Selon l’expert, si cette mesure est faite pour contribuer à inciter les banques à développer d’autres activités que le commerce extérieur, notamment le crédit aux entreprises, elle constitue « une bonne mesure ».
La nouvelle instruction de la Banque d’Algérie qui fixe de nouveaux plafonds pour les engagements extérieurs par signature des banques et établissements financiers ne peut avoir d’effets sur les importations, estime l’expert financier et consultant international, Lies Kerrar.
Selon lui, cette mesure augmente juste le niveau de fonds propres que doit mettre en place la banque pour ouvrir des crédits documentaires. « Ce n’est pas une mesure qui peut avoir un effet sur les importations. A capital égal, cela réduit de moitié la capacité des banques à ouvrir des lettres de crédit. Mais si la demande d’importations est là, les banques recapitaliseront pour répondre à la demande », a expliqué M. Kerrar dans une déclaration à Maghreb Emergent.
Dans une instruction datée du 23 novembre dernier et applicable à compter du 1er décembre 2014, la Banque d’Algérie a limité le niveau des engagements extérieurs par signature des banques et établissements financiers à « deux fois leurs fonds propres réglementaires tels que définis par la réglementation prudentielle en vigueur ».
Selon M. Kerrar, si cette mesure est faite pour contribuer à inciter les banques à développer d’autres activités que le commerce extérieur, notamment le crédit aux entreprises, elle constitue « une bonne mesure ». cependant, relève-t-il, à elle seule cette mesure ne suffit pas. « Mais si cela fait partie d’une politique globale permettant de rééquilibrer les incitatifs du marché bancaire (entre le Comex et l’activité de crédit aux entreprises) c’est bien ».
Réformer l’environnement des affaires
Lies Kerrar a, par ailleurs, indiqué qu’il n’y a pas de moyens pour réduire les importations, sans affecter le pouvoir d’achat et sans réformer l’environnement des affaires. « Tous les leviers classiques ne peuvent fonctionner car notre problématique est la capacité à produire localement de façon compétitive », a-t-il analysé. D’après lui, il y a des moyens pour rendre la production locale plus compétitive (agir sur cours du dinar notamment) et permettre de réduire les importations sans affecter de façon très importante le pouvoir d’achat des Algériens.
Mais pour cela, dit-il, « il faut avoir fait avant les réformes qui permettent de produire de façon compétitive en Algérie: Réformer l’environnement des affaires ». Il énumère quelques mesures à court terme, qui peuvent, selon lui, aider à freiner l’augmentation des importations. Il s’agit d’abord de toutes les importations qui dépendent directement ou indirectement de la dépense publique. Si celle-ci diminue ou est dirigée vers des biens et services produits localement cela peut aider », observe-t-il.
L’autre levier est celui des importations des biens d’équipements qui représentent une part importante des importations. Selon lui, autoriser et encourager l’importation d’équipements usagés permettrait de réduire de façon importante la facture de ces importations, pour le même résultat en termes d’installation de capacités industrielles. Pareil pour l’importation des véhicules. Permettre l’importation de véhicules usagés permettrait d’aider à réduire le coût de ces importations, selon le DG du cabinet Humilis Finance.