Derrière le chiffre en apparence prometteur d’une croissance de 3,8%, le Fonds Monétaire International vient de tempérer significativement l’enthousiasme autour des performances économiques de l’Algérie. Dans son dernier rapport, l’institution dresse un tableau nettement plus nuancé que ne le suggère ce seul indicateur macro-économique.
Certes, avec ce taux de croissance, l’Algérie affiche une dynamique qui la place en tête des pays de la région MENA. Les hydrocarbures, pierre angulaire de l’économie, ont progressé de 2,7% en 2024, complétés par un secteur hors hydrocarbures maintenant un rythme appréciable de 4,7%. Mais le FMI s’empresse de relativiser ces performances.
En effet, selon l’institution, cette vitrine flatteuse dissimule des faiblesses structurelles préoccupantes. « Les fondamentaux restent précaires », met en garde un expert, soulignant particulièrement la dépendance excessive aux revenus pétroliers, qui représentent 86% des exportations totales.
Les signaux d’alerte du FMI
Au-delà des 3,8% de croissance, le FMI pointe plusieurs zones de fragilité. Si l’inflation montre des signes d’amélioration, passant de 9,3% en 2023 à 5,0% au premier trimestre 2024, l’institution reste vigilante quant à son impact sur le pouvoir d’achat des ménages. La stabilisation projetée à 5,5% pour 2025-2027 nécessitera une surveillance constante.
Plus inquiétant encore, malgré des réserves de change s’élevant à 71,78 milliards de dollars, la balance commerciale devrait se contracter en 2024, illustrant la vulnérabilité persistante du pays aux variations des prix des hydrocarbures.
Un impératif de réformes
Face à ces perspectives mitigées, le FMI bouscule l’optimisme ambiant en appelant à des mesures radicales : réformes structurelles « audacieuses », diversification économique urgente et refonte du climat des affaires. Le ralentissement anticipé de la croissance à 3,1% en 2025 vient d’ailleurs étayer ces recommandations pressantes.
Pour maintenir une dynamique positive, l’institution insiste sur deux leviers essentiels : stimuler les investissements privés et développer de nouveaux secteurs d’exportation au-delà des hydrocarbures.
En définitive, le FMI invite clairement à regarder au-delà du séduisant 3,8% de croissance. L’Algérie se trouve confrontée à un choix crucial : soit engager rapidement les réformes préconisées, soit risquer de voir cette croissance prometteuse s’effriter progressivement.
Le message est clair : sans une transformation profonde de son modèle économique, notamment par une diversification de ses sources de revenus, cette performance pourrait n’être qu’un feu de paille.