Dans cet entretien accordé au Huffington Post Algérie, M’hamed Kouidmi, directeur de management au sein de Business Wise, revient sur le déroulement de ce projet pilote, qu’il qualifie d’aventure citoyenne et créative.
« Mahara’TY » (« mahara » signifie « compétence ») est le nom donné au programme lancé par l’entreprise algérienne sociale Business Wise qui – a pour mission de proposer des formations et un accompagnement à la carte en force de vente, business model et responsabilité sociétale des organismes.
En juin dernier cette jeune entreprise, créée en 2012, a lancé le premier accélérateur d’emploi en Algérie « Mahara’TY » dans la ville d’Oran. Comme son nom l’indique « Mahara’TY » est un programme de quelques semaines qui consiste à aider de jeunes diplômés dans leur recherche d’emploi.
Dans cet entretien accordé au Huffington Post Algérie, M’hamed Kouidmi, directeur de management au sein de Business Wise, revient sur le déroulement de ce projet pilote, qu’il qualifie d’aventure citoyenne et créative.
HuffPost Algérie : Pouvez-vous expliquer les détails et l’objectif du programme « Mahara’TY »
M’hamed Kouidmi : Le programme « Mahara’TY » entre dans le cadre des missions de notre société qui sont, avant tout, à impact social, sur le chômage et l’employabilité, nos principaux axes d’intervention. L’initiative « Mahara’TY » consiste à accompagner des jeunes diplômés dans un processus de découverte de leurs talents. Cet accompagnement est pluridisciplinaire. Les bénéficiaires étaient issus de 7 établissements d’enseignement supérieur et formation professionnelle de la wilaya d’Oran.
Comment s’est déroulé cet accompagnement ?
Le programme a une durée de trois semaines, chaque semaine est consacrée à un thème particulier. La première « Maarifati », qui veut dire mes connaissances, la deuxième « Bi’ati », mon environnement, et la troisième « Bara’ati », ma compétence. Au cours de ces trois étapes, les bénéficiaires partent à travers un voyage de découverte de soi et de l’environnement économique. Il y a la partie académique où ils assistent à des ateliers de formations et de coaching.
La partie pratique consiste à les emmener sur le terrain, où ils assisteront à des conférences et rencontreront des experts. Nous leur ferons des « speed dating » avec des DRH au sein de différentes entreprises. Mais surtout, nous leur organisons des ateliers sur le développement personnel, le leadership, la gestion d’équipe, des experts leurs enseigneront le code du travail, etc. Une formation pour leur apprendre à mieux appréhender le monde du travail.
Une année s’est presque écouée depuis le lancement de « Mahara’TY ». Quel sont les résultats de cette première édition ?
Des résultats qui ne peuvent que nous ravir et nous encouragent à réitérer l’expérience. 70 % des personnes accompagnées ont signé, six mois suivant la formation, des CDI. 20 % d’entre-deux sont en création d’entreprise et 10 % ont décidé de poursuivre leurs études.
Qu’est-ce qui a impulsé cette volonté de mettre en place le programme « Mahara’TY » ?
Nous avons monté un comité d’experts au sein de l’entreprise et je tiens à souligner que tous ont apporté leur contribution bénévolement. Au sein de ce comité, constitué de chef d’entreprises, de cadres au sein d’entreprises publiques et autres, on s’accordait à dire qu’il y avait un problème dans le secteur de l’emploi en Algérie. Les jeunes ne trouvent pas d’emploi mais les entreprises recrutent. Nous avons constaté que le jeune diplômé n’a aucune idée du monde de l’emploi et souvent il ne sait pas décrire ses compétences. Pour remédier à cela, nous avons mis en place ce programme et en même temps, nous avons fait une étude pour répondre à ce questionnement.
Pouvez-vous nous en dire plus sur cette étude?
Le programme de « Mahara’TY » se décline en deux parties. La deuxième consiste à faire une étude nationale sur 45 wilayas. Cette étude vise à faire un état des lieux du secteur du travail en Algérie. Nous avons élaboré des questionnaires destinés aux chercheurs d’emploi et aux recruteurs. Le nombre de personnes enquêtées sur le territoire national s’élève à 519 personnes, dont 443 chercheurs et 76 recruteurs.
Dans le cadre de cette étude, nous avons questionné les chercheurs d’emploi sur plusieurs domaines notamment l’entreprenariat. 70% d’entres eux envisagent sérieusement de se lancer à leur compte et 60% sont en phase de montage de leur plan d’affaires.
La question relative aux outils de recherche : en grande majorité les jeunes passent par les dispositifs publics comme l’Agence nationale de l’emploi (ANEM) et les pépinières d’entreprises pour la création d’entreprise telles que l’ANEM ET l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ). Viennent ensuite, par degré d’importance, les sites d’emploi sur le net les associations et les réseaux.
Du côté des recruteurs, les mécanismes auxquels recourent les recruteurs sont d’abord l’ANEM (46%) ensuite les sites d’emploi (18%), et les réseaux (10%).
Une fois ces questionnaires étudiés, nous avons élaboré un rapport qui englobe les aspirations des jeunes, les difficultés qu’ils rencontrent, les aspirations des recruteurs, etc. Les données de ce rapport ont été exploitées par nos équipes afin de mettre en place « Le guide de l’insertion professionnelle » afin d’orienter le chercheur d’emploi dans sa quête.
Va-t-il y avoir une deuxième édition de « Mahara’TY » ?
Nous sommes actuellement en discussion avec des entreprises pour nous accorder des budgets de responsabilité sociale afin de financer notre programme. Ces entreprises sont intéressées et ont exprimé la volonté de recruter ces jeunes après cette formation. C’est un nouveau business model que nous envisageons de lancer.
Propos recueillis par Latifa Abada