L’impact inflationniste du financement non conventionnel aura lieu mais ne sera pas dans un premier temps « exagéré »,a souligné Ferhat Aït Ali dans l’émission l’invité du direct. Il a qualifié la comparaison faite par Ouyahia avec les États-Unis ou l’Europe de «farfelue».
L’économiste a dit son scepticisme au sujet des annonces d’Ouyahia sur la destination du financement non-conventionnel (rembourser l’emprunt, refinancer le FNI, couvrir les engagements du trésor) sur un délai cinq ans.
Ces affectations, a-t-il observé, ne figurent pas dans le projet de révision de la loi. Cette émission monétaire dit-il avec humour, le cas d’une personne sommée par le juge de payer un chèque sans provision se propose d’émettre un autre chèque.
L’emprunt obligataire est allé « droit au financement du déficit »
Pour lui, on est dans la situation curieuse où l’on va emprunter pour rembourser une dette. «Cela peut se concevoir même dans le commerce, la Bourse sert à cela. Si nous étions dans une économie ouverte, avec un système financier et une sphère productive réelle de services, de biens, d’idées, connectée sur le système international, le Trésor peut se refinancer couvrir les dettes actuelles ainsi en attendant des jours meilleurs ».
Mais, observe-t-il, ce n’est pas le cas en Algérie et en l’état actuel des choses, «on n’est pas sur que l’émission monétaire sera affectée là où le gouvernement le dit. ». Ferhat Aït Ali rappelle que le fameux emprunt obligataire « était censé financer des projets générateurs de nouveaux revenus… Il est allé tout droit au financement du déficit. »
Au sujet de l’impact inflationniste de ce recours à la planche à billet, l’économiste estime qu’il ne sera pas exagéré dans l’immédiat. « Cet argent va couvrir des trous qui s’il étaient comblés avant généraient de l’inflation, on y est déjà avec 7,7% »
Une dévaluation automatique
strong>
Dans un second temps, cet argent injecté va créer des tensions inflationnistes, car la garantie à l’international va baisser. « Quand on prête de l’argent au Trésor pour qu’il dépense alors que la production locale est limitée et si cela ne s’accompagne pas d’une baisse des importations et que cela continue à s’impacter au même rythme sur les réserves de change, nos garanties en devises pour la masse monétaire émise baissent. La dévaluation est automatique, technique ».
Pour lui, la comparaison faite par Ouyahia avec les pays développés (USA, Europe, Japon) qui ont eu recours au financement conventionnel est tout simplement « farfelue ».
«Cette comparaison est farfelue, si on fait une comparaison avec les pays, on se retrouve avec 5% de similitudes négatives. La Fed et la BCE sont intervenus pour renflouer le système bancaire en crises banques durant la crise des supprimes. Ce n’est pas le cas en Algérie, où c’est le gouvernement qui sollicite la Banque d’Algérie qui est devenue un de ses appendices. »
Les États-Unis et l’Europe exportent de l’inflation, l’Algérie en importe
Autre argument qui rend caduc la comparaison d’Ouyahia avec les pays cités. Dans les émissions de la Banque centrale européenne et la réserve fédérale américaine (Feld), une partie de l’inflation de ces pays est exportée.
«On ne peut pas comparer un pays comme l’Algérie qui est importateur net de tous les effets négatifs de toutes les autres monnaies sur sa monnaie intérieure, à des pays qui ont justement ont cette capacité d’exporter les effets négatifs de leur politiques monétaire. Cette comparaison n’a pas lieu d’être dans l’absolue».