L’ancien ministre de la Défense a souligné que le régime, tout en voulant interdire aux anciens militaire de s’exprimer dans le débat public, « a ouvertement engagé à plusieurs reprises l’institution militaire dans l’arène politique ».
Le général à la retraite Khaled Nezzar a appelé ce jeudi 23 juin les députés à rejeter la loi sur l’obligation de réserve des militaires.
Dans une interview accordée au site Algérie Patriotique, l’ex-ministre de la Défense a qualifié ce projet de loi de « grave dérive liberticide » à travers laquelle « les autorités veulent imposer le silence (…) et priver une frange de la société algérienne de son droit de s’exprimer sur les questions qui engagent l’avenir de la nation ».
Khaled Nezzar s’est interrogé sur l’empressement des autorités à soumettre ce projet de loi aux députés. « Il est incompréhensible que quelques mois après l’adoption de la Constitution, alors que plusieurs textes d’application urgents en attente à l’Assemblée sont différés sine die, on donne la priorité au projet de loi qui vise à interdire la parole aux militaires », a-t-il indiqué. Il a estimé que cet empressement dénote une « inconsistance » des autorités, qui « provient peut-être de leur peur ou du manque de confiance dans cette frange de la société ».
Une « infamie » qu’aucune raison ne justifierait selon Khlaed Nezzar, puisque « les militaires, conscients de leur responsabilité vis-à-vis de la nation et du respect dû à la noble Armée nationale populaire, ne porteraient jamais atteinte ni à leur cohésion ni à leur unité ».
« Une grave contradiction »
Le général à la retraite a affirmé que les initiateurs ce projet de loi visent à ‘ »imposer le silence aux officiers retraités de l’Armée ». Une « démarche anticonstitutionnelle et antidémocratique » par laquelle « l’initiateur de ce projet veut interdire aux anciens officiers de l’armée d’afficher leur opinion », estime-t-il.
Khlaed Nezzar a de ce fait souligné une « grave contradiction », puisque ce même « initiateur a ouvertement engagé à plusieurs reprises l’institution militaire dans l’arène politique ». Il estime que cette contradiction « ôte toute légitimité » à ce projet de loi, annihilé par le chef d’état-major de l’ANP « en apportant son soutien politique de manière ostentatoire au président Bouteflika » avant même qu’il ait été réalisé et soumis aux députés.
Le chef d’état-major de l’ANP « a bafoué la tradition de l’ANP qui, lors de la Constitution de 1989 qui consacrait la démocratie, s’était retirée d’elle-même du Front de libération nationale, pour garantir une compétition politique saine », a-t-il ajouté.
Le général à la retraite a ensuite fait remarquer qu’il « serait malheureux et triste pour la République que les députés cautionnent ce texte », une menace contre la liberté d’expression et une atteinte aux valeurs démocratiques visant « à satisfaire les ambitions politiciennes démesurées et égoïstes de ses initiateurs ».