L’absence du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et de Mehdjoub Bedda à l’inauguration de l’usine de montage de véhicules de Sovac représente une rupture avec la politique industrielle menée par l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal et son ministre de l’Industrie Abdesselam Bouchouareb.
Ni le Premier ministre ni le ministre de l’Industrie et des Mines n’ont pris par à l’inauguration de l’usine de montage de véhicules de Sovac à Sidi Khettab (Relizane). Seuls le ministre du Commerce, Ahmed Saci, et le wali de Relizane ont été de la partie, aux côtés du P-DG de Volkswagen, le Dr. Herbert Diess, de quelques hauts responsables des marques Seat, Skoda et Volkswagen Utilitaire, ainsi que du P-DG de Sovac, Mourad Oulmi. Pourtant, l’usine implantée sur un terrain de 150 hectares, devrait fournir au marché algérien des véhicules fort prestigieux : Volkswagen Golf 7, Seat Ibiza3, Skoda Octavia 3 et Volkswagen Caddy 4.
Pourquoi donc le ministre de l’Industrie n’a pas assisté à l’inauguration de cette « usine » alors qu’il est théoriquement censé s’en réjouir et en tirer des dividendes politiques?
Plus « d’importations déguisées »
Le problème est profond. Clairement, Mahdjoub Bedda s’est insurgé récemment contre les laudateurs de « l’industrie automobile algérienne » en parlant carrément « d’importation déguisée » et en n’excluant pas de mettre fin à l’activité de montage. « Nous allons réévaluer l’activité du secteur de l’automobile car le taux d’intégration de l’activité d’assemblage et de montage de véhicules n’a pas atteint le niveau souhaité », a-t-il déclaré devant le Conseil de la nation en précisant qu’il s’agit là d’une bonne raison de « penser arrêter cette activité ». S’afficher à l’inauguration d’une usine de montage qui fait de « l’importation déguisée », aurait été se retourner contre soi-même et reconnaître le caractère industriel d’une activité qui ne l’est pas à ses yeux. D’où le choix de déléguer le ministre du Commerce pour représenter le gouvernement.
Tebboune et Bedda contre Sellal et Bouchouareb
Le gouvernement s’est déjà engagé avec les Allemands pour le lancement du projet, et ce n’est qu’après coup, notamment depuis la nomination d’Abdelmadjid Tebboune, qu’il tient un discours sur l’insoutenabilité économique du « montage ». Il veut faire marche arrière et il est actuellement en train d’élaborer un nouveau cahier des charges plus favorable à la partie algérienne et qui repose sur une vision pouvant générer, à terme, une réelle industrie automobile en Algérie.
Ce nouveau cahier des charges est quasiment ficelé. Mais l’inauguration ayant été programmée au temps de Sellal, il était difficile de se désengager à la dernière minute. L’enjeu étant de redresser la situation avec « le moins de dégâts possible », le gouvernement a envoyé un ministre du Commerce pour marquer sa présence, notamment vis-à-vis des partenaires étrangers, mais sans s’engager quant au contenu du nouveau cahier des charges en cours d’élaboration et quant à la politique industrielle qu’il va mener dans les mois à venir.
Pour banal que le geste paraisse, l’absence du Premier ministre et du ministre de l’Industrie à l’inauguration de l’usine de montage de véhicule de Sovac représente sinon une rupture avec la politique industrielle menée par Sellal et Bouchouareb, du moins un désaccord profond. Le contenu du nouveau cahier des charges du l’industrie automobile va assurément mettre les choses au clair.