Quelque 300 médicaments manquent toujours dans les pharmacies alors que le ministère de la Santé continue à nier toute sérieuse pénurie. Pour lui, les tensions sur les produits de soins ou ceux entrant dans leur composition sont dues aux retards occasionnés lors du contrôle de leur mise en conformité.
Les patients continuent de souffrir le martyre pour obtenir les médicaments dans les pharmacies, alors qu’aucun signe ne vient du ministre de la Santé pour annoncer la fin de la rupture de stocks de certains produits qui dure depuis janvier dernier.
La liste des produits concernés est longue et concerne aussi bien le générique que le princeps. Les pouvoirs publics continuent de minimiser les effets de cette pénurie. Or, environ 300 médicaments manquent toujours dans les pharmacies alors qu’ils entrent dans le traitement de plusieurs maladies. Acide ascorbique, Clorazépate, Rimexolone et Codéine sont parmi ceux qui sont cités par les pharmaciens en tant que produits en rupture de stocks.
Les programmes d’importations en attente ou… lancés en retard
Nos sources indiquent qu’à ce jour, 80% des programmes d’importation des produits finis n’ont pas été délivrés par la tutelle. Quant aux programmes d’importation des matières premières, ils n’ont été délivrés qu’à la fin du mois de décembre 2016, ce qui retarde la mise sur le marché de médicaments.
Pis encore, il est à craindre une plus grande désorganisation du marché car cette situation engendrera une perturbation de l’outil de production locale : les temps des commandes, des acheminements et des dédouanements sont incompressibles et des retards dans le fonctionnement de la chaîne de production ne sont donc pas exclus.
Même les laboratoires algériens publics et privés ne sont pas épargnés par ces difficultés d’approvisionnement, ce que complique encore davantage la situation.
Des pénuries répétitives
La pénurie de médicaments n’est pas nouvelle, et la direction de la Pharmacie au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière n’arrive pas à trouver une solution pour éviter aux patients munis d’ordonnances d’en faire de simples amulettes ou de solliciter des connaissances à l’étranger qui leur fassent parvenir des médicaments dans des conditions pas toujours réglementaires. Il faut rappeler qu’en 2015, le manque de disponibilité de médicaments a déjà été signalé et que le ministère continuait à nier qu’il y ait la moindre pénurie.
Suite aux informations relayées par les patients évoquant la pénurie de certains médicaments, le ministère préfère répéter qu’il y a un suivi pour parer à tout problème et intervenir en cas de pré-rupture, de rupture ou de tension. C’était, en tout cas, le point de vue du directeur de la Pharmacie et des équipements au ministère de la Santé, Hamou Hafedh. Pour lui, « les programmes prévisionnels d’importation, que ce soit de la matière première ou du produit fini, sont menés de manière régulière et continue » et lorsqu’il existe des tensions, elles sont « systématiquement maitrisées ».
Le ministère accuse les « retards » lors du contrôle de mise en conformité
Ce discours est contredit par la situation sur le terrain. Les pharmaciens affirment que le problème de pénurie existe réellement en parlant de médicaments essentiels destinés à plusieurs pathologies. Ils estiment que la validation des programmes d’importation n’a pas été effectuée à temps.
Pour Hamou Hafedh les programmes prévisionnels d’importation de produits de soins vont permettre de rétablir la disponibilité, de certains parmi eux, ajoutant qu’il n’en existe pas moins, sur le marché, des médicaments génériques qui pourraient les remplacer. Les tensions sur les produits de soins ou ceux entrant dans leur composition sont dues, de son point de vue, aux retards occasionnés lors du contrôle de leur mise en conformité.