Le représentant du FMI à Alger a émis des réserves quant à la manière adoptée par l’Algérie en matière de réduction des importations.
« Le Fonds monétaire international (FMI) est réticent quant au recours (par l’Algérie) au financement monétaire extérieur pour financer les projets, parce que les expériences internationales montrent que ce financement est très souvent une source d’inflation, donc il y a un risque d’accélérer l’inflation dans le pays et le FMI préconise de ne pas l’utiliser », a déclaré lundi à Alger, le représentant du FMI, Jean-François Dauphin, lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre de la visite de consultation effectué en Algérie du 27 février au 12 mars 2018.
Selon le représentant du FMI, si l’Etat est forcé à recourir au financement extérieur, il sera « important de limiter les montants à emprunter et durée de l’endettement », et d’ajouter qu’il est « important que la Banque centrale joue son rôle de garant de la stabilité des prix et de réabsorber une partie de la liquidité injectée par le financement monétaire ».
A propos des subventions de l’Etat, particulièrement celles liées à l’énergie, Jean-François Dauphin, a souligné que « les subventions mises en place dans un objectif social sont profondément injuste, cela veut dire, que plus le citoyen est riche plus il est bénéficiaire ». Et de préciser ensuite que « les 20% des ménages qui sont riches en Algérie consomment six fois plus de produits énergétiques que les 20% des ménages les plus pauvres. Donc, elles vont à l’encontre de l’objectif que l’Etat veut atteindre ». « C’est pour cela que le FMI préconise un rééquilibrage progressif des soutiens de l’Etat à la population et retirer progressivement les subventions généralisées de l’énergie et enfin, essayer de le remplacer par d’autres formes de de transferts qui seront adressés directement aux populations qui en auront le plus besoin », a-t-il recommandé.
A propos des réserves émises par le FMI sur la limitation directes des importations appliquée par l’Etat, le chef de la délégation du FMI en Algérie a pris en exemple les expériences des autres pays à l’international et souligne que « ces mesures prises d’une manière quantitatives et administratives sur les restrictions à l’importation sont souvent inefficaces. Elles sont source de distorsion de l’économie, elles sont source de tensions inflationnistes et elles sont souvent contournées d’une manière ou d’une autre sur des marchés à l’intérieur du pays ».
Concernant les solutions que le FMI préconise à ce sujet, Jean-François Dauphin a déclaré que « l’objectif recherché est de rééquilibrer les comptes extérieurs et la meilleure manière de le faire, est d’opérer, d’un côté, un ajustement budgétaire qui permettrait de limiter la demande intérieure en importations, et d’engager, d’un autre côté, des réformes structurelles susceptibles de libérer le potentiel de croissance de l’économie et ensuite libérer le potentiel des exportations en favorisant les conditions d’émergence des secteurs exportateurs ».