Algérie - Le ministre de la Communication Hamid Grine est devant le « tabou » de l’argent de l’ANEP - Maghreb Emergent

Algérie – Le ministre de la Communication Hamid Grine est devant le « tabou » de l’argent de l’ANEP

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Hamid Grine connaît le fonctionnement de la presse privée pour avoir dirigé, pendant des années, la communication de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy, l’un des plus grands annonceurs privés en Algérie. Aura-t-il les coudées franches pour remettre en cause le système opaque de distribution des annonces du secteur public confiée depuis 20 ans exclusivement à l’Agence nationale d’Edition et de publicité (ANEP) ?

 

 

A chacune de ses sorties médiatiques, le nouveau ministre de la Communication Hamid Grine ne s’empêche pas de rappeler aux patrons de presse que la manne publicitaire de l’ANEP doit aussi profiter aux journalistes, aussi bien à leur formation qu’à l’amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles.

Hamid Grine, qui connaît bien le fonctionnement de la presse privée pour avoir dirigé pendant des années la communication de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy, l’un des plus grands annonceurs privés en Algérie, s’attaque aux journaux qui bénéficient d’une importante manne publicitaire publique mais qui ne sont pas viables économiquement. Dans une interview à TSA publiée hier, il rappelle que certains journaux privés reçoivent une manne publicitaire conséquente de l’ANEP alors qu’ils sont endettés auprès des sociétés d’impression. « Avec des rentrées d’argent de 30 millions de dinars, des charges de fonctionnement de 7 millions de dinars, soit 23 millions de dinars de bénéfices, ils sont incapables de payer les imprimeries de l’Etat ?», s’était-il déjà interrogé lors d’une visite à Tizi-Ouzou la semaine dernière.

Pour le ministre de la Communication, la presse privée, qui bénéficie de l’argent de l’ANEP, doit cesser de fonctionner avec « la mentalité d’assisté » de l’Etat. « (…) Si un journal n’est pas viable économiquement et financièrement et s’il a une mauvaise gestion, il faudrait qu’il arrête », a-t-il déclaré à TSA. Et de s’interroger : « Où va l’argent qu’il gagne grâce à la pub ? D’ailleurs, certains voient la pub de l’Etat comme un droit constitutionnel. »

 

L’équation de la professionnalisation de la presse

 

« Professionnaliser » la presse nationale passe, pour Hamid Grine, par l’élaboration d’un nouveau plan média pour l’ANEP et l’instruction des imprimeries publiques pour qu’elles soient moins « généreuses » et moins indulgentes avec les éditeurs de journaux. Cela passe également, explique-t-il, par le respect des « règles élémentaires du journalisme » pour les journalistes et des règles de la commercialité pour les entreprises de presse.

Cependant, lui qui donne l’impression de faire bouger les lignes, affirme qu’il opère selon une feuille de route tracée par le Président Bouteflika, sera-t-il capable de démanteler le système opaque de la distribution de la manne publicitaire de l’ANEP ?

En attendant que l’ANEP prenne prendre en compte, dans la distribution de la publicité étatique, les critères de « commercialité », de « tirage, de « professionnalisme », etc., les imprimeries publiques ont commencé à adresser des mises en demeure à de nombreux journaux pour qu’ils honorent leur dettes. Une autre question se pose ici : si des journaux ayant bénéficié de la publicité étatique (dont les seuls bénéficiaires sont, en réalité, leurs patrons) étaient amenés à disparaître, qu’adviendrait-il des journalistes et autres salariés, qui, eux, souvent ne sont même pas déclarés à la sécurité sociale ?

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