une performance multidisciplinaire impliquant une logistique importante, dit-il. Le professeur recommande l’adoption du système de carte de donneur afin de relever les reins sur les cadavres tout en appelant les familles « à faciliter cette opération ».
Une affection fréquente
La maladie rénale chronique est une affection fréquente. Elle touche près de 600 Millions de personnes dans le monde, dont 1.5 millions d’Algériens. Les deux principales causes sont la néphroangiosclérose (30%) et la néphropathie diabétique (20%).
Selon les données recueillis auprès des organisateurs, en 2016, prés de 23 900 patients en insuffisance rénale terminale (IRT) sont traités par épuration extra rénale et greffe rénale en Algérie, dont 91% par dialyse, 3% par dialyse péritonéale et seulement 6% par greffe rénale. La prévalence de l’IRT traitée est de 556 patients par million d’habitants. L’incidence, elle est de 104 patients par an et par million d’habitants. Le coût annuel par patient (coût direct) est évalué autour de 980 000 DA pour l’hémodialyse, 1 320 000 DA pour la dialyse péritonéale, alors que la transplantation rénale réduit cette charge à plus de 50% dès la deuxième année. Dans le monde, le nombre de patients traités pour insuffisance rénale chronique terminale a été estimé en fin d’année 2013 à 3,2 millions de patients avec un taux de croissance d’environ 6%, et continue d’augmenter à un taux nettement plus élevé que celui de la population mondiale. Sur ces 3.200.000 patients IRCT, environ 2.522.000 ont été traités par dialyse (hémodialyse et dialyse péritonéale) et environ 678.000 personnes vivaient avec une transplantation rénale, soit 70,3% patients en hémodialyse, 8,4% en dialyse péritonéale et 21,2% transplantés.
En Algérie, tous les insuffisants rénaux sont traités. Cet indicateur d’accès aux soins est une fierté nationale et reflète une prise en charge équivalente à celle des pays émergents économiquement comparables, à l’instar des pays de l’Afrique du Nord. Cet essor de la prise en charge de l’IRT doit son succès au développement des capacités locales comme la formation avec l’ouverture d’une post-graduation en néphrologie dès octobre 1988 ayant permis la formation de plus de 600 néphrologues déployés sur le territoire national. Il y a aussi le développement d’une industrie pharmaceutique nationale qui a sécurisé l’approvisionnement des différents matériels et consommables et a permis une meilleure maîtrise des coûts.