La coopération économique entre l’Algérie et le Qatar entre dans une phase décisive, marquée par une diversification significative des investissements et une volonté mutuelle de renforcer les partenariats stratégiques. Cette dynamique, cristallisée lors du récent forum d’affaires algéro-qatari à Doha, dessine les contours d’une collaboration économique plus ambitieuse.
Cette ambition se concrétise déjà par des investissements substantiels. En effet, le Qatar confirme sa position d’investisseur majeur en Algérie, représentant « 74% du total des investissements arabes » dans le pays. Cette présence, historiquement ancrée à travers le complexe sidérurgique Algerian Qatari Steel à Jijel (2 milliards de dollars) et l’opérateur Ooredoo (13 millions d’abonnés), s’apprête à connaître une expansion significative dans de nouveaux secteurs.
La grande distribution : fer de lance de la nouvelle stratégie
C’est dans le secteur de la distribution que cette nouvelle ambition prend toute son ampleur. Le président de l’Association des hommes d’affaires qataris, Cheikh Faiçal Bin Qassim Al-Thani, a manifesté un intérêt particulier pour le secteur de la distribution. Un ambitieux projet prévoit le déploiement de “500 espaces commerciaux” à travers plusieurs wilayas, promettant la création de “10 000 emplois directs”. Cette initiative englobe l’implantation d’hypermarchés, de centres de distribution et de centrales d’achat, marquant une évolution majeure dans le paysage commercial algérien.
Une diversification sectorielle stratégique
Au-delà de la distribution, cette nouvelle phase de coopération s’étend à des secteurs stratégiques variés. Dans l’agroalimentaire, le groupe Baladna développe un projet intégré dans la wilaya d’Adrar, qualifié de « projet ambitieux qui reflète les relations solides entre l’Algérie et le Qatar » par le ministre du Commerce. Cette initiative témoigne de la volonté d’exploiter les potentialités agricoles algériennes avec des technologies de pointe.
Les perspectives de coopération embrassent également les énergies renouvelables et l’industrie, avec des objectifs ambitieux. Le ministre Zitouni a d’ailleurs annoncé sa volonté de “doubler le volume des échanges commerciaux” par rapport à 2023, où ils s’élevaient à “80 millions USD”. L’exposition des produits algériens à Doha, rassemblant “plus de 150 entreprises algériennes”, illustre ce désir d’élargissement des échanges commerciaux.
Cette offensive économique s’inscrit dans la stratégie de diversification voulue par Alger, avec un engagement direct des plus hautes instances des deux États. Si le ministre Zitouni insiste sur le rôle moteur du président Tebboune et de l’Émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, la réussite de ces projets nécessitera une levée effective des obstacles bureaucratiques et une stabilité réglementaire que les précédentes réformes n’ont pas toujours garantie.