Au moment où j’étais jeune conseiller et directeur d’études au Ministère Industrie/Energie entre 1974/1980, nous avons étudié le projet de fer de Gara Djebilet. Nous étions dans une conjoncture économique mondiale particulière, loin de l’annonce de l’actuelle quatrième révolution industrielle.
Avec les nouvelles technologies le fer est concurrencé par d’autres matières premières dont celles issues des hydrocarbures (par exemple carrosserie de voitures, tuyaux de canalisation etc…) et sont apparues de nouvelles techniques notamment dans la construction qui peuvent économiser entre 20/30% de ciment, de rond à béton et surtout l’énergie, influant sur la demande des produits sidérurgiques traditionnels. Existaient à cette époque deux options : nous pouvions évacuer le minerai par l’Atlantique via la Mauritanie et ce avant le conflit au Sahara occidental, soit construire le complexe sidérurgique de Marsat Hadjaj (Daïra Arzew/Oran ), si on réalisait la voie ferrée (Tindouf-Béchar) dont est tributaire tout le développement tout en modernisant l’axe Bechar/Oran. L’objet de cette présente contribution sur le fer de Gara Djebilet, est tant d’éclairer l’opinion publique induite souvent en erreur du fait de la faiblesse de sa culture économique que les décideurs du pays sur un sujet stratégique sensible, devant éviter les erreurs du passé et ce d’autant plus que l’étude de faisabilité ne sera terminée que fin 2017 et donc l’entrée en production pas avant 2018/2020
1.- Élément chimique utilisé depuis la préhistoire, le fer compose 5% de la croûte terrestre, les alliages contenant du fer étant utiles dans l’alimentation, les médicaments mais surtout pour la fonte et tous les produits de la sidérurgie, environ 98% étant destiné à l’acier, dont 70% de matières premières brutes et 30% à partir de la ferraille. Le minerai de fer est une roche contenant du fer, généralement sous la forme d’oxydes, comme l’ hématite. Les minerais de fer ont une teneur en fer variable selon le minéral ferrifère ; sachant également que l’isomorphisme, presque toujours présent dans les minéraux naturels, réduit la teneur théorique. Par rapport à leur teneur en fer, les minerais sont classés en : minerais pauvres : Fe <= 30 %, en minerais moyens : Fe = 30 % ÷ 50 % et en minerais riches : Fe > 50 % .Pour obtenir du fer de haute pureté, on peut soit purifier un sel de fer et en extraire ensuite le fer métallique par une opération de réduction chimique ou électrolytique, soit purifier directement un échantillon de fer métallique. Dans chaque cas, plusieurs méthodes de purification peuvent être utilisées, mais aucune ne permet à elle seule d’obtenir un fer très pur. Chaque procédé élimine plus spécifiquement certaines impuretés et les meilleurs résultats sont obtenus en combinant judicieusement plusieurs purifications. On peut résumer le processus d’extraction et de traitement des terres rares de la manière suivante :1ère étape : extraction (le plus souvent à ciel ouvert) ; 2ème étape : broyage du minerai en une fine poudre ; 3ème étape : séparation des métaux rares du reste du minerai ; la méthode la plus courante est la flottation qui utilise beaucoup d’eau et de produits chimiques ainsi qu’une importante quantité d’énergie . La concentration en terres rares à la fin de la seconde étape est faible (entre 1 et 10%) ; elle est grandement améliorée à l’issue de la 3ème étape (entre 30 et 70 %) en laissant d’énormes quantités de résidus : il s’agit d’une mixture composée d’eau, de produits chimiques et de minéraux terreux. Ces déchets sont généralement abandonnés dans des réservoirs naturels ou artificiels entourés de digues, ce qui constitue un risque de pollution à court et long terme. Dans la plupart de cas, ces déchets contiennent des substances radioactives (uranium, thorium et autres déchets), des fluorures, des sulfures, des acides et des métaux lourds. Ce type de stockage peut avoir des conséquences environnementales désastreuses (pollution des sols et de l’eau) à cause de la toxicité des résidus s’il s’écroule ou fuit. Plusieurs causes peuvent conduire à cette extrémité : des pluies torrentielles peuvent le faire déborder ; si le stockage n’est pas étanche et si le stockage s’écroule (pluies torrentielles, construction de piètre qualité, tremblement de terre). Des conséquence similaires peuvent découler des mines à ciel ouvert abandonnées et des résidus de minerai laissés sur le terrain. De plus, l’extraction et le traitement engendrent également une pollution de l’air due aux poussières toxiques (substances radioactives, métaux lourds) qui se dégagent si des mesures adéquates ne sont pas prises. Le lessivage des constituants toxiques, tels que l’arsenic, le sélénium et les métaux, peut se produire même si les conditions acides ne sont pas présentes. des niveaux élevés de composés contrôlé, le drainage d’acide de mine peut se déverser dans les ruisseaux ou les rivières ou encore dans les eaux souterraines. Le drainage d’acide de mine peut provenir de n’importe quelle partie de la mine où les sulfures sont exposés à l’air et à l’eau, y compris des tas de déchets de roches, des résidus, des mines à ciel ouvert, des tunnels souterrains et des coussins de lixiviation. Aussi, la capacité de drainage de l’acide minier est une question-clé. La réponse déterminera si un projet minier proposé est acceptable pour l’environnement .Les effets sur la qualité de l’eau et de la disponibilité des ressources en eau dans la zone du projet constituent peut-être l’impact le plus important d’un projet d’exploitation minière. Les questions clés sont de savoir si les fournitures en eau de surface et en eaux souterraines resteront appropriées à la consommation humaine, et si la qualité des eaux de surface dans la zone du projet restera adéquate pour supporter la vie aquatique et la faune terrestre native. Les besoins énergétiques de l’activité minière sont largement dépendants du type de mine d’où sont extraites les matières premières recherchées. Ils sont plus importants dans le cas de l’activité minière souterraine du fait des opérations de transports des matériaux vers la surface, du pompage des eaux, de la ventilation, de la climatisation des galeries Une étude a établi un comparatif pour la consommation d’énergie suivant le type de mine de 5 à 10 kW/t de matière première pour une mine à ciel ouvert et de 20 à 50 kW/t de matière première une mine souterraine( au-delà de 5000 mètres), soit environ 4 à 5 fois plus d’énergie consommée pour une mine souterraine que pour une mine de surface. Bien entendu, la profondeur à laquelle on extrait les minéraux influe fortement sur la quantité d’énergie et de matières premières à mettre en œuvre pour les ramener à la surface. Quand on parle d’extraction ultra-profonde (au-delà de 5 000m), que ce soit en souterrain ou au fond des mers, on comprend bien que la quantité d’énergie et de matériel à mettre en œuvre va également croître de manière très importante. L’énergie nécessaire à l’extraction et au traitement des minerais est le point le plus important à mettre en avant dans l’empreinte environnementale de l’activité minière. Concernant les sidérurgies, et c’est une moyenne, variable, pour la consommation d’électricité, les fours les plus performants permettant 30 coulées/jour, le maximum étant 7850 coulées /an consommation est de 300/350 kWh/t et la consommation de dioxygène de 30 mètres cubes par tonnes.
2.-La production mondiale de minerai de fer a atteint 3320 millions de tonnes en 2015, soit une légère diminution par rapport à 2014 (3420 millions de tonnes) Chaque seconde, on produit plus de 105.000 kilos de minerai de fer dans le monde en 2015. Autrement dit, la production mondiale de fer s’élève 3,32 milliards de tonnes avec, de très loin la Chine comme premier producteur suivie par l’Australie et le Brésil. On estime qu’il reste environ 75/80 ans de réserves mondiales de minerai de fer (au rythme d’exploitation actuel). La Chine est le leader du marché du minerai de fer, avec 1,38 milliard de tonnes de minerai extraites, loin derrière, l’Australie (824 millions de tonnes –Mt), le Brésil,(428 Mt), l’Inde (129 Mt), et la Russie (112 Mt) (source USGS). Le minerai de fer du Brésil et d’Australie offre des teneurs de 65 à 66 % en fer sans ou après concentration, contre 30% pour le minerai chinois. Quant aux réserves mondiales évaluées selon les organismes internationaux à 85.000 millions de tonnes, l’Australie arrive en tête avec 24.000Mt, suivi de la Russie 14.000Mt, du Brésil 12.000 Mt, de la Chine 7200 Mt, de l’Inde 5200 Mt, des l’Etats Unis 3500 Mt, du Venezuela 2400 Mt, de l’Ukraine 2300 Mt, du Canada 2300 Mt et de la Suède 2200 Mt, l’Algérie n’étant pas citée dans les statistiques internationales. Les principaux producteurs leaders mondiaux de fer sont Vale (346 millions de tonnes- Brésil), Rio Tinto (263 millions de tonnes (Australie), BPH-Billiton ( 233 MT -Australie), (164MT – Australie), ArelorMittal (63MT-Luxembourg)- -Anglo-American(54MT- Afrique du Sud)- Mettaloinvest (40MT- Russie),Metinvest (32MT Ukraine), LKAB (32MT –Suède). Les principaux producteurs d’acier brut sont Arcelor Mittal(Luxembourg- 97,1 Mt), Hesteel Group( Chine -50,1 Mt), Nippon Steel§Sumitomo( Japon -45,8), Posco ( Corée du Sud -43,9 Mt) BaosteelGroup (Chine -39,3 ), TataGroup (Inde -31,2), Wuhan Steel(Chine -25,3), Shandong Steel Group (Chine 22,8) et Hyundai Steel(Corée du Sud-20,4). En 2015, selon International Trade Center sur un total de 1467 millions de tonnes, pour les importations la Chine vient en tète avec 953 Mt, suivi du Japon 131Mt, la Corée du Sud 73 Mt, Allemagne 41 Mt, les pays Bas 32 Mt et Taiwan 24Mt. Toujours selon la même source, pour les exportations sur un total de 1502 millions de tonnes ( Mt) l’Australie arrive en tête avec 810 Mt, le Brésil 366 Mt, l’Afrique du Sud 65 Mt, Ukraine 40 Mt , le Canada 37 Mt, les Pays Bas 21 Mt, la Russie 21 Mt, la Suède 20 Mt, le Chili 14 Mt et la Malaise 13 Mt Selon la revue internationale Wordstreel, pour 2015, la production d’acier brut a été de 1621 millions de tonnes(Mt) dont 166 Mt pour l’Union européenne. La Chine arrive en tête avec 804 Mt, suivi du Japon 105 Mt, de l’Inde 90 Mt, des Etats Unis 79 Mt, de la 23 Mt, Russie 71 Mt, de la Corée du Sud 70 Mt, de l’Allemagne 43 Mt, du Brésil 33 Mt, de la Turquie 32 Mt , de l’Ukraine 23 Mt, de l’Italie 22 Mt et de Taiwan 21 Mt ,du Mexique 18 Mt, de l’Iran 16 Mt, de la France 15 Mt et de l’Espagne Selon la COFACE dans son rapport de 2015, la Chine absorbe 60 % du minerai de fer extrait dans le monde, 50 % du cuivre, 48 % de l’aluminium et 45 % du nickel. Depuis 2000, la Chine a triplé sa production d’acier, qui représente désormais la moitié de la demande mondiale et 20 % du commerce mondial. Rien qu’entre 2008 et 2015, la production d’acier chinois est passée de 660 millions à 1,12 milliard de tonnes. Avec le ralentissement de l’économie mondiale, les surcapacités chinoises d’acier sont évaluées à 350 millions de tonnes, alors que la production européenne n’est que de 170 millions. Toujours selon cet organisme, la Chine n’est pas la seule à chercher à écouler son acier à bas prix. La Corée du Sud, la Russie ou encore l’Ukraine font de même. La chute des coûts du fret maritime facilite le commerce mondial. En 2015, transporter une tonne d’acier de la Chine vers l’Espagne revenait à 18 dollars, contre 30 dollars en 2013.
3.- Qu’en est-il pour l’Algérie ? La découverte du gisement de Gara Djebilet date depuis les années 1950 avec les études du Bureau de recherche minière en Algérie en 1953, le Bureau d’investissement en Afrique en 1959, le Service d’études et recherches minières en 1961 jusqu’aux premières tentatives de développement à titre expérimental du site avec l’entrée en scène de la Sonarem après la nationalisation des mines , dont l’effort d’expérimentation a été stoppé net en 1975 suite à la guerre au Sahara occidental. Les avis d’appel internationaux à manifestation d’intérêt lancés par Sonatrach, détenteur depuis 2009 du titre minier (adjudication, exploration) n’ont pas connu le succès escompté. Resté au stade de la «préfaisabilité», le dernier «projet intégré de Gara Djebilet», mis sur pied en 2005 prévoyait aussi bien l’exploitation proprement dite jusqu’à la production du fer. Ce projet intégrait l’extraction du minerai de fer avec option pour son enrichissement sur place, son transport par voie ferroviaire (projet de chemin de fer reliant Tindouf à Béchar) vers le nord du pays, une usine sidérurgique proche d’un port en cas d’exportation d’une partie du produit et la construction d’une cité minière près du site appelé à accueillir une importante main-d’œuvre. Quant aux réserves, nous avons des données contradictoires, données qui fluctuent entre un et demi (1,5) et trois (3) milliards de tonnes, imprécision importance car étant le double. Rappelons les déclarations de l’ex Ministre de l’Industrie et des Mines le 02 décembre 2013 pour qui la direction de l’exploitation est composée de Sonatrach avec 55%, Ferphos (25%) et Sider avec 20%. Selon cette déclaration, les réserves globales de des deux gisements à Tindouf sont estimées à plus de 3 milliards de tonnes de minerai de fer, que les réserves exploitables de Gara Djebilet sont de l’ordre de 1,7 milliard de tonnes avec une teneur de 57 % de fer, les réserves de Mechri Abdelaziz étant de l’ordre de 700 millions de tonnes de minerai pour une teneur moyenne de 52,45 % de fer et que le projet coûtera jusqu’à 20 milliards de dollars. Mais avait-il ajouté « le lancement du projet reste dépendant de l’aval du gouvernement et des études approfondies portant sur la disponibilité de quantités suffisantes d’eau dans la région, les infrastructures ferroviaires et énergétiques. Une fois entré en activité, ce projet devrait assurer une production annuelle de 2,5 millions de tonnes. Autre version, celle de l’actuel Ministre de l’Industrie, cité par l’APS le 04 octobre 2015, les études menées entre 1960 et 1970, les réserves de ce gisement se situent entre 1,5 et 2 milliards de tonnes. Et ensuite le 04 décembre 2015, lors de sa visite à Washington toujours cité par l’APS, pour le Ministre, la valorisation de Gara Djebilet, ayant été pénalisée, auparavant, par des difficultés techniques notamment celles liées à la teneur élevée du minerai en phosphore et en arsenic qui rendaient son exploitation peu rentable et que le traitement du minerai en parvenant à réduire le taux du phosphore dans le fer pour le porter de 0,8% à 0,03%, offre la possibilité à l’Algérie soit d’exporter le fer à l’état brut soit de le transformer localement et que les réserves avec une teneur en fer de 63%, étaient de 2,5 milliards de tonnes. Auparavant, le 18 octobre 2015 le Ministre de l’industrie et des Mines avait déclaré selon l’APS qu’un cabinet d’experts international sera sélectionné avant fin octobre 2015 pour lancer une étude de faisabilité pour l’exploitation du méga gisement minier de Gara Djebilet (Tindouf. Feraal « fera son choix à partir d’une short list composée de trois cabinets internationaux jouissant d’une renommée mondiale et spécialisés dans les domaines des mines, de la sidérurgie et de la métallurgie ». Cette étude permettra de mieux connaître le potentiel de Gara Djebilet, les capacités de production de minerai de fer, le coût de l’exploitation comme elle donnera des indications sur le marché de la sidérurgie en Algérie. Le 02 mai 2016, selon l’agence APS l’Agence nationale des activités minières (Anam) et la Société nationale du fer et de l’acier (Feraal) ont signé, un accord pour le financement des études de faisabilité du gisement minier de Gara Djebilet (Tindouf), pour un montant de trois (3) milliards de dinars étude qui devrait être finalisée fin mai 2017 au plus tard fin décembre 2017 avant d’entamer l’exploitation mais ans fournir de dates précises. En vertu de cet accord, Anam va octroyer 2 milliards DA à Feraal, chargée d’exploiter ce méga gisement, pour lancer ces études de faisabilité qui seront réalisées par un cabinet d’experts international. Outre cette enveloppe, Anam va également injecter, par le biais du Fonds des mines, selon le Ministre de l’Industrie et des Mines lors de la cérémonie de signature, un montant d’un (1) milliard DA dans le capital social de Feraal, qui avait été créée en 2014 pour exploiter ce gisement à travers un partenariat entre Sonatrach, et les groupes publics GICA (cimenterie), Manadjim El Djazaïr (Manal) et Sider. Dans cette récente déclaration ce gisement ne renfermerait pas 2 milliards de tonnes mais selon le Ministre 3 milliards de tonnes. Qui croire ?
4.- Qu’en est-il de la rentabilité ? Il est intéressant d’examiner le prix de certaines matières premières. En juin 2016, le prix du fer s’établit à 51 dollars la tonne, en baisse de 6,4% sur un mois et de 17,5% sur un an. Le prix de l’inox s’établit à 2 027 dollars la tonne, en baisse de 0,2% sur un mois et en baisse de 17,8% sur un an ; le prix de l’aluminium s’établit à 1 594 dollars la tonne, en hausse de 2,8% sur un mois mais en baisse de 5,6% sur un an ; le cours du cuivre s’établit à 4 642 dollars la tonne, en baisse de 1,1% sur un mois et de 20,4% sur un an ; le prix du cuivre au kilo s’établit donc à 4,64 dollars, soit 4,2 euros au cours actuel ; le prix du plomb s’établit à 1 713 dollars la tonne, en hausse de 0,3% sur un mois mais en baisse de 6,4% sur un an, le prix du zinc s’établit à 2 026 dollars la tonne, en hausse de 8,4% sur un mois et en baisse de 2,7% sur un an. Le cours de l’acier est très fluctuant s’établit à 620 dollars la tonne le 22/07/2016 contre 580 dollars la tonne le 19/07/2016 et 449 dollars les douze derniers mois. Aussi, face à ces fluctuations importantes des prix et à cette importante production mondiale de fer et de l’acier dans le monde avec l’accélération des produits de substitution, quelle place pour l’Algérie ? Après une augmentation de 50% au 1er choc pétrolier de 1974 (influence du coût de l’énergie, charbon surtout), nous assistons à une baisse régulière par effet d’échelle, progrès techniques (maîtrise de l’énergie) et de productivité. et depuis la crise économique de 2008, et qui se fait toujours sentir. Les prévisions 2016/2020 de la banque mondiale et du FMI ne sont guère optimistes surtout avec la relative récession chinoise et également avec les vagues d’attentats terroristes et le retrait de la Grande Bretagne de l’Europe. Selon Morgan Stanley « le climat dans la sidérurgie chinoise continue de se détériorer » En cause, une croissance faible de la demande dans le secteur immobilier et les infrastructures, les plus gros acheteurs d’acier. Les aciéries chinoises absorbent 70 % de la demande mondiale du minerai acheminé par mer. Leur production risque d’être très ralentie pendant les deux années à venir, estime Jefferies. Ce qui va logiquement freiner la demande de minerai. « La principale question est : jusqu’où les prix peuvent-ils baisser, alors que 300 millions de tonnes supplémentaires vont submerger le marché entre le troisième trimestre 2015 et le premier trimestre 2017 » selon Morgan Stanley. Plusieurs observateurs experts internationaux en la matière sont convaincus, que la tonne de fer pourrait valoir moins de 50 dollars en 2017. Or l’exploitation du fer de Gara Djebilet qui ne débutera pas avant 2018/2019 si les investissements d’accompagnement sont réalisés entre temps, nécessitera de grands investissements dans les centrales électriques, des réseaux de transport, du fait de l’éloignement des sources d’approvisionnement, une utilisation rationnelle de l’eau qui fait défaut d’éviter la détérioration de l’environnement et surtout une formation pointue ( a t- on préparé la formation) et là on revient à la ressource humaine, pilier de tout processus de développement. Par ailleurs, il faut éviter les déclarations euphoriques. Si les données s’avèrent vérifiées, 2500 millions de tonnes sur des réserves mondiales de 85.000 millions de tonnes donnent une part pour l’Algérie de 2,9% des réserves mondiales. Mais il faut être réaliste les données comptables ne pas elles pompeuses données par certains officiels et là il faut être réaliste. La valeur vénale au cours du marché de l’ensemble du stock de fer (estimons le à 2,5 milliards de tonnes) au prix constant 2016 de 60 dollars la tonne , 2500 millions de tonnes multiplié par 60 dollars nous donnera pour une exportation brute d’environ 150 milliards de dollars restant un profit net de 75 milliards de dollars restant à l’Algérie pour 51% environ 39 milliards de dollars pour tout le stock et moins de 36 milliards de dollars au cours de 50 dollars. Pour une exportation brute de 3 millions de tonnes /an donner, nous aurons un chiffre d’affaire au cours maximum de 60 dollars la tonne de 180 millions de dollars auquel il faudra retirer 50% de charges ( le cout d’exploitions est très élevé) restant 90 millions de dollars à se partager selon la règle des 49/51%, restant à l’Algérie 46 millions de dollars et moins de 42 millions de dollars au cours de 50 dollars. Et même si on exportait 9 millions de tonnes /an, le profit net pour l’Algérie ne dépasserait pas 150 millions de dollars/an. .
5.-Tout responsable peut se tromper mais la pire erreur est de continuer dans l’erreur, pouvant occasionner des pertes au pays en dizaines de milliards de dollars. Aussi l’on devra avoir un langage de vérité et dresser un bilan sans complaisance pour se corriger. J’ai eu souvent à le répéter dans les colonnes du site maghrebemergent : il y a lieu d’éviter toute vision de sinistrose, beaucoup de réalisations depuis l’indépendance politique mais des corrections s’imposent pour le redressement national, l’Algérie recelant d’importantes potentialités. Nous ne sommes plus à la période des années 1970 et surtout que le prix du pétrole sera bas pour longtemps du fait des nouvelles mutations énergétiques mondiales, s’orientant vers un MLIX énergétique. Aussi, il s’agit d’éviter de dépenser sans compter, et avoir une autre vision de la politique industrielle s’insérant dans le cadre d’une vision stratégie globale se fondant sur des réformes structurelles nécessaires touchant impérativement tous les secteurs. Et ce afin de s’adapter aux nouvelles filières mondiales en perpétuelles évolutions poussées par l’innovation devant créer un observatoire stratégique d’analyse au temps réel des conjonctures boursières journalières, hebdomadaires, mensuelles et annuelles, rôle de l’Etat régulateur si les opérateurs algériens de pénétrer le marché mondial. Pour la filière sidérurgique contrôlée par quelques firmes, aucune société étatique ou privée algérienne seule ne le pourra, il faut être réaliste, la seule solution étant un partenariat gagnant/ gagnant avec les firmes de renom qui contrôlent les segments du marché international qui n’accepteront pas la règle restrictive des 49/51% avec les lourdeurs bureaucratiques, la souplesse et les décisions du temps réel qui régissent le commerce international. Pour preuve , après d’autres rapports montrant les contraintes au niveau du climat des affaires, après celles de l’Allemagne, la Grande Bretagne, la France , les USA, la déclaration du 22 juillet 2016 de responsables italiens souhaitant un assouplissement de la règle des 49/51% notamment pour les PMI/PME, alors que le Ministre de l’Industrie promet paradoxalement son extension dans la future loi de finances 2017, dans son rapport sur l’investissement dans le monde publié le 22 juillet 2016 , la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), le rapport relève pour l’Algérie une baisse des entrées des investissements directes étrangers en 2015 par rapport à l’année 2014. Le stock d’IDE sortants s’est chiffré à 1,8 milliard dollars à fin 2015 contre 1,5 milliard dollars en 2010 représentant principalement des investissements du groupe Sonatrach à l’étranger. Ces déclarations de partenaires clefs de l’Algérie et les derniers rapports internationaux contredisent les discours de l’actuel Ministre de l’Industrie N’existant pas de situation statique, toute Nation qui n’avance pas recule forcément, le Ministre de l’Industrie doit éclairer le gouvernement et l’opinion publique de plus en plus sceptique face à la chute du cours du pétrole représentant avec les dérivées plus de 97% des exportations totales (voir notre contribution sur www.maghrebemergent.com):
– dresser le bilan de la règle des 49/51% de 2009 à ce jour,
– indiquer clairement comment il compte pénétrer le marché international,
– comment ces différents projets évalués à des dizaines de milliards de dollars sont synchronisées au sein des filières locales pour le marché intérieur et des filières internationalisées pour l’exportation,
-e n fonction des différentes variantes des choix d’investissement, combien de temps le retour d’investissement,
– combien ses projets coutent et combien cela rapporte en termes au pays devant dresser les balances technologique et en devises nettes et non pas en données de chiffre d‘affaires de peu de signification.
– Combien ont couté toutes ces études cumulées et l’étude de faisabilité étant prévue seulement fin 2017, quant entrera concrètement en production le fer de Gara Djebilet et quel est le bilan devises projeté : 2018-2020 ?
– et en conclusion comment il compte réduire la facture d’importation de 30 milliards de dolalrs d’ici trois/quatre ans selon ses propres déclarations ?
L’activisme ayant des limites, le cas contraire, ces projets disparates sans cohérence, accéléreront à terme l’épuisement des réserves de change et auront avec des impacts mitigés, réitérant l’expérience malheureuse des industries industrialisantes des années 1970 (Voir audit réalisé sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul avec des cadres du secteur et experts algériens sur le bilan de l’industrialisation 1965/1980 pour le compte du comité central du FLN – MIE Alger- 1979/1980). Il y va de la sécurité nationale car sans véritable développement et sans marge financières, l’insécurité s’accroit forcément. Existant des compétences locales, connaissant le terrain, l’université de Béchar devrait être associée à l’évaluation de ce projet. Grace à un renouveau de la gouvernance et surtout un renouveau culturel, l’Algérie, j’en suis convaincu, réalisera une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales. [email protected]
(*)-Le professeur Abderrahmane MEBTOUL est docteur d’Etat en sciences économiques (1974) et expert comptable de l’Institut supérieur de gestion de Lille (1973). Il a été directeur d’études au Ministère Industrie/Energie 1974/1979-1990/1995-2000/2007, auteur de nombreuses contributions, ouvrages et membre de plusieurs institutions internationales.