Des femmes qui votent et d’autres non… Pourquoi? Ici des témoignages recueillis dans plusieurs quartiers d’Alger. L’appel de Sellal a forcé les maris à aller voter suscite le rejet général.
Au centre de vote CEM Abderahman El Kawakibi, dans le quartier La Concorde à Bir Mourad Raïs, le nombre de femmes ayant voté en cet après-midi, est timide. Les salles réservées aux femmes sont vides et les assistants s affirment n’avoir enregistré qu’entre 20 et 25 votantes dans chaque salle.
Au deuxième étage, la seule femme présente pour voter est du quartier ; elle a la quarantaine. Elle a confié à Maghreb Emergent qu’elle vote par simple habitude : « J’ai voté bien qu’aucun des candidats ne m’intéresse. De toutes les manières, ce sont à chaque fois les mêmes résultats. Le changement est loin d’être pour bientôt. »
« Un vote de conviction »
Hassiba, assistante sociale, accomplit ce « devoir » depuis l’époque du parti unique ; le vote, pour elle, mène à un avenir meilleur : «Je vote par conviction. J’ai toujours répondu présente ! ».
Interrogée sur ses attentes, elle déclare que les handicapés et la gente féminine sont les plus concernés par le changement : « En tant qu’assistante sociale, je rencontre bon nombre de ces gens et je pense que les prochains députés doivent défendre les droits de ces deux catégories. »
Un peu plus loin dans le même quartier, un centre de vote est aussi marqué par la timide participation des femmes. Une grand-mère âgée de 65 ans a relevé l’importance du vote : « Je vote non pas pour les candidats mais pour notre pays. J’estime que ne pas voter est synonyme d’irresponsabilité », a-t-elle martelé.
Sellal ne passe pas
Au sujet de l’appel lancé par le Premier ministre Abdelmalek Sellal d’obliger leur époux à aller voter, elle ne cache pas son courroux. «Mon mari est assez suffisamment et responsable pour décider seul. Je n’ai pas à l’obliger à faire quelque chose » dit-il en ajoutant qu’il est venu voter de son «plein gré »
Dans d’autres quartiers, des femmes disent leur peu d’intérêt pour le vote. Fadela, 64 ans, dit que les partis ne tiennent jamais leurs promesses. « Mon mari et moi, nous n’avons jamais raté un rendez-vous électoral. Mais au fil des années, j’ai observé que le paysage politique en Algérie ne change jamais. Ce sont toujours les mêmes qui font les mêmes discours. J’ai donc fini par boycotter. Plus jamais je voterais ».
Distance à l’égard de la politique
Une enseignante d’anglais est dans la même optique. « C’est une abstention personnelle, une attitude distante prise depuis quelques années à l’égard de ce qui se passe en politique et dans la vie sociale et économique en Algérie» dit-elle.
Soumia (28 ans) préfère voter blanc plutôt que de s’abstenir. «Je vote blanc pour affirmer ma présence dans la liste et dire qu’aucun des candidats présents ne m’a convaincu »