En décembre 2015 après l’appel du « groupe des 19 » demandant une audience au président Bouteflika, le journal et la Tv d’Ennahar ont engagé une virulente campagne contre Louisa Hanoune et l’ex député Smain Kouadria. La justice va trancher.
La huitième audience du procès de la secrétaire générale du parti des travailleurs (PT), Louiza Hanoune, et l’ex député du parti, Smain Kouadria, contre le groupe Ennahar, a eu lieu mercredi 14 juin 2017 au tribunal de Bir Mourad Raïs.
La première audience remonte au 30 mars 2016 et le directeur général du groupe Ennahar, Anis Rahmani et la directrice journal Ennahar n’ont jamais assisté aux audiences.
A l’issue de la huitième audience, le président de la section pénale du tribunal de Bir Mourad Raïs a annoncé que le verdict sera prononcé le 28 juin prochain s’agissant de la plainte contre le journal Ennahar.
Le procès contre Ennahar TV a été, lui, reporté au 21 juin prochain. Pour rappel, l’autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) avait dénoncé Ennahar TV après la diffusion de cette « enquête ». L’ARAV avait estimé que le reportage diffusé était « inacceptable » et « peu professionnel » .
Un « tissu de mensonges«
Le journal avait apporté sa « contribution » à la charge en consacrant sa « une » à Louisa Hanoune pour mettre en cause sa probité en titrant : « Voici Hanoune… la « bourgeoise » en faisant état de biens qu’elle détiendrait entre Tarf et Annaba. Kouadria était également attaqué au motif que son fils aurait reçu des « milliards » de contracts à travers une agence de « pub créée dans le cadre d’Ansej ».
Cette charge contre Louisa Hanoune intervenait dans un contexte politique qui s’est brusquement tendue à la suite de la demande des « 19 » – dont le nombre baissera par la suite – à rencontrer le président Bouteflika. La secrétaire général du PT avait dénoncé un « tissu de mensonge ». « Je sais qui est derrière ces mensonges et cette cabale. Je prends à témoin l’opinion » avait-elle déclaré.
Hier, à l’audience, le journaliste du quotidien Ennahar, Billal Kebache, a affirmé qu’il avait fait son travail de manière « professionnelle ». Il admet cependant un lien avec le député d’Annaba, Baha-Eddine Tliba en assurant que son « enquête » avait commencé avec les déclarations de ce dernier.
L’ombre de Tliba
« Je me suis ensuite déplacé à Annaba ou j’ai effectué mon enquête et eu des documents prouvant ce que Tliba baha Eddine a déclaré » a affirmé le journaliste d’Ennahar.
L’avocat du journaliste, Me Nadjib Bitam a plaidé la « bonne foi » et assuré que son client n’avait fait que son travail « pour éclairer le citoyen » et qu’en tout état de cause, la plaignante pouvait user de son droit de réponse.
Louisa Hanoune et Smain Kouadri assurent de leur côté qu’ils sont subi un violent « matraquage médiatique » pendant plusieurs jours. Les affirmations du journaliste sont catégoriquement démenties par la partie plaignante qui a fourni des documents à l’appui. Elle insiste sur la gravité du préjudice subi du fait de cette « attaque médiatique ».
Louisa Hanoune a souligné qu’il n’était pas du tout « professionnel » de se baser sur des déclarations de personnages qui sont des « ennemis politiques ».
Me Mokrane Aït Larbi a répondu à l’avocat du journaliste qui avait fait valoir que Louisa Hanoune disposait d’un « droit de réponse » en soulignant qu’on en fait usage pour des « petits dépassements » mais pas pour des accusations « d’une grande gravité ».
« Louisa Hanoune est une militante connue, elle s’est battu pour les travailleurs. Dire qu’elle est devenue « bourgeoise » au sens prédateur du terme est une offense pour elle et une grave diffamation car aucune preuve n’a été apportée par le journaliste » a-t-il ajouté.
Me Boudjemaa Ghechir a rappelé le contexte politique de ces attaques survenues fin 2015 à la suite des positions du Parti des travailleurs qui a rejeté la loi de finance 2016 en raison de son caractère « anti social ». Il a également relevé que Louisa Hanoune était signataire de la lettre des 19. Autant d’éléments qui prouvent, selon lui que ce « faux reportage » qui « dénigre » le parti des travailleurs et sa secrétaire générale n’est qu’un règlement de compte.