L’Algérie doit revoir toute sa dynamique économique pour devenir un pays exportateur. Quels sont les secteurs de production qui pourraient être compétitifs à l’international, et quels sont les marchés où le produit « Made In Algeria » pourrait être le mieux commercialisé ? Le point avec deux experts onusiens.
Deux experts de la Conférence des Nations Unies pour le Développement et le commerce (UNCTAD), Ana Maria Alvarez Herrera, et Piergiuseppe Fortunato, présents lors de la Conférence nationale sur le commerce extérieur qui se termine aujourd’hui au Palais des Nations à Alger, parlent à Maghreb Emergent, des études faites par le bureau des affaires économiques de l’UNCTAD sur les potentialités du développement et d’intégration régionale de l’Algérie. L’économiste Piergiuseppe Fortunato, nous explique que les études faites par son bureau sur la méthodologie à employer pour sélectionner des produits compétitifs, consiste à trouver des produits déjà coutumiers pour le pays, auxquels on ajoute un degré de sophistication (valeur ajoutée), pour l’adapter aux marchés cibles. « La sophistication se fera d’une manière graduelle, de façon à ce que les produits nationaux actuels gagnent en qualité progressivement, sans perdre brutalement sa spécificité originale », explique l’économiste de l’UNCTAD. Cette étude de sophistication-distance appliquée à l’Algérie a donné lieu à une série de produits compétitifs qui permettraient à l’Algérie de s’introduire dans les marchés mondiaux. Ces secteurs à grand potentiel de sophistication exportable sont « les équipements mécaniques (électriques et électroniques), suivis des produits pétrochimique (fertilisants et engrais), puis des produits animaliers et leurs dérivés », détaille M. Fortunato, estimant qu’il conviendrait de pousser le pays à engager des politiques incitatives à l’endroit de ces secteurs pour diversifier l’économie nationale.
Aller vers l’intégration régionale renforcée
Les moteurs de diversification de l’économie nationale, selon Ana Maria Alvarez Herrera, spécialiste de l’économie internationale, sont tout d’abord la volonté politique, l’aide au secteur privé, la mise à niveau des ressources humaines et la bonne utilisation des ressources naturelle, l’implication de la diaspora et la coopération internationale, qui doit surtout passer par une intégration régionale. Sur ce dernier point, Mme Alvarez Herrera estime que « l’Intégration régionale entre les Etats de l’Afrique n’est que de 12%, alors qu’elle est de 20% en Amérique Latine et de 50% en Europe ». Mme Herrera exhorte, par ce fait, les pays africains à aller vers plus d’intégration régionale « renforcée », en soulignant la détermination de son organisme à accompagner les pays membres dans leurs politiques d’exportation. « La tâche ne sera pas aisée », nous dit-elle, au vu du croisement des intérêts des pays d’une même région, qui doivent pourtant « créer une zone de libre échange » s’ils veulent générer des bénéfices. « L’Afrique doit avoir son axe d’interconnexion comme le Transatlantique et le Transpacifique », a conclu Mme Alvarez Herrera.