Le ministre du commerce Bakhti Belaïb, qui a réaffirmé sa conviction que le Crédoc sanctionne l’économie nationale, a déploré que le groupe Cevital ne répercute pas sur le marché national la baisse des prix du sucre sur les marchés internationaux.
Le ministre du commerce M. Bakhti Belaïb a annoncé dimanche la suppression prochaine du crédit documentaire, le fameux »Crédoc », utilisé pour payer les importations. Mettant fin à la procèdure du Remdoc (remise documentaire), dans la foulée de la loi de finances complémentaire en juillet 2009 par Ahmed Ouyahia, alors premier ministre, le Credoc, vivement contesté par les opérateurs économiques, a été maintenu par le gouvernement de M. Abdelmalek Sellal, malgré les difficultés qu’il aurait causées aux importateurs algériens. Le Crédoc, que M. Belaïb souhaite abroger « le plus rapidement possible », était supposé éliminer les importations frauduleuses. La procédure impose de payer à l’avance la marchandise importée, ce qui est supposé éliminer de fait les paiements frauduleux. Les importateurs algériens ont contourné cette contrainte en faisant des virements au profit d’entreprises qu’eux-mêmes lançaient à l’étranger sous des prête-noms, le plus souvent des proches. M. Belaïd a déclaré à la radio chaîne 3 dimanche qu’il maintient toujours une position très hostile à cette formule, qu’il avait qualifiée de « crime économique» avant son entrée au gouvernement.
Le Crédoc doit disparaître
Interrogé pour savoir s’il maintenait ce jugement, il a répondu par l’affirmative, précisant que le premier ministre Abdelmalek Sellal partage son point de vue. « Si j’adopte cette position, c’est que je ne suis pas en position de rébellion contre mon premier ministre », a-t-il dit. »Le mode de paiement de la marchandise avant même de l’avoir reçue sanctionne l’économie nationale, et je suis contre ce système. Je suis un militant pour le démantèlement le plus rapidement de ce mode de paiement », a-t-il ajouté. Militant de l’abrogation du Crédoc. Exprimant sa « colère » sur le sujet, M. Belaïd a précisé qu’il est un « militant pour le démantèlement le plus rapidement possible de ce mode de paiement ». Tout en provoquant un surenchérissement des importations, cette formule alourdit la procédure, sans donner de résultats tangibles dans la lutte contre les surfacturations et les transferts illicites de devises, selon le ministre du commerce. « Il est déplorable de constater que des opérateurs algériens de bonne foi soient arnaqués par des fournisseurs étrangers parce qu’on les oblige à payer d’avance leur marchandise », a-t-il ajouté.
Critiques contre le groupe Cevital
M. Belaïb a par ailleurs déploré qu’un nouveau monopole se soit établi sur le marché algérien du sucre. Sans jamais citer l’homme d’affaires Issad Rebrab, le ministre du commerce a indiqué qu »’un privé » contrôle 80% du marché algérien. Au-delà de 45%, on parle déjà de « position dominante », qu’il faut corriger, a-t-il dit. M. Belaïb s’est toutefois abstenu de le critiquer, déclarant que c’est plutôt la faute de l’Etat, qui va agir pour remédier à cette situation, a-t-il dit. La solution mise en place concerne l’encouragement de nouveaux producteurs, dont trois devraient arriver sur le marché très bientôt. La production algérienne dépassera alors largement les besoins du marché national. Pour autant, M. Belaïb a assuré que les nouveaux arrivants s’inscrivent dans une perspective d’exportation.
La baisse des cours du sucre pas répercutée sur le marché local
M. Belaïb a critiqué l’homme d’affaires Issaad Rebrab sur un autre terrain. Il lui a reproché de ne pas répercuter à la baisse les prix de certains produits, qui étaient à la baisse sur le marché international. Il a ainsi indiqué que M. Rebrab détient des stocks de sucre roux pour deux années de production, grâce aux importations réalisées quand le marché international était orienté à la baisse. Le patron du groupe Cevital a fait le bon choix. Par contre, cela n’a pas eu pour effet une baisse du prix du sucre en Algérie. »La baisse des prix sur le marché international n’est pas respectée sur le marché national », relève le ministre pour qui, il s’agit là d’une »une infraction, et on va la combattre dans le cadre de la loi ». L’encouragement de nouveaux producteurs de sucre avait été perçu, en Algérie, comme une remise en cause du pouvoir de M. Rebrab, première fortune du pays, qui parait en disgrâce depuis quelques mois.