Algérie-Les pluies accusent du retard, mais on ne parle pas encore de sécheresse - Maghreb Emergent

Algérie-Les pluies accusent du retard, mais on ne parle pas encore de sécheresse

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L’été indien se poursuit en Algérie. Températures clémentes, voire élevées, au-dessus de trente degrés fin octobre. Une situation peu appréciée par les fellahs, qui commencent à s’inquiéter d’un risque  de sécheresse.

 

Il n’a pas plu en Algérie en ce début d’automne. A fin octobre, aucune région du pays n’a enregistré de précipitations significatives. Le niveau des barrages, sans être alarmant, a sérieusement baissé. A un point tel que les premières restrictions sont enregistrées pour l’irrigation. On ne peut pas pour autant parler de sécheresse. La saison est encore à ses débuts. D’ailleurs, l’eau est disponible en abondance pour irriguer la pomme de terre de saison, arrivée un stade crucial, dans la plaine du Chéliff. Le ministre des ressources en eau, Hocine Necib, se veut rassurant. L’effort lancé à la suite de la crise de 2001 a porté ses fruits. Le pays  est désormais à l’abri de situations extrêmes

Treize stations de dessalement

Mais dans les esprits, la crise de 2001 est encore présente. Cette année-là, les précipitations avaient baissé de moitié. Sur l’ouest, elles avaient baissé de 70%. A un point tel que le gouvernement avait  très sérieusement envisagé de ramener de l’eau par bateau à partir de l’étranger.

Un vaste plan d’équipement a été lancé pour sécuriser les villes, en construisant treize stations de dessalement. Neuf ont été réalisées, et deux autres seront réceptionnés avant la fin de l’année en cours, selon M. Necib, celle d’Oran, avec son demi-million de mètres cubes/jour, et cette de Ténès, qui produira 100.000 mètres cube/jour. Avec les stations de Taref et Béjaïa, en projet, le pays totalisera une capacité de 2.1 millions de mètres cube/jour d’eau  issus du dessalement, ce qui représente près de deux fois les besoins d’Alger.

Petits ruisseaux…

Mais il s’agit là de rattrapages. Pour l’avenir, le chemin est encore long. Les besoins en eau pour l’irrigation explosent, d’autant plus que le ministère de l’agriculture veut arriver à un million d’hectares de céréales irriguées, alors que les besoins de la population augmentent, en quantité et en qualité. Selon M. Necib, 75% des Algériens reçoivent de l’eau potable au quotidien, et 45% en H24.

Différentes pistes sont donc suivies pour améliorer cette situation. Construire de nouveau barrages, d’abord. 26 barrages sont en projet, permettant de mobiliser 985 millions de mètres cube. Une douzaine est en chantier, dont huit seront réceptionnés dès 2015. Mais les grands sites, comme celui de Beni-Haroun, qui peut stocker jusqu’à 900 millions de mètres cube, sont rares.

Il y a aussi la piste des économies de l’eau. Dans l’agriculture, les méthodes en vigueur ne sont pas très économes. Il est possible d’irriguer 30 à 40 pour cent de superficies supplémentaires avec les mêmes volumes utilisés, selon un agronome. Pour  M. Necib, l’utilisation des eaux épurées pour l’irrigation est une autre piste très importante. Le ministère des ressources en eau projette de traiter 1.2 millions de mètres cube par jour, ce qui permettrait d’irriguer 80.000 hectares, tout en améliorant l’environnement. Il est également possible de gagner 45 millions de mètres cube de capacité de stockage grâce à des opérations pour lutter contre l’envasement des barrages.

…Et grands transferts

L’autre grande option est celle de transférer l’eau de la nappe albienne, dans le sud, vers les Hauts Plateaux. Il s’agit d’une option majeure en matière d’aménagement du territoire, pour rendre les Hauts Plateaux plus attractifs. D’immenses superficies sont disponibles pour l’agriculture, mais elles manquent de tout. En, premier lieu, de l’eau, qu’il faudra amener, parallèlement à l’autoroute et à la voie ferrée. 

Une dizaine de projets de grands transferts ont été identifiés, et leur impact évalué, a indiqué M. Necib. Les études sont « en phase de finalisation ». L’un d’eux, un projet pilote, sera bientôt lancé. Il permettra de transférer de l’eau du sud de Ghardaïa vers Djelfa et Laghouat, puis en deux branches vers le nord, l’une vers Tiaret, l’autre vers Bou-Saada et M’Sila.

Tous ces projets imposent un rythme soutenu d’investissement. M. Necib l’évalue à 1.500 milliards de dinars (près 20 milliards de dollars) sur le quinquennat 2015-2019. Mais ce n’est pas le financement qui pose problème en Algérie. C’est désormais la gestion approximative qui constitue le grand enjeu. La prochaine bataille sera celle de la maitrise de la gestion, répète souvent M. Necib. Ce qui montre que s’il est facile de dépenser de l’argent, il n’est pas toujours aisé d’en faire bon usage.

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