Retour sur le procès du journaliste animateur de la webradio Sarbacane à Constantine Abdelkrim Zeghileche qui s’est déroulé le 13 novembre dernier au tribunal de Constantine.
Dans son intervention le procureur de la République qui avait requis trois ans de prison ferme contre le journaliste, a nié catégoriquement l’instrumentalisation de son institution pour des fins politiques. Il a expliqué que l’affaire qui oppose le journaliste à son ancien ami et collègue à la webradio « Sarbacane » M. Mohamed Attafi n’a rien de politique. Il s’agit d’une affaire de diffamation et d’atteinte à un fonctionnaire en exerce de ses fonctions qui oppose deux personnes qui se connaissent. En d’autres termes, l’engagement politique et militant de Abdelkrim Zeghileche n’a aucun rapport avec ce procès, explique le parquet.
Cette explication tient la route dans l’apparence vu que l’accusé à utilisé des propos « déplacés » dans la critique de la démarche de son ancien ami qui a répondu favorablement à une invitation qui lui a été adressée par la wali de Constantine pour assister à une réunion portant sur l’évaluation de rentrée scolaire.
Toutefois, la défense a souligné des zones d’ombre qui ont caractérisé cette affaire dès le dépôt de plainte par Mohamed Attafi. En effet, Me Zoubida Assoul s’est interrogé sur la rapidité des agents de la police judicaire qui ont arrêté l’accusé un vendredi sans lui permettre de porter ses chausseurs. « Il a été arrêté près de chez lui par des policiers qui ont mobilisé trois véhicules. Ils n’ont pas présenté un mandat d’arrêt », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Arrêter une personne de cette manière un vendredi et l’entendre le jour même laisse penser qu’il s’agit d’une arrestation d’un dangereux criminel. L’affaire aurait pu être réglée en envoyant une simple convocation au concerné ».
L’avocate a par suite regretté le placement de son client sous mandat dépôt pour une simple affaire. « Le placement du journaliste sous mandat de dépôt pour avoir sévèrement critiqué son ami pose des interrogation. Depuis m’exercice du métier d’avocat je n’ai pas vu une affaire comme celle-ci », s’étonné Me Assoul qui se dit convaincue que le procès d’Abdelkrim Zeghileche est « Politique ». Son argument de taille : « Il a été arrêté pour diffamation, il se retrouve le jour du procès avec trois chefs d’inculpation. On ne sait pas comment on a rajouté deux autres accusations au cours de l’enquête ». Pour l’avocate l’engagement politique du journaliste et son opposition aux responsables locaux et nationaux a pesé dans cette affaire.
Dans sa plaidoirie, Me Mustapha Bouchachi a estimé le cachet politique est omniprésent dans le déroulement de cette affaire. Expliquant son constat, l’avocat qui a assuré la présence de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme pendant près de 5 ans, a affirmé que la partie plaignante n’a pas pu trouver sa qualité de fonctionnaire de fonctionnaire pendant le déroulement des faits. « Rien n’indique qu’il a été reçu à la wilaya en sa qualité d’inspecteur de l’éducation puisque cet personne possède plusieurs casquettes à la fois », a déclaré Bouchachi. Comme Assoul, il croit la touche politique est visible. Poursuivant son intervention il dira : « La situation en Algérie se dégrade davantage avec la multiplication de ces procès politique ».
Une tentative de faire taire les gens selon Boumala
Rencontré en marge du procès, l’écrivain et journaliste Foudil Boulama se dit persuadé que la traduction Abdelkrim Zeghileche devant le juge s’inscrit dans une démarche globale qui vise à faire taire toutes les voix dissidente dans le pays. « On veut le faire taire et faire peur aux autres », a-t-il accusé. Il ajoute : « On a instrumentalisé une affaire banale ». Les opposants comme Abdelkrim Zeghileche n’arrêtent de subir des pressions multiformes pour les faire taire. Une opinion parfaitement partagée par le président du Parti Jil Jadid Djilali Sofiane présent également au procès.
Le procès couvert difficilement par la presse
Les quelques rares journalistes qui ont fait le déplacement au tribunal de Constantine pour couvrir le procès ont rencontré des difficultés à rentrer dans la salle de l’audience. Les services de sécurité présents en force à la porte du tribunal mais également dans ses alentours n’ont laissé les journalistes accéder au siège du tribunal, a-t-on constaté sur place. Leur explication : Des instructions venues d’en haut. Invités à quitter les lieux, les journalistes font appel à l’avocate Zoubida Assoul qui a posé le problème au procureur de la République qui a fini par autoriser les journalistes et quelques personnalités venues apporter leur soutien au journaliste à accéder à la salle du procès. Commentant l’agissement des services de sécurité l’avocate qui est aussi une ancienne juge dira que le refus de laisser les journalistes et les autres personnes d’assister au procès est contraire à la loi. « Il s’agit d’une violation de la loi », dit-elle.
Une seconde affaire contre Abdelkrim Zeghileche en instruction
Les déboires du journaliste animateur de la radio web Sarbacane Abdelkrim Zeghileche n’en finissent pas. Quelque soit le verdict annoncé le 27 du mois en cours sur la première affaire, le journaliste restera en prison. Et pour cause : Le juge d’instruction auprès du même tribunal l’a placé en mandat de dépôt pour une autre affaire. Elle concerne la diffusion d’une web radio sans autorisation, a-t-on appris de Zoubida Assoul. La date du procès n’est pas encore fixée.