Le projet de loi de finances 2016 devrait être adopté lundi par des députés Algériens divisés sur l’austérité préconisée par le gouvernement dans le sillage de la baisse de presque de moitié des recettes pétrolières entre 2014 et 2015.
C’est dans une ambiance survoltée que se sont déroulés les débats des parlementaires sur ce PLF2016. Le ministre des finances Abderahmane Benkhalfa a du monter à deux reprises au front pour rassurer une opposition très critique vis à vis d’un projet de loi de finances qualifié »d’impopulaire » et servant les intérêts de »l’oligarchie ».
Par les chiffres, le PLF 2016 table sur des dépenses budgétaires globales de 7.984,1 milliards de DA, avec 4.807,3 md de DA consacrés au budget de fonctionnement, et 3.176,8 md de DA pour celui d’équipement. Les dépenses budgétaires sont ainsi en baisse de 9% en 2016 par rapport au budget de 2015. Quant aux recettes, elles sont de 4.747,43 md de DA dont 3.064,88 md de DA pour les recettes ordinaires et 1.682,55 md de DA pour la fiscalité pétrolière. Le montant global des recettes escomptées pour 2016 est en baisse de 4,3% comparativement à la loi de finances complémentaire 2015 (4.953 md DA) et en hausse de 1,3% par rapport à la LF 2015 (4.684,6 md DA). La croissance globale prévue est de 4,6%, une inflation maîtrisée de 4% et un déficit du solde global du Trésor de 2.452 md de DA. Quant aux réserves du Fonds de régulation des recettes (FRR), elle sont estimées à 1.797 md de DA à fin 2016. Les transferts sociaux par ailleurs seront maintenus en hausse à 7,5 à 23% du budget de l’Etat, avec une enveloppe de 477 milliards de DA pour le soutien à l’habitat, 446 milliards de DA pour le soutien aux familles, dont 222 milliards de DA pour la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huile), ainsi que 316,5 milliards de DA pour le soutien à la santé publique.
Menaces sur les fondamentaux
Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, qui a défendu le PLF2 016, a cependant reconnu l’existence de « risques à moyen et long termes sur les équilibres budgétaires ». L’inquiétude du ministre est motivée par des indicateurs macroéconomiques qui devraient se dégrader en globalité durant l’année 2016. C’est ainsi qu’en évoquant le cadrage macroéconomique du PLF 2016, le ministre des Finances parle de la baisse des revenus issus de l’exportation d’hydrocarbures. Ces derniers devraient ainsi s’établir à 26,4 milliards de dollars en 2016, contre une prévision de clôture de 33,8 milliards de dollars en 2015. Le premier argentier du pays a également évoqué le niveau des réserves de change qui risquent de passer de 151 milliards de dollars en 2015 à 121 milliards à fin 2016. Un niveau qui représente 23 mois d’importations. Des chiffres qui ne semblent pas entamer pour autant l’optimisme du ministre des Finances, qui estime que « ce niveau de réserves est plus important que ce dont disposent de nombreux pays. «Encore faut-il préserver ces réserves et ne pas alimenter les importations», a ajouté prudemment M. Benkhalfa. Autre chiffre inédit annoncé par le ministre des finances, le gouvernement table sur un déficit budgétaire de 12% en 2016.