Le quotidien algérien affirme que Hamid Grine a reçu des annonceurs privés dans le seul but de les convaincre de couper la publicité au journal El Khabar « en contrepartie de facilités et d’avantages qui leur seraient octroyés par le ministère des Finances ».
Le journal El Khabar accuse, dans son édition du lundi 13 octobre 2014, le ministre de la Communication, Hamid Grine, d’exercer des pressions sur les grands annonceurs privés pour qu’ils cessent de placer de la publicité dans les journaux El Khabar et El Watan. Selon le journal, c’est un chantage au redressement fiscal qui est « implicitement » fait à ces annonceurs.
Dans un article au vitriol titré : « Sales tentatives de bâillonner la presse libre en Algérie : le ministre de la Communication veut assassiner El Khabar« , le journal accuse le pouvoir d’œuvrer, à travers le ministre de la Communication, Hamid Grine, à liquider ceux qui ne sont pas dans la bonne « ligne ».
Le journal, qui se dit privé depuis « 16 ans » de publicité publique et institutionnelle centralisée par l’ANEP (Agence nationale d’édition et de publicité), accuse le pouvoir de vouloir tuer financièrement les journaux comme El Watan et El Khabar « et d’autres », en exerçant de fortes pressions sur les grands annonceurs privés.
« Le ministre de la Communication, Hamid Grine, mène campagne contre les journaux El Khabar et El Watan à travers des pressions sur un groupe de grands annonceurs privés en Algérie », écrit le journal, qui cite nommément l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy où Hamid Grine était en charge de la communication avant de devenir ministre.
Le message adressé à ces annonceurs est sommaire : il ne faut pas donner de la publicité à ces titres car ce « sont des journaux qui s’opposent au régime et au président ».
Des séances café-thé et des menaces
El Khabar affirme que Hamid Grine a convié, dans son bureau, des annonceurs privés pour « prendre un café ou un thé » mais que l’objet des rencontres n’a pas porté sur la situation « anarchique du secteur de la communication en Algérie ».
Le seul but de ces séances café-thé, selon le journal, est de mettre la pression sur ces annonceurs pour qu’ils coupent la publicité au journal El Khabar « en contrepartie de facilités et avantages qui leur seraient octroyés par le ministère des Finances ». La « proposition », souligne le journal, « comporte une menace implicite indirecte : ‘si vous ne répondez pas à notre demande, vous ferez face à un redressement fiscal' ».
Pour le journal, Hamid Grine mène une campagne « sale » et vaine contre « les deux plus grands journaux d’information en Algérie qui ont constamment défendu l’Etat quand l’Algérie en a eu besoin ». El Khabar et El Watan, y lit-on, « ont été au premier rang des défenseurs des choix stratégiques de l’Etat algérien, du régime républicain ».
Au vitriol, contre le « ministre de la pub »
Dans un article encore plus violent intitulé le « ministre de la pub… rapetisse le métier des grands », El Khabar reproche à Hamid Grine d’avoir « fui au Maroc en 1994 quand l’acier est devenu rouge ici… « .
Hamid Grine, ajoute-t-il, a été désigné – au Maroc – rédacteur en chef de La Vie Economique alors qu’il n’était qu’un « journaliste sportif ».
El Khabar explique cette désignation par des considérations « politiques » à un moment où les relations entre l’Algérie et le Maroc étaient devenues tendues à la suite de l’attentat de Marrakech de 1994 qui avait poussé Rabat a instaurer le visa pour les Algériens et Alger à fermer sa frontière terrestre avec son voisin.
Selon le journaliste d’El Khabar, ce serait le peu d’enthousiasme de Hamid Grine pour la cause du Sahara Occidental qui expliquerait cette désignation. « Hamid Grine a déclaré à des journalistes marocains, lors d’une rencontre en Europe : ‘Je ne vois aucune utilité à l’attachement de l’Algérie à l’indépendance du Sahara Occidental car cela lui faire perdre un pays frère et sérieux plus utile à l’Algérie que le Sahara’ ».
Autre charge retenue contre Grine : le « convoyage » d’un certain nombre de journalistes à Charm-El-Cheikh, en Egypte, pour les « offrir » au Naguib Sawiris, patron de Djezzy, où l’actuel ministre exerçait la fonction de chargé de la communication. Après le retour de ces journalistes en Algérie, Naguib Sawiris a pu dire : « L’Algérie et les Algériens sont sous ma botte ».
La guerre qui couvait entre le couple El-Khabar–El Watan et le ministre de la Communication est désormais ouvertement déclarée.