La révision à la hausse des prix des carburants, en début d’année, a eu pour conséquence l’augmentation de la demande sur le GPL (Gaz de pétrole liquéfié), dont le prix a été maintenu à 9 dinars. Mais le nombre de véhicules roulant au Sirghaz (nom commercial du GPL vendu en Algérie) aurait pu progresser davantage, à en croire les acteurs concernés par cette question.
La demande sur le Sirghaz a augmenté de 14%, entre janvier et mai 2016, selon les chiffres officiels. Un taux qui aurait pu être largement dépassé si les autorités s’étaient pleinement impliquées pour généraliser ce carburant propre.
M. Mustapha Zebdi, président de l’APOCE (Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement) qui a adressé au gouvernement une liste de propositions visant à généraliser le GPL en Algérie nous a exprimé sa déception. « Cela fait presque une année que nous avons soumis nos propositions au gouvernement, et jusqu’à aujourd’hui nous n’avons obtenu aucune réponse », déplore M. Zebdi. Selon lui, la demande sur le GPL a augmenté, mais elle ne pourra progresser de façon significative sans l’intervention du gouvernement. « Le coût d’installation des équipements GPL dans un véhicule est encore cher et le gouvernement doit intervenir pour le réduire en supprimant un certain nombre de taxes », dit-il ajoutant que des mesures doivent être prises pour encourager la création d’entreprises spécialisées dans la conversion des véhicules en GPL.
M.Zebdi s’est également dit étonné du fait qu’en Algérie « nous adoptons des décrets exécutifs sans jamais les appliquer ». Il rappelle, à ce propos, un décret exécutif adopté en 2015 imposant aux concessionnaires automobiles de proposer des véhicules roulant en GPL à hauteur de 10% par rapport à l’ensemble des véhicules importés annuellement. « Je vous mets au défit de me trouver un concessionnaires automobiles qui respecte ce décret », martèle M. Zebdi.
Parmi les revendications soumises au gouvernement par l’association figurent, la levée des taxes douanières sur les composants entrant dans la fabrication des équipements GPL, et l’installation d’ateliers de conversion en GPL dans les futures usines que les concessionnaires automobiles sont supposés ouvrir.
La rumeur qui a fait ralentir le marché
Selon M. Mohamed Arachiche, directeur général adjoint de l’entreprise Ghazal, premier installateur privé d’équipements GPL dans les voitures, le marché du Sirghaz est « perturbé ». Il confirme que la demande a bien augmenté, en début d’année, mais un certain ralentissement a été constaté dès le début de l’été.
D’après lui, une rumeur en particulier a eu un effet sur la progression du marché du Sirghaz. « Il y a quelques mois, une information faisant état de l’engagement du gouvernement à aider les gens souhaitant rouler en Sirghaz a circulé. Depuis, nous avons souvent affaire à des gens qui viennent spécialement nous demander si cette mesure est entrée en vigueur », explique M. Arachiche. « Cette rumeur retarde particulièrement la progression du secteur. A titre d’illustration, sur dix personnes intéressées, seulement trois ou quatre convertissent leurs véhicules alors que les autres attendent la fameuse aide de l’Etat », ajoute le même responsable. « Personnellement, je ne pense pas que l’Etat accordera une nouvelle subvention vue la crise actuelle. Les autorités doivent, cependant, s’exprimer une fois pour toute sur cette question», enchaîne-t-il.
M. Arachiche rappelle, par ailleurs, que le coût de conversion d’un véhicule se situe entre 50 000 à 60 000 dinars. Des prix qui risquent d’augmenter avec la récente augmentation de la TVA, selon lui. « Certaines personnes hésitent à cause des prix, mais nous avons calculé qu’un automobiliste ayant opté pour le GPL peut amortir son investissement en six mois », précise-t-il.
Interrogé au sujet du programme prévu par l’Etat d’atteindre un million de véhicules Sirghaz d’ici 2030, M.Arachiche s’est dit sceptique. « Pour atteindre cet objectif, il faut convertir, chaque année, 80 000 véhicules par an. Aujourd’hui, nous sommes loin du compte avec pour tous les opérateurs une moyenne de 30 000 véhicules équipés chaque année», dit-il.
Rappelons, à ce sujet, le nombre de véhicules roulant au Sirghaz ne dépasse pas, aujourd’hui, les 200. 000 sur un total dépassant les 6 millions de véhicules.
A côté de Naftal (Société nationale de commercialisation et de distribution de produits pétroliers), premier installateur d’équipements GPL du pays et Ghazal, il existe une centaine de petites entreprises privées spécialisées dans ce créneau.
Selon M. Arachiche, certaine entreprises ont vu le jour cette année anticipant une forte demande sur le Sirghaz, après les augmentations des prix en janvier dernier. De même que certaines stations-service se sont dotées de distributeurs de GPL.
Des propos confirmés par une responsable au niveau d’une station-service de Naftal à l’ouest d’Alger. « Dès le début de l’année, nous avons constaté une augmentation de la demande sur le GPL. Certains automobilistes viennent nous demander où ils pourraient trouver une entreprise spécialisée dans la conversion des véhicules en GPL », explique-t-elle.
Le directeur chargé de la communication de Naftal nous fera, quant à lui, une brève déclaration, expliquant la réticence des automobilistes par le coût encore élevé de la conversion, ajoutant que les gens attendent probablement des promotions.
Rappelons que le programme national de promotion de l’utilisation des carburants propres qui s’étale jusqu’en 2030. Naftal prévoit, dans le cadre de ce programme, l’implantation du GPL dans 1000 stations-service pour renforcer les 600 déjà opérationnelles, l’objectif étant de porter la couverture nationale du réseau de stations-service équipées pour le GPL à 73% à l’horizon 2030 contre 27% actuellement.
Naftal envisage aussi d’ouvrir 30 nouvelles stations-service exclusivement dédiées au GPL en plus des 6 déjà opérationnelles.