Pénurie de médicaments en Algérie ou pas ? Entre la Fédération algérienne du médicament (FAM) et le ministère de la santé, les avis sont diamétralement opposés. Nous avons fait un tour des pharmacies pour avoir l’avis de ceux qui reçoivent les ordonnances et servent les médicaments au quotidien.
La Fédération algérienne du médicament (FAM) a lancé l’alarme sur la pénurie croissante de médicaments et s’est inquiété du fait que l’importation des matières premières pour la production nationale soit limitée par les autorités.
Le ministère de la Santé de la Population et de la Réforme hospitalière a immédiatement réagi en soutenant qu’il n’existait aucune pénurie touchant les médicaments essentiels tout en assurant que les programmes d’importation des DCI (dénomination commune international) ont été émis dans les délais.
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Une rupture qui ne touche pas que les produits importés
Devant ces avis diamétralement opposés, nous avons mené une enquête auprès de plusieurs pharmacies à Alger. Le constat est unanime : il existe bien une pénurie de médicaments. « Cette pénurie a toujours existé ; en tout cas depuis que j’ai commencé à travailler, on a tout le temps fait face à ce problème » témoigne une pharmacienne d’Alger-centre.
La rupture des stocks ne touche pas uniquement les médicaments importés. Un nombre important de médicaments générique produits par des laboratoires nationaux sont eux aussi en rupture.
« Il y a une période de vide entre l’interdiction d’importer un médicament, et l’entrée en production effective de celui-ci par un producteur national. Ces médicaments deviennent introuvables» explique pharmacien.
A l’est du pays, les habitants des villes proches de la Tunisie arrivent à se procurer des médicaments grâce aux routiers. La technique est de prendre en photo le médicament en question et la transmettre à un taxieur qui, vous l’apporte en fin de journée, à son retour de la Tunisie.
« Chez eux, ils ont tout, ils n’ont pas de problème de rupture (des médicaments)» témoigne un taxieur qui a l’habitude d’effectuer ce service contre rémunération. Un pharmacien nous a montré sa « liste noire » sur laquelle sont mentionnés tous les médicaments en rupture de stock dans sa pharmacie.
La « liste noire »
M. Hamou Hafedh Directeur général de la pharmacie et des équipements de santé au ministère de la Santé qui a rejeté catégoriquement l’existence d’une pénurie a avancé le 22 février dernier qu’il ne fallait pas réduire la «disponibilité des médicaments au seul médicament importé ».
Le fait est que des pharmaciens soulignent que la pénurie ne se limite pas aux médicaments importés mais touche également des médicaments produits en Algérie. Des produits non importés et dont le générique existe-en principe- au niveau national sont en rupture, à l’instar de Josir pour le traitement des symptômes fonctionnels de l’hypertrophie bénigne de la prostate. La vitamine B12, produite uniquement par le laboratoire Saidal est également difficile à trouver selon les pharmaciens.
Toutefois, le nombre des médicaments en arrêt d’importation et non produits par des laboratoires nationaux reste très important. Les Pharmaciens sollicités notent une longue liste de ces médicaments, à l’exemple de Permiscon, Xatral, Colchicine.
D’autres médicaments indispensables tels que Skiacol Collyre, « à appliquer 24 heures avant une opération chirurgicale de l’œil » ou encore le Syntocinon utilisé chez la femme en phase d’accouchement. Des compléments alimentaires importants notamment pour les nourrissons à l’instar de la vitamine D3, la vitamine K ainsi que la vitamine D sont difficile à trouver auprès de nos pharmacies.