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Algérie

L’Algérie compte sur les nouvelles technologie pour alléger la pression sur ses universités surchargées (OBG, document)

Par Yacine Temlali
février 22, 2017
L’Algérie compte sur les nouvelles technologie pour alléger la pression sur ses universités surchargées (OBG, document)

 

Un rapport de la Commission Européenne sur l’enseignement supérieur en Algérie daté de 2012 a fait état d’universités surchargées, bridées par une gestion inadéquate et un manque de ressources. « Chaque année nous recevons jusqu’à 10 000 candidatures mais nous ne pouvons accepter que 2500 étudiants, laissant ceux qui ne sont pas retenus en proie à la frustration et au désarroi, » a déclaré Athmane Lakhlef, doyen de la faculté des sciences économiques de l’Université d’Alger : « La possibilité d’effectuer un master à distance représente une chance pour ceux qui n’ont pas obtenu de place à l’université. »

 

Le recours à des outils d’apprentissage électroniques et d’enseignement télévisuel devrait contribuer à remédier à certains des problèmes de capacité qui freinent depuis des années le développement du secteur de l’enseignement supérieur en Algérie, en améliorant l’accès aux programmes et en facilitant l’apprentissage à distance.

En décembre dernier, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a annoncé le lancement d’un programme pilote de master à distance qui sera proposé dans cinq universités. Les établissements participant à cette initiative – l’Université d’Alger 1 et 3, l’Université de Blida 2, l’Université de Constantine 1 et l’Université d’Oran – prépareront chacun à un diplôme de formation spécialisée afin de répondre aux besoins actuels du marché du travail local.

L’Université d’Alger 3 proposera par exemple une formation en comptabilité afin de satisfaire l’importante demande de la capitale pour des personnes qualifiées dans ce domaine, tandis que l’offre de formation de l’Université de Constantine 1 comprendra un master en administration locale, répondant ainsi à l’annonce du gouvernement d’un projet de mise en place de services d’e-administration et d’e-gouvernement local.

En adoptant ces nouvelles technologies, l’Algérie assigne un rôle moteur aux secteurs de l’éducation et de la recherche dans le cadre de la promotion d’une économie de la connaissance. Une vaste réforme du secteur viendra en outre appuyer la stratégie du gouvernement.

 

Une demande insatisfaite

 

Les autorités comptent sur l’utilisation de ces technologies éducatives innovantes pour alléger la pression subie par les universités du pays qui peinent depuis des années à satisfaire la demande.

Un rapport de la Commission Européenne sur l’enseignement supérieur en Algérie daté de 2012 a fait état d’universités surchargées, bridées par une gestion inadéquate et un manque de ressources.

Les conclusions du rapport sont relayées aujourd’hui par les professionnels de l’éducation. « Chaque année nous recevons jusqu’à 10 000 candidatures mais nous ne pouvons accepter que 2500 étudiants, laissant ceux qui ne sont pas retenus en proie à la frustration et au désarroi, » a déclaré Athmane Lakhlef, doyen de la faculté des sciences économiques de l’Université d’Alger, à la presse algérienne au moment du lancement du programme pilote. « La possibilité d’effectuer un master à distance représente une chance pour ceux qui n’ont pas obtenu de place à l’université. »

 

Enseignement télévisuel

 

L’Algérie compte également lancer sa première chaîne de télévision éducative début 2017.

Tahar Hadjar, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, a expliqué en décembre que la chaîne, baptisée « Savoir », proposerait des conférences, des ateliers et des cours aux étudiants par le biais de vidéo-conférences et de plateformes de formation à distance. La chaîne du savoir devrait permettre un meilleur accès aux études supérieures en Algérie tout en améliorant la qualité des enseignements et de la formation.

Avec « Savoir », l’Algérie est le quatrième pays à se doter d’une chaîne de télévision universitaire sur le continent africain, où ont déjà été lancés la chaîne de l’université ouverte du Soudan, un programme en Mauritanie ainsi que deux chaînes en Egypte, les chaînes de l’Enseignement Supérieur du Nil ainsi que la Chaîne El-Manara pour la Recherche Scientifique.

Les efforts déployés par l’Algérie pour accroître la place de la technologie dans l’éducation font suite à la présentation d’une nouvelle feuille de route qui vise à orienter le pays vers une économie de la connaissance. Lancé en septembre par M. Hadjar, le programme entend relever le niveau de l’enseignement, améliorer l’employabilité des diplômés et développer la recherche.

La feuille de route comporte un système de classement national ainsi qu’un système de contrôle et d’évaluation afin de garantir le respect des normes internationales par les universités algériennes et d’améliorer les services fournis par ces dernières. Elle appelle également à une coopération accrue entre les universités et le monde des affaires pour faire en sorte qu’à l’issue de leurs études les étudiants disposent de qualifications en phase avec le marché du travail.

 

Inclure davantage le secteur privé

 

Aux améliorations prévues en matière de technologie de l’éducation et de normes de qualité viennent s’ajouter des mesures destinées à accroître l’investissement privé dans l’enseignement supérieur.

Si le secteur est en théorie accessible aux acteurs du secteur privé depuis longtemps, la centralisation des programmes et un manque de clarté en ce qui concerne les règlements régissant les universités ont, dans la pratique, limité l’intérêt porté par les investisseurs au secteur.

Désireux d’améliorer le climat de l’investissement, le gouvernement a publié un arrêté ministériel qui ouvre officiellement le secteur de l’enseignement supérieur algérien aux investissements directs en provenance du secteur privé tout en fixant le cahier des charges pour les prestataires souhaitant ouvrir des universités dans le pays.

L’arrêté prévoit un processus en deux étapes pour l’ouverture de toute université privée. L’établissement privé se verra dans un premier temps remettre une autorisation temporaire une fois remplies les conditions fixées par une commission ministérielle. Suivra ensuite une période de formation et de contrôle à l’issue de laquelle une évaluation décidera de l’obtention ou non d’une autorisation finale.

En vertu de l’arrêté est autorisée la création de programmes de formation de premier cycle et de second cycle dans tous les domaines à l’exclusion de la médecine, dans la mesure où ces programmes respectent « les valeurs nationales et les symboles de l’Etat tels que définis par la Constitution. »

Les universités algériennes participent également à des programmes privés internationaux afin de faciliter les échanges interuniversitaires pour les étudiants comme pour les enseignants.

L’école de commerce algérienne INSIM (Institut International de Management) a signé un accord de partenariat pour le développement de MBA avec l’Université de Québec et la Paris Business School of Management. Cette opération conjointe a permis à des professeurs québécois de venir enseigner en Algérie dans le cadre d’un MBA pour cadres. D’autres initiatives du même type ont été lancées en Algérie, témoignant de l’intensification des mesures prises par le pays afin d’améliorer son offre dans le domaine de l’enseignement supérieur et de mieux préparer les étudiants au marché du travail.

 

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