Le verrouillage du champ médiatique en Algérie s’accentue ces dernières semaines, et va même au-delà des frontières nationales.
Il s’agit d’une véritable guerre que mène le pouvoir contre les médias classiques et les réseaux sociaux qui continuent de résister à l’ordre établi et de donner les nouvelles du Hirak à l’opinion publique nationale et internationale.
Chantage publicitaire, censure, blocages des sites, fermeture des pages facebook, pressions sur les prestataires de services satellitaires, annulation d’accréditation aux journalistes étrangers, arrestations de journalistes algériens et autres, tous les moyens sont bons pour faire taire les voix dissidentes et autonomes.
Des pratiques qui commencent à inquiéter les ONG de défense des droits de l’homme ainsi que les institutions des Nations-unis.
Des chaines TV et radio, la première victime
Les chaines de télévisions publiques et privées ainsi que les radios publiques sont la première victime de ce verrouillage. Après la démission du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, le mois d’avril dernier, les directions des chaines TV ont été instruites de ne pas couvrir les manifestations du vendredi et du mardi et de ne plus inviter sur leurs plateaux des personnes qui s’opposent à la feuille de route du régime.
Petit à petit, toutes les chaines de télévisions installées en Algérie, ont fini par céder aux pressions. En effet, aucune chaine ne couvre désormais le Hirak et ne donne des informations relatives à l’arrestation d’activistes. Pis, certaines chaines sont devenues des tremplins pour la propagande du régime. Des propos haineux et parfois racistes sont diffusés sans aucune gêne par ces chaines.
Les correspondants étrangers sous embargo
Après les chaines TV nationales, le pouvoir s’est occupé des correspondants de la presse étrangère. Le directeur du bureau de l’AFP en Algérie, Aymeric Vincenot a été sommé le mois d’avril dernier, de quitter le terroir algérien.
Les médias étrangers voulant couvrir le Hirak n’ont pas été autorisés à venir. Les demandes d’accréditation des médias étrangers en Algérie restent sans suite. Les choses ne s’arrêtent pas là, des journalistes algériens travaillant à la pige avec des médias étrangers sont surveillés et convoqués par les services de sécurité. On peut citer dans ce cas Sofiane Merrakechi et Khaled Drareni.
Blocage des journaux électroniques
A partir du début du mois de juin, le pouvoir s’est attaqué aux journaux électroniques.
Tout sur l’Algérie (TSA), est le premier média électronique à subir la censure. Ce site n’est pas visible en Algérie.
La décision de bloquer le site a été prise en dehors du cadre légal, dénonce la direction du média. Très vite, la liste des médias électroniques bloqués en Algérie s’est alongée.
On compte désormais, une dizaines de web d’information inaccessibles en Algérie. Il s’agit entre autre du TSA, Algérie Patriotique, Interlignes, Obseralgerie, Où va l’Algérie, Algériepart, etc.
Al Magharibia TV et Hirak TV non bloquées
Bien que leurs locaux se trouvent à l’étranger, les deux chaines TV soutenant le Hirak Al Magharibia TV et Hirak TV n’ont pas échappé au verrouillage médiatique.
Al Magharibia TV a cessé d’émettre mardi soir, suite à une décision unilatérale prise par la compagnie Eutelsat de bloquer la chaine son satellite.
« Le pouvoir algérien a exercé des pressions sur la compagnie pour qu’elle prenne cette mesure », accusent les responsables d’Al Magharibia TV qui citent un document émanant de fournisseur d’accès au service du satellite.
Le jeune chaine Hirak TV lancée la soirée du jeudi dernier a subi le même sort d’Al Magharibia TV moins de 24 heures après son lancement.
Par ailleurs, l’instrumentalisation de la publicité publique continue à être un outil efficace entre les mains du pouvoir.