S’exprimant sur la dévaluation du dinar, le porte-parole de ce think tank, Abdelkrim Boudraa, juge la mesure « bonne », en ce sens que continuer à soutenir la monnaie nationale porterait, selon lui, préjudice à l’économie. Il souligne, néanmoins, que le gouvernement se doit d’assumer les conséquences d’un tel glissement comme les pertes au change que subissent les opérateurs et l’inflation.
Le collectif Nabni juge que les mesures prises par les pouvoirs publics suite à la chute des cours du pétrole ne sont pas à la hauteur de l’ampleur de cette crise. « A l’échelle de l’Algérie, les réponses doivent être systémiques et prendre en considération l’ensemble des données qui posent problème. Aujourd’hui, nous avons une économie qui n’est pas compétitive et un modèle rentier qui irrigue toutes les institutions », considère Abdelkrim Boudraa porte-parole de ce think tank, lors de son passage, ce lundi, à l’émission « L’Entretien » de ‘Radio M.’ la webradio de Maghreb Émergent.
S’exprimant sur la dévaluation du dinar, Boudraa juge la mesure « bonne », dans la mesure où « continuer à le soutenir (le dinar) porte préjudice à l’économie ». Il souligne, néanmoins, que le gouvernement se doit d’assumer les conséquences d’un tel glissement, comme les pertes au change que subissent les opérateurs ainsi que l’inflation. « Après, on peut assumer cette politique en disant qu’on a besoin de l’inflation parce qu’on doit revenir à des fondamentaux mais, qu’à côté, nous voulons soutenir une ambition d’investissements car c’est cela qui va nous permettre de nous en sortir ».
S’agissant de la mesure de réduction de 20% du budget d’équipement, le porte parole du collège d’experts estime que 20% de réduction « signifie réellement 40 ou 50% du taux réel » sachant que souvent « on enregistre des taux d’utilisation des budgets relativement faibles. Si on veut couper l’économie de tant de ressources, il faut sérieusement en envisager les conséquences», estime Boudraa. Pour lui, opérer des coupes pour réduire la voilure de l’économie va poser de « sérieux problèmes » au pays à moyen et long termes.
La vision du collectif Nabni à ce sujet est qu’il faut ‘’sérieusement réformer’’ mais, en même temps, sans réduire l’investissement « parce que si nous réduisons l’investissement, nous nous acheminons vers des creux à court terme ; or, l’ambition d’investissement doit être maintenue », observe le porte-parole du collectif Nabni. Dans le plan Abdaa, Nabni a proposé d’arrêter l’ensemble des projets inefficaces qui ne sont pas porteurs d’une valeur ajoutée.
Pour une rationalisation de la consommation interne en énergie
Par ailleurs, jugeant que les transferts sociaux sont insoutenables et le plus souvent injustes, le porte parole de Nabni invite le gouvernement à s’attaquer à ce problème sérieusement à travers la rationalisation de la consommation interne en énergie, et aussi à travers une augmentation graduelle de tous les prix subventionnés, tout ceci couplé à l’entame de transfert monétaire direct, comme préconisé par Nabni mais aussi par la Banque mondiale. « Si on veut donner du pouvoir d’achat aux catégories démunies, il faudrait commencer par des programmes pilotes même si cela prend du temps. Car, si on ne les fait pas maintenant (les réformes, Ndr), on perdra du temps et on ne répondra pas à la demande des catégories démunies auxquelles on veut augmenter le pouvoir d’achat», observe l’invité de Radio M.
Aujourd’hui, même si les avis pour une sortie de crise convergent, il n’en reste pas moins que le temps joue contre le gouvernement et le pays, dont l’aisance financière n’est plus ce qu’elle était en 2011 et 2012 selon M. Boudraa, qui n’exclut pas que le pays recoure à l’endettement extérieur dans une année…option qui n’était pas envisageable il y a encore deux années.
Les gouvernants sont incapables de conduire des politiques globales
A rappeler que le collectif Nabni organisera début novembre, probablement le 1 ou le 2 novembre, une rencontre en vue de restituer les échanges avec les experts à propos du plan Abdaa, distribué à quelque 70 experts en Algérie et à l’étranger. Beaucoup d’entre eux ont réagi à travers des écrits.
Pour rappel, le think tank Nabni a proposé en 2012 que le gouvernement prenne des mesures simples à effet immédiat, sans lesquelles le pays ne peut s’engager sur des réformes plus ambitieuses. Celles-ci ont, d’ailleurs, été contenues dans le rapport Nabni 2020. Un bilan fait par ce cercle d’experts qui a établi un constat : il est utopique de penser que les gouvernants sont dans l’incapacité de conduire des politiques globales. C’est d’ailleurs, affirme Boudraa, ce qui a justifié le programme Abdaa à travers lequel le think tank propose de se concentrer sur une douzaine de chantiers structurants et structurels.
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