Les derniers chiffres du Cnis font état d’un recul de 1,68% des quantités de médicaments importées au cours des sept premiers mois de 2016, comparé à la même période en 2015. « Ce ralentissement de la croissance des importations devrait se poursuivre tout le long du deuxième semestre 2016 pour revenir à des chiffres bien moins importants », estime M. Mellah, DG des Laboratoires Merinal.
Le marché du médicament (produits pharmaceutique humain, et à usage vétérinaire ainsi que les matériels médicaux) a été, dès la fin 2014, parmi les marchés visés par « les mesures de rationalisation des importations » du gouvernement Sellal.
L’objectif fixé : réduire la facture des importations, et atteindre une autosuffisance de 70% par la production locale. Dans ce contexte, le ministère de la Santé décidait en 2014 d’arrêter une liste de médicament et matériels médicaux interdits à l’importation car, fabriqués en Algérie. Les effets de cette mesure ont été observés dès le premier trimestre 2015. Toutefois, ce résultat était corrélé au retard pris dans la délivrance des programmes d’importation causant, en outre, des ruptures de stock.
« Cette année en revanche la majorité des programmes ont été remis dans les délais, ce qui a permis de lancer les importations au début de l’année », fait savoir M. Nabil Mellah, Directeur Général de Merinal, l’un des plus grands producteurs privés algériens de médicament.
En effet, un arrêté ministériel de décembre 2015 avait établi une liste de 357 médicaments et 11 matériels médicaux interdits d’importation. « D’ailleurs nous voyons qu’il y a un ralentissement de cette augmentation des importations qui est passée de 51% pour les 5 premiers mois, à 34% pour les 6 premiers mois » souligne M. Mellah.
Ce responsable soutient que le volume des importations continuera dans cette tendance baissière. « Les importations en 2015 ont été de 1,96 milliards de dollars, alors que seulement 846 Millions de dollars ont été importés durant le premier semestre 2015. Cette année, la logique devrait être inversée : le deuxième semestre 2016 devrait être inférieur au premier semestre 2016 », argue le DG de Merinal.
Notons cependant que pour les sept premiers mois de l’année en cours, le volume des importations a connu une légère augmentation, selon le Cnis, à 14.643 tonnes.
La dévaluation du dinar : incidence négative sur la facture des importations
Les douanes algériennes ont fait état, en outre, d’une augmentation de 10% de la facture des importations qui s’est établie à 1,14 milliards dollars entre janvier et juillet 2016 contre 1,03 mds pour la même période en 2015.
Selon M. Nabil Mellah, pour calculer réellement le coût des importations en médicaments, il faudrait s’intéresser à l’évolution des chiffres d’importation des produits hospitaliers et particulièrement de ceux de la Pharmacie Centrale des Hôpitaux. « Si nous étudions le marché ville (non hospitalier)-selon IMS Health-, il a connu une croissance en dinars de seulement 2%. Etant donné la dévaluation du dinar versus dollar, la croissance en dollars a même dû être nulle, voire il y a peut-être eu décroissance », soutient-t-il. « De plus les données des consommations hospitalières dont plus de 90% des importations sont réalisées par la Pharmacie Centrale des Hôpitaux ne sont pas disponibles. Donc il faudrait s’intéresser à l’évolution des chiffres d’importation des produits hospitaliers et particulièrement de la Pharmacie Centrale des Hôpitaux pour pouvoir mieux analyser » estime-t-il.
Au sujet de l’importation des intrants -pour la fabrication des médicaments-, le DG de Merinal a fait savoir que « les laboratoires pharmaceutiques qui importent ont tendance à essayer d’épuiser leurs programmes d’importation au plus vite, afin de pouvoir déposer des demandes d’avenants pour répondre aux besoins réels du marché. » Selon lui, « ceci pourrait expliquer également l’accélération des importations durant le premier semestre 2016, sachant par ailleurs que les quantités des programmes d’importations délivrés par l’autorité est toujours revues à la baisse par la tutelle.»