En détention préventive depuis 18 mois, le militant des droits Mozabites a été hospitalisé après 18 jours de grève de la faim.
« L’état de santé du détenu Kamel-Eddine Fekhar est en dégradation » a déclaré à Maghreb Emergent Me Salah Debouz, l’avocat du détenu Dr. Kamel-Eddine Fekhar et président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH). Le militant Mozabite mène une grève de la faim depuis le 03 janvier 2017. Son corps est très affaibli, il a été transféré mercredi dernier de la prison de Menaa, ou il est détenu, vers l’hôpital de la même ville, dans la wilaya de Ghardaïa. Docteur Kamel-Eddine Fekhar et un groupe de militants sont accusés d’atteinte à la sureté de l’Etat suite aux affrontements entre les communautés mozabite et arabophones durant le printemps-été 2015.
Le docteur Fekhar a demandé de faire des examens afin de connaître l’évolution de sa maladie, une pathologie contractée avant son emprisonnement. Cette requête est restée sans réponse de la part de la direction de la prison de Menaa « qui prend en charge que les petites maladies » précise son avocat. Kamel-Eddine, ne bénéficie que d’une visite chaque 15 jours, une restriction qualifiée par son avocat « d’inhumain et d’illogique ». « Il n’est pas condamné…Il ne doit pas être privé de ses droits » ajout-il et considère que cette affaire est une «violation grave de la loi».
« je n’arrêterai pas ma grève de la faim »
Kamel-Eddine Fekhar est décidé à poursuivre sa grève de la faim. Il a expliqué à son avocat lors de sa dernière visite, jeudi dernier, que « tant que mes demandes ne sont pas prises en charge je n’arrêterai pas ma grève de la faim » et « Je suis convaincu que mon emprisonnement est une décision politique pour laquelle la justice cherche un cadre légal ».
Maitre Salah Debouz rapporte que le prévenu évoque deux raisons principales pour son emprisonnement. Selon lui, Il s’agirait de « quatre plaintes qu’il avait déposé contre les policiers qui l‘ont arrêté et qui l’ont « tabassé ». Le procureur général de la wilaya de Ghardaia, le directeur de la sureté de la wilaya de Ghardaïa et le wali de cette même wilaya. Ces plaintes sont toujours bloquées et elles ne sont pas prises en charge. Il s’agit aussi d’une demande de convocation pour audition de certain personnalités (M. Ahmed Ouyahia, M. Mohamed Lamine Mediene dit Toufik et M. le Wali de Ghardaia) qui sont, selon lui, au courant de tout ce qui s’est passé à Ghardaïa ».
« détenu pour avoir dénoncé les forces de l’ordre »
Le juge d’instruction n’a, à ce jour, pas répondu à cette demande, ce qui a poussé Fekhar à avoir plus de détermination dans son action en détention et l’amène à poursuivre sa grève de la faim pour le 18éme jour. Pour Maitre Salah Dabouz, Kamel-Eddine a été arrêté pour avoir dénoncé des crimes commis à la ville de Ghardaia pendant plusieurs mois. « Il a communiqué et commenté des vidéos qui montrent des policiers entrain de « saccager » des biens communautaires. Des documents qui montrent qu’ils protégeaient les voyous qui attaquaient les habitants de Ghardaïa. « Ces dénonciations sont considérées par certains hommes politiques comme facteur d’agitation de la population » a t’il conclu. Le docteur Fekhar a conduit une première grève de la faim de plus de 20 jours l’été de son incarcération en 2015.