Le déficit de la balance commerciale de l’Algérie a été fortement réduit durant le premier trimestre 2017, mais le forcing du gouvernement pour faire baisser les importations débouche sur des résultats controversés.
Déficit de la balance commerciale réduit de plus de moitié, mais quasi-stagnation des importations : les résultats du commerce extérieur de l’Algérie durant le premier semestre 2017 sont mitigés, loin des objectifs fixés par le gouvernement, malgré une pression continue pour réduire les importations.
Selon des résultats publiés par les douanes algériennes et cités par l’APS, le déficit commercial de l`Algérie a baissé de 54.15% au premier semestre 2017 comparé à la même période de 2016, pour s’élever à 4,84 milliards de dollars, contre 10,57 milliards en 2016.
Ce très bon résultat est atténué par la difficulté de faire baisser les importations. Celles-ci se sont élevées à 22,98 milliards de dollars contre 23,89 milliards durant la même période de 2016, soit une baisse de 3,8% seulement. L’objectif affiché par l’ancien premier ministre Abdelmalek Sellal était de ramener les importations à 35 milliards de dollars sur l’année.
Au total, les importations sont couvertes par les exportations à hauteur de 79%, contre 56% en 2016. A ce rythme, le déficit commercial s’établirait autour de dix milliards de dollars cette année, auquel il faudra ajouter un déficit de la balance des paiements légèrement supérieur.
Hausse des exportations
Avec un baril légèrement au-dessus de 50 dollars, le gouvernement espérait arriver à équilibrer la balance commerciale, ou, à défaut, à ramener le déficit à un seuil supportable. L’écart entre le résultat obtenu et les prévisions s’élève à près de cinq milliards sur un semestre.
Le résultat du premier semestre 2017 a été également favorisé par une hausse des exportations, qui ont enregistré un bond de 36.2% pour atteindre 18,14 milliards de dollars, contre 13,32 milliards sur la même période de 2016. Mais c’est là un terrain qui échappe à l’emprise du gouvernement, car totalement dépendant du prix du baril. Celui-ci s’est nettement raffermi depuis la réunion de l’OPEP fin novembre 2016, avant de connaitre une nouvelle déprime depuis un mois, repassant sous la barre des 50 dollars. Jeudi dernier, le brent avait brièvement repassé au-dessus des 52 dollars, avant de perdre plus de deux dollars en quelques heures.
Importations différées
Les effets collatéraux de la baisse du déficit commercial sont nombreux et contradictoires. Le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a annoncé de nouvelles restrictions, interdisant l’importation de certains produits. L’administration et les banques se font plus regardantes sur le contenu et la valeur des achats. Le gouvernement a même annoncé une coopération avec les fournisseurs traditionnels de l’Algérie, pour vérifier les prix des produits achetés, et enquêter sur les risques de sufacturation. Le gouvernement refuse cependant d’agir à la source de cette manne, la surévaluation du dinar.
En parallèle, certaines importations ont été reportées, déstabilisant le marché interne, tout en annonçant un second semestre plus difficile. Ainsi, les licences pour l’importation de véhicules automobiles n’ont toujours pas été accordées pour 2017, ce qui risque de faire basculer sur le second semestre l’ensemble des importations de l’année en véhicules automobiles.
Il y a de la marge
Le gouvernement reste toutefois convaincu que le pays est loin d’avoir atteint un seuil d’importations incompressibles. Signe encourageant pour lui, l’activité ne s’est particulièrement ressentie de la baisse des importations. Il pense donc disposer d’une marge significative, entre gaspillages, surcoûts, et produits non indispensables susceptibles d’être bannis.
Selon l’Office National des Statistiques, le PIB de l’Algérie a connu une hausse de 3.7% au premier trimestre 2017 comparé à la même période de 2016. Mais cette croissance était essentiellement tirée par les hydrocarbures, avec un bond de 7.1%. La croissance hors hydrocarbures s’est limitée à un petit 2.8%. Ce qui montre la limite de la marge dont dispose le gouvernement.