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Économie

Algérie : Le dérapage inflationniste devrait être évité en 2017

Par Yazid Ferhat
janvier 17, 2017
Algérie : Le dérapage inflationniste devrait être évité en 2017

Bien que les hausses de prix soient nombreuses  en ce début d’année et les risques d’accélération de l’inflation bien réels, l’amélioration du cadre macroéconomique devrait permettre d’éviter un dérapage inflationniste en 2017.

 

Pour l’année 2017, les prévisions du gouvernement qui suscitent le plus de scepticisme sont certainement  celles qui concernent une inflation « contenue à 4% », selon  le texte de la  dernière loi de finance. Les chiffres de l’ONS situent déjà  l’augmentation des prix en novembre 2016 au niveau national, a plus de 7% « en glissement annuel ». La plupart des spécialistes s’attendent à une poursuite de l’accélération de l’inflation au cours des mois à venir. Certains d’entre eux n’hésitent pas à évoquer, sans doute un peu vite, l’hypothèse d’une inflation à deux chiffres.

Sur ce chapitre, les institutions financières internationales restent très prudentes. Dans son dernier  « rapport de suivi de la situation économique en Algérie »  publié en octobre 2016, la Banque mondiale fait le bilan des deux dernières années. Sans formuler de prévision pour 2017,  elle relève que « malgré une politique monétaire stricte, l’inflation a atteint 4,8% en 2015, reflétant en partie l’effet d’une dépréciation nominale du dinar d’environ 20%, destinée  à corriger le déséquilibre extérieur. Durant la première moitié de l’année 2016, les autorités monétaires ont autorisé une dépréciation supplémentaire du dinar, alors que le gouvernement essayait d’éviter une baisse rapide des réserves de change et de les maintenir au dessus de 100 milliards de dollars US. La dépréciation du dinar devrait maintenir une pression inflationniste élevée, avec une prévision de l’inflation à 5,9 % en 2016 ».

Les augmentations de taxes de la LF 2017

Encore contenues en 2016,  les pressions  inflationnistes seront alimentées  en 2017 par une série de facteurs économiques  parmi lesquels  de nombreux commentateurs ont surtout évoqué au cours des dernières semaines les  augmentations de taxes de la Loi de finance 2017. Au premier rang d’entre elles figure une augmentation de 2% pour la TVA dont sont cependant exemptés les produits de première nécessité. Des augmentations plus ciblées ont également concerné dès le début de l’année des produits comme les carburants, le tabac et l’alcool. Un certain nombre d’autres taxes nouvelles comme celles sur les équipements ménagers énergivores seront appliquées de façon différée au 2ème semestre 2017 voire seulement au début de 2018, en raison de la complexité de leur mise en œuvre,  selon des précisions récentes du ministre des finances.

Les « bananes » bientôt dans  la liste des produits contingentés

Un autre élément de politique économique est  susceptible d’alimenter l’inflation, au cours des mois à venir. Il s’agit des restrictions de l’offre pour les produits importés. Les quotas sur les importations de véhicules ont déjà logiquement  poussé les prix à la hausse aussi bien pour les véhicules neufs que pour les véhicules d’occasion. La mise en place progressive d’une gestion administrative d’une partie des importations du pays, avec l’extension annoncée de la liste des produits contingentés, fait donc  également planer le risque de nouvelles hausses des prix pour les produits concernés lorsqu’une offre de substitution par une production nationale n’est pas disponible.

Dans ce domaine, le  prix des bananes, qui est  libre de toute réglementation, et qui a subi le contrecoup d’une rareté des financements disponibles pour leur importation a fait une entrée remarquée et un peu comique dans le débat public au cours des derniers jours ; les faibles quantités présentes sur le marché  n’étant pas le fait des importateurs traditionnels. Le ministre de l’agriculture vient de dénoncer des comportements « spéculatifs ». Le problème devrait être « réglé »  par la création prochaine de licences pour les fruits importés annoncées aux opérateurs par les pouvoirs publics. Elles devraient bénéficier en priorité  aux  importateurs  justifiant  « l’investissement de revenus dans le domaine agricole ».

Quand la « spéculation » s’en mêle

Les raisons « objectives » pour une hausse des prix sont renforcées par de nombreux comportements  réputés « spéculatifs ». On a vu ainsi certains  transporteurs privés tenter d’augmenter leurs tarifs de  10 dinars par voyageur  .Une mesure qui a été jugée immédiatement « illégale » par le ministère des transports  s’agissant de tarifs réglementés. Dans ce climat général  devenu très sensible à l’égard de l’inflation, l’augmentation saisonnière des prix de certains produits agricoles frais ou des prix de la volaille ont également été attribué, de façon abusive, aux « effets de la loi de finance 2017 ».

Quelle dépréciation du dinar en 2017 ?

Si l’impact des augmentations de taxes et des restrictions à l’importation sur  les tensions  inflationniste, ne sera certainement pas négligeable, il ne devrait cependant pas suffire  à provoquer un véritable emballement de la hausse des prix en  2017. Le principal risque au cours des mois à venir  pourrait venir  davantage  d’une éventuelle dépréciation du dinar, ainsi que le relève la Banque mondiale dans son analyse des tendances inflationnistes au cours des deux dernières années. Dans ce domaine, on doit noter  que  depuis juin 2016, le nouveau tandem  Baba Ammi – Loukal a totalement  stabilisé, voire légèrement amélioré, la valeur officielle du dinar. Les nouveaux responsables de la politique monétaire, ont bien reçu le message, venu manifestement des « plus hautes autorités du pays », qui consiste  à aller chercher ailleurs que dans la dévaluation du dinar les moyens de combler le déficit des finances publiques. Cette politique de stabilisation de la valeur du dinar qui permet pour l’instant d’éviter un emballement de l’ « inflation importée »  pourra-t-elle se maintenir en 2017 ? C’est une des principales inconnues de l’année 2017.

Le FRR encore au secours du déficit budgétaire en 2017

Un autre risque important a été évité jusqu’ici. Il  est susceptible, selon beaucoup de spécialistes, de jouer un rôle capital dans l’accélération de l’inflation dans notre pays. Le déficit budgétaire va en effet également provoquer  des tentations de création monétaire par la planche à billets. Dans ce domaine, les autorités financières algériennes  disposent  encore de marges de manœuvre qui consistent, pour l’immédiat, dans l’utilisation du reliquat des  réserves du FRR dont le ministère des finances vient de nous informer qu’il faisait de la résistance et qu’il contenait encore l’équivalent de plus de 8 milliards de dollars à fin 2016 . En fonction de la taille du déficit budgétaire réel (12 milliards de dollars de déficit prévu par la LF 2017 avec un baril à 50 dollars), le gouvernement  devra cependant  compter , de plus en plus,  sur la création monétaire avec les dangers qu’elle comporte en matière d’accélération de l’inflation ; un risque qui vient justement d’être souligné, dans sa première intervention publique depuis son départ forcé,  par l’ancien Gouverneur de la Banque d’Algérie, M. Mohamed Laksaci. Signalons quand même que, dans ce domaine, les nouvelles les plus fraîches sont plutôt bonnes : un baril de pétrole entre 55 et 60 dollars en moyenne en 2017, ainsi que c’est le cas actuellement, devrait permettre de passer l’année en cours sans recourir à une création monétaire significative. 

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