Les souscripteurs au logement public promotionnel (LPP) ont mené samedi, trois ans après le lance ment de ce programme, une action de protestation devant le ministère de l’Habitat, pour demander la révision des prix des logements jugés trop élevés.
«Les prix des logements LPP sont quatre fois plus chers que ceux de l’AADL», s’insurge Riad, un des manifestants qui exige aussi la mise en œuvre d’une «formule adéquate pour les retraités dont les dossiers restent sans suite auprès des banques».
Le logement LPP n’a rien de promotionnel
Les protestataires entendaient manifester leur colère contre les nouvelles conditions posées par le ministère qui font, selon eux, que la formule LPP, lancée par le gouvernement via l’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI) «n’a rien de promotionnel, ni d’intérêt public». En plus de la qualité des travaux, les souscripteurs au programme LPP exigent «l’alignement des prix sur ceux du marché car le prix du logement LPP est nettement plus élevé».
Les taux d’intérêts appliqués par les banques sont également contestés par les souscripteurs qui réclament, en outre, «une formule de paiement sans les 03% d’intérêts et d’étaler la durée de remboursement sur 25 voire 30 ans». Ils estiment aussi «urgent de mettre en place un dispositif d’orientation pour les 6000 souscripteurs qui ont perdu tout espoir».
Interrogés par Maghreb Emergent s’ils s’étaient assurés de la véracité des informations qu’ils contestaient, les souscripteurs se sont appuyés sur les ordres de virements qui leurs ont été transmis par l’agence. Selon eux «chacun doit payer la somme mentionnée sur l’ordre de virement, et ceux qui ne sont pas encore prêts, doivent solliciter un crédit auprès du Crédit populaire d’Algérie (CPA) qui exige 03% d’intérêts pour un F4 et 06% pour un F5. Quant à ceux qui veulent se désister, ils seront pénalisés, car 05% du montant versé serait soustrait», s’élèvent les contestataires.
«Si je n’ai pas de quoi payer, on va me soustraire 5% à cause d’une faute que je n’ai même pas commise», tonne Riad, avant de clamer que tous les souscripteurs «sont prêts à payer le coût total du logement ainsi que le bénéfice de l’ENPI mais jamais les 03% d’intérêts!».
Appliquer au LPP les mêmes conditions que celles des autres programmes
Exceptionnellement, les frais du notaire, du terrain et la TVA ont été comptabilisés pour les logements LPP, mais jamais pour les autres programmes, font-ils observer. «Pourquoi on n’applique jamais ça pour les autres programmes?», s’interroge un manifestant, avant d’ajouter que le programme LPP «n’a aucun point positif, car aucun logement sur les 35.000 n’a été livré et les prototypes visités ne présentent que 30% d’avancement des travaux. Il faudrait, en conséquence, attendre au moins deux ou trois ans de plus pour voir ces travaux achevés et l’opération menée à terme», s’indigne-t-il.
Contacté par la rédaction de Maghreb Emergent, le chargé de communication auprès du ministère de l’Habitat de l’Urbanisme et de la Ville, Ahmed Madani, a indiqué que cette action est «un non évènement pour notre institution, car ils (les protestataires) ne représentent que la minorité». De plus, «il y a un instigateur derrière cette manifestation», a-t-il soutenu.
Les protestataires ne comptent néanmoins pas baisser les bras face à ce qu’ils considèrent comme une «injustice» car, ce n’est pas la première fois depuis le lancement du programme, qu’ils mènent des actions, notamment, y compris une demande d’audience au ministère concerné, jusque là sans suite, «pour ne pas continuer d’être ignorés».
«Ils veulent qu’on se retire mais ils n’aboutiront jamais! Nous sommes des Algériens et nous avons le droit d’avoir un toit comme tous les autres», ajoute Riad.