Ce qui devait être un méga-investissement saoudien de 15 milliards de dollars dans le secteur des phosphates et qui a été présenté, l’espace d’un moment fugace comme un gros succès de Abdeslam Bouchouareb n’était que du vent, révèle une enquête de Tariq Hafid, publiée aujourd’hui dans Le Soir d’Algérie.
Le mercredi 15 février 2017 sous les regards satisfaits du ministre algérien de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb et du ministre saoudien du Commerce, Madjid Ben Abdallah Al Qasabi, 8 mémorandum d’accords ont été signés entre l’Algérie et l’Arabie Saoudite.
Les plus importants et le plus prometteurs étaient les trois accords passés entre Asmidal-Manadjim El Djazaïr (MANAL) du côté algérien et Radyolla, côté saoudien pour la production d’engrais à base de phosphate et de gaz naturel. La mine de phosphate de Djebel Onk allait enfin être valorisée à la lumière de ces accords, un véritable jackpot avec un volume d’investissement global de 15 milliards de dollars.
Sauf que c’était du vent, explique un article publié dans le Soir d’Algérie où l’on apprend que le patron de la holding saoudienne Radiola, Abdulaziz Al-Deghaither, a tout simplement « disparu des radars ».
Une coquille vide
Abdeslam Bouchouareb qui aurait pu inscrire le «coup » à son actif a du vite déchanter car Abdulaziz Al-Degaither est devenu rapidement insaisissable. Asmidal n’arrivait plus à le contacter et les cadres du ministère de l’industrie et des mines se décident enfin à faire une recherche sur la holding saoudienne pour découvrir qu’il s’agit d’une coquille vide.
« Ce qu’ils découvrent est invraisemblable : la «méga-holding» n’est qu’une simple entité commerciale enregistré à Riyad sans adresse, ni siège, ni même un site web. Une autre entité dénommée Radyolla Company Ltd a été créée et enregistrée à Londres le 3 septembre 2014 par Abdulaziz Al-Deghaither. Son siège est au 37 Warren Street. Cette adresse est en fait celle de Silver Levene, une société de consulting qui offre des services à différents types d’entreprises, notamment dans les domaines des médias et des loisirs… », rapporte l’article.
Il fallait presque un Algérien dans l’histoire de ce qui semble être une grosse fumisterie. Il est débusqué sur la page Facebook de Radyolla qui n’a que deux fans dont « Faisal Senouci, un Algérien installé en Arabie Saoudite ».
Celui-ci se présente comme « manager à Radyolla » et poste des photos sur lesquelles il prend la pose dans une berline de luxe et devant un jet privé. Il est également présent aux côtés d’Abdulaziz Al-Deghaither dans des réunions avec des entreprises chinoises » rapporte Le Soir.
Contacté par l’auteur de l’article, Senouci ne donne aucune information sur le projet en Algérie mais il évoque néanmoins des « blocages bureaucratique » et suggère que les « responsables (algériens) devraient accorder plus d’intérêt à un projet de 15 milliards de dollars. ».
Le « facilitateur »
L’article évoque les multiples « coups de bluff » du «groupe» d’Abdulaziz Al-Deghaither en Chine et au Mozambique et s’interroge sur sa notoriété internationale comme « facilitateur » d’affaires en Algérie
« Cette notoriété, Abdulaziz Al-Deghaither la doit sûrement à sa proximité avec certains hauts responsables algériens. Le protocole d’accord signé avec le groupement Asmidal-Manal vient le confirmer. Sinon comment expliquer qu’un inconnu à la tête d’un soi-disant groupe industriel soit reçu en grande pompe et signe un protocole d’accord avec deux entreprises publiques de premier plan sous le regard satisfait d’un ministre de la République et de son homologue saoudien ».