En mars 2016, sans la défendre comme solution-miracle, l’économiste Raouf Boucekkine notait, dans un texte cosigné avec Nour Meddahi et Elies Chitour, que le « biais inflationniste » de la création monétaire « n’est pas toujours plus élevé que celui associé au financement obligataire ».
Beaucoup d’experts financiers, d’économistes et d’observateurs de la scène économique soutiennent que le recours à la planche à billets, envisagé par le gouvernement, pour financer le déficit budgétaire est une erreur grave qui va installer le pays dans un chaos à bien des égards comparable à celui qui sévit au Venezuela, qui dispose, pourtant, des plus grande réserves pétrolières mondiale. Toutefois, chaque règle appelant une exception, un économiste algérien résidant à l’étranger, réputé sérieux, soutient la démarche du gouvernement Ouyahia : Nour Meddahi, professeur d’économie à la Toulouse School of Economics.
Cet économiste, en plus d’être l’inspirateur de cette mesure, en fait le « service après-vente », la défendant dans les médias. « Raouf Boucekkine (de l’université Aix-Marseille, NDLR) et moi-même avons toujours défendu cette position : la création monétaire », a-t-il déclaré, le 4 septembre dernier à TSA.
Raouf Boucekkine, avec lequel Nour Meddahi dit partager cette vision, a soutenu l’exact contraire en mars 2016. « Le financement monétaire, c’est-à-dire la planche à billets, est néfaste à terme et pas seulement pour l’inflation induite : il conduit à des distorsions comportementales graves qui peuvent durablement handicaper la bonne marche de l’économie (type bulles, shadow banking… comme en Chine après 2009) et conduire à des résultats inverses de ceux escomptés (notamment baisse à terme des revenus du seigneuriage, appelé effet de Olivera-Tanzi en théorie économique) », a-t-il déclaré dans une interview en mars 2016 au quotidien El Watan.
On pourrait comprendre, cependant, que Nour Meddahi parle de défense du recours à la création monétaire par Raouf Boucekkine. Dans une contribution publiée le 26 mars 2016, et cosignée par lui, Raouf Boucekkine et Elies Chitour, consultant à Dubaï, la création monétaire n’est pas rejetée de façon explicite, et bien que ses inconvénients soient énumérés, il est rappelé que son « biais inflationniste (…) n’est pas toujours plus élevé que celui associé au financement obligataire ».
La création monétaire sous conditions
Nour Meddahi plaide pour le recours à la planche à billets par opposition à l’endettement extérieur. « Aller à l’endettement externe tant que le dinar est très surévalué et que nous avons d’énormes déficits budgétaires et de balance de paiements serait suicidaire », estime-t-il.
Est-t-il à ce point convaincu que la création monétaire est la bonne solution pour remédier au déficit budgétaire qui se creuse davantage et pour financer l’économie ? Selon lui, le financement non conventionnel doit faire partie d’une série de mesures : « maintien de la trajectoire budgétaire, baisse du dinar, création monétaire par la Banque d’Algérie et réformes structurelles à commencer par l’augmentation des prix de l’énergie ».
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